Maryam Akbari Monfared a été arrêtée en 2009 et détenue à l’isolement pendant les 43 premiers jours et a refusé tout contact avec ses proches pendant quatre mois. Les conditions de sa détention se sont aggravées encore en 2016 après qu’elle eut écrit une lettre ouverte pour porter une plainte officielle auprès des instances internationales contre les violations des droits humains par le régime iranien.
La lettre soulignait que deux de ses frères et sœurs– un frère et une sœur – avaient été exécutés par le régime à l’été 1988 dans le cadre d’un massacre de prisonniers politiques qui a fait plus de 30 000 morts. Après avoir présenté divers détails de ces meurtres, Maryam Akbari Monfared a exhorté les autres familles des victimes du massacre à se joindre à elle pour exiger que ses auteurs soient identifiés et poursuivis.
To Stop Executions in Iran Permanently, World Should Hold Mullahs to Account for 1988 Massacre
Dans une seconde plainte le 30 octobre 2016, Maryam Akbari Monfared a fait appel à une enquête sur l’affaire. En réponse, le régime l’a accusée de «diffamer l’islam» en attirant l’attention sur les crimes du régime théocratique. En prison sa situation s’est aggravée et elle a fait l’objet d’une «action urgente» d’Amnesty International.
En plus d’attirer l’attention sur l’isolement excessif de la détenue et le manque d’accès à un avocat pendant sa détention, la campagne d’Amnesty a souligné que Maryam Akbari Monfared s’était vu refuser toutes les demandes de congé médical de prison, malgré la nécessité d’un traitement spécialisé polyarthrite rhumatoïde et des problèmes de thyroïde. Bien que des rendez-vous pour un tel traitement aient été préalablement programmés, les autorités les ont annulés après avoir explicitement déclaré que ses protestations avaient été «trop effrontées».
Pour la même raison, la prison d’Evine a interrompu toutes les visites familiales et tous les appels téléphoniques pour Maryam Akbari Monfared tandis que la justice menaçait de porter de nouvelles accusations contre elle. Ces tactiques de pression ont été répétées en 2018 contre elle et contre deux autres prisonnières politiques – Golrokh Ebrahimi Iraei et Atena Daemi – après que les trois se soient regroupées pour protester contre la soumission à des interrogatoires illégaux.
La perspective de nouvelles accusations est particulièrement menaçante alors que Maryam Akbari Monfared approche de la fin de sa peine de 15 ans. Le pouvoir judiciaire du régime iranien a une longue histoire de prolongation arbitraire des peines d’emprisonnement une fois qu’elles ont techniquement atteint leur fin, soit en obtenant de fausses nouvelles condamnations, soit simplement en refusant la libération du prisonnier sans explication.
Selon Amnesty International et d’autres défenseurs des droits humains, la condamnation de Maryam Akbari Monfared reposait principalement sur le fait qu’elle avait téléphoné à des frères et sœurs survivants qui vivent en exil et sont des membres de l’Organisation des Moudjahidine d’Iran (OMPI-MEK), le principal groupe d’opposition iranien.
Ce sont des liens avec l’OMPI qui ont incité le régime à exécuter son frère et sa sœur en 1988. Deux autres frères ont été tués dans les années 80, dont l’un est mort sous la torture. Lorsque le tribunal révolutionnaire de Téhéran a condamné Mme Monfared en mai 2010, c’était pour «inimitié contre Dieu», un terme étroitement associé au massacre de 1988 et régulièrement utilisé pour justifier la peine capitale pour les membres de l’OMPI et d’autres groupes pro-démocratie.
Ces faits soulignent le danger que Maryam Akbari Monfared fasse l’objet de poursuites supplémentaires à la suite de ses protestations. Ils soulignent également le courage de cette dernière qui n’a pas cédé à ses convictions et n’a pas retiré sa plainte contre le régime. Cela a fait d’elle une cause célèbre parmi les militants de l’opposition iranienne et un sujet de préoccupation aussi pour sa sécurité.
Avec la pression continue et la répression des prisonniers politiques en Iran, il est temps que les pays occidentaux et en particulier l’UE arrêtent leur politique de complaisance envers le régime iranien et fassent pression pour libérer les prisonniers politiques et accepter que les organes internationaux puissent visiter les prisons iraniennes. Les pays européens doivent clarifier que toute relation avec le régime est conditionnelle au respect des droits de l’Homme du peuple iranien.