jeudi, mars 28, 2024
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Arrestation d’un milliardaire iranien dans la guerre des clans

CNRI – Le procureur général des mollahs, Mohsen Eje’i, a annoncé le 30 décembre l’arrestation du milliardaire iranien Babak Zanjani, selon l’agence de presse Irna aui précise qu’il a été transféré à la prison d’Evine.

Selon les observateurs, l’arrestation de cet homme d’affaires controversé est le signe de l’âpreté de la lutte intestine que se livrent les factions du régime depuis l’élection de juin. La semaine dernière, plusieurs députés du Majlis ont dénoncé le fait que Babak Zanjani soit toujours en liberté malgré « au moins deux condamnations par la justice ». Ce dernier a rétorqué sur sa page Facebook en se décrivant comme un « milicien économique » et en expliquant que « j’ai consacré ma vie, mon honneur et mes efforts pour la prospérité du pays et pour défendre la ligne du Guide suprême ».

Le nom de ce jeune homme d’affaires iranien, qui a amassé un colossal capital financier en peu de temps grâce à un vaste réseau de relations tissé avec les plus hautes autorités du régime, a émergé à maintes reprises ces dernières années dans divers dossiers de délits économiques, sans toutefois jamais être inquiété.

Babak Zanjani a été placé en avril 2013 sur la liste noire du Trésor américain qui l’accuse d’avoir été le cerveau d’un réseau de mouvements de pétrole et d’argent au profit du régime, avec l’aide d’une société suisse et d’une banque en Malaisie, pour contourner les sanctions. L’Union européenne avait pris des mesures contre cet homme d’affaires dès décembre 2012.

Dans une récente interview avec l’agence de presse ISNA, Zanjani s’est vanté de posséder « 64 sociétés iraniennes et étrangères et d’employer quelque 17 000 salariés dans des activités commerciales et dans le secteur des services en Iran et dans le monde ».

Il s’est défendu d’avoir été impliqué dans la vente de pétrole, affirmant n’avoir agi qu’à la demande de la Compagnie nationale iranienne de Pétrole, pour aider à transférer l’argent de la vente du brut iranien. Réitérant son rôle de « soldat milicien du front économique », Zanjani a insisté avoir agi « en toute transparence » sous le contrôle de l’ancien ministre du Pétrole et des autres responsables du régime.

Il y a trois mois, Bijan Zangueneh, l’ancien ministre du Pétrole, avait déclaré que Zanjani n’avait pas voulu verser dans les caisses de l’État quelque deux milliards de pétrodollars et que le Parlement et le ministère du Pétrole avaient décidé d’ouvrir une enquête à ce sujet. Ce dernier a expliqué n’avoir pu faire ce versement parce que son compte avait été bloqué par les Américains.

Le nom de Babak Zanjani a également fait surface dans le rapport d’enquête du Majlis sur l’Organisation de l’Assurance sociale, publié il y a trois semaines. Le rapport pointe que l’accord entre cette organisation et la société « Sorinet », de Babak Zanjani, sur la vente des actions de l’Assurance sociale dans 138 sociétés iraniennes en échange de 4 milliards d’euros, souffre de « plusieurs lacunes juridiques ».

Selon le rapport du Majlis, il était également prévu que l’Organisation de l’Assurance sociale procède à la mise en vente de ses sociétés déficitaires. Pourtant, plusieurs d’entre elles, notamment les compagnies pétrochimiques d’Abadan et d’Amir Kabir étaient rentables. D’autres grandes sociétés, comme la Compagnie aérienne de la République islamique,  la Société d’aciérie du Khousistan, la Société d’aciérie Mobarakeh d’Ispahan, la Société de cuivre Chahid Bahonar de Kerman, la Société maritime de la République islamique et la chaîne d’hôtellerie Homa, faisaient parties des sociétés dans lesquelles l’Organisation de l’Assurance sociale possédait des actions et devaient être vendues à la Sorinet.

Selon des médias iraniens, Zanjani a également été impliqué dans des ventes d’or par la Turquie à l’Iran, une affaire qui a déclenché une vaste enquête pour corruption et éclaboussé le Premier ministre Recep Tayyip Ergodan.