Le 15 septembre, Mahsa Amini, une jeune fille de 22 ans, a perdu la vie après avoir été sévèrement battue alors qu’elle était détenue par la police des mœurs pour ne pas avoir été « correctement voilée ». La mort tragique de Mahsa n’est que la partie émergée de l’iceberg des conditions de vie insupportables des femmes en Iran sous le régime misogyne.
Un récent rapport publié par l’Iran Human Rights Society (IranHRS), révèle des informations accablantes sur la condition déplorable des femmes détenues dans la prison de Qarchak à Varamin, près de Téhéran. La prison, qui est elle-même un lieu pour punir les prisonniers, possède une subdivision pour punir plus sévèrement les détenues.
« Si les prisonnières désobéissent aux règles de la prison, elles sont transférées au sanatorium d’Aminabad. Les condamnés à mort sont exécutés en secret, les prisonniers meurent de faim et souffrent d’un manque d’hygiène », peut-on lire dans le rapport.
Le rapport provient d’une ancienne prisonnière de Qarchak, qui a récemment quitté l’Iran, et qui a partagé son horrible expérience. Elle a déclaré : « Après un mois ou deux à Qarchak, vous oubliez qu’autrefois vous aviez une vie ordinaire ! Là-bas, vous vivez une vie primitive ».
La survivante souligne que la prison de Qarchak est un grand entrepôt habitable transformé en prison.
« Les pratiques ordinaires, comme couper les cheveux, sont interdites et considérées comme un crime à la prison de Qarchak. De nombreux détenus ont été punis en étant envoyés à Aminabad ou en étant placés en isolement sur de longues périodes. »
« En août 2021, une dame a escaladé les barbelés et s’est mise à hurler à l’agonie, disant qu’elle voulait se tuer. Ils avaient exécuté son fils le matin même, et son mari était dans le couloir de la mort. Elle a été condamnée à 17 ans de prison et a dû rester en prison pendant neuf autres années. Elle avait perdu tout espoir après la mort de son fils. Les gardiens l’ont emmenée et les responsables de la prison ont dit qu’elle avait été libérée. Mais ils l’avaient envoyée à Aminabad« , peut-on lire dans le rapport.
Selon ce prisonnier, la nourriture est également très rare dans la prison de Qarchak. « Les prisonniers sont toujours affamés. La ration du dîner de chaque prisonnier est un œuf dur congelé, un tiers de pomme de terre et un morceau de pain. Les détenus qui ne reçoivent pas d’aide de l’extérieur ne peuvent rien acheter. »
Mais ceux qui achètent des denrées alimentaires n’ont pas une meilleure situation, car ils ne peuvent pas cuisiner. « La prison n’a pas de cuisinière ou d’installations de cuisson. De ce fait, les détenus qui achètent des conserves sont obligés de les manger sans les faire bouillir. Par conséquent, beaucoup d’entre eux souffrent de diverses maladies. »
Selon ce rapport, alors que les femmes de Qarchak sont privées d’infrasctructures d’hygiène minimales, prendre un bain est également une autre forme de torture.
« La prison de Qarchak ne dispose pas d’eau potable. Il s’agit littéralement d’eau de chaux. En prenant un bain, l’eau à basse pression sort de la douche comme de la craie blanche. Parfois, l’eau est si chaude que la peau des prisonniers se couvre de cloques et parfois si froide que c’est insupportable. »
Parallèlement, « de nombreux toxicomanes et sans-abri de cette prison souffrent de diverses maladies infectieuses. Beaucoup d’entre eux apportent des poux avec eux en prison. Mais il n’y a aucun moyen de se soigner pour eux, et les autres souffrent aussi beaucoup de ce problème. »
« La situation sanitaire dans la prison de Qarchak est désastreuse. Si une prisonnière a une maladie aiguë après minuit, ils la transfèrent à peine à l’hôpital. Il n’y a pas de médicaments à l’hôpital. Et sa pharmacie est vide« , précise le rapport.
Selon la prisonnière récemment libérée, « les femmes incarcérées qui sont enceintes et ont fait une fausse couche en raison des conditions difficiles de la prison ont été maltraitées et privées de soins médicaux. Si elles parlaient, elles étaient agressées ».
La prison de Qachak est, en effet, le « No Man’s land » où les femmes détenues « n’existent même pas. » « Nous n’avions pas le droit de protester. Les gardes réprimaient brutalement quiconque faisait une grève de la faim. Ils emmènent la prisonnière dans des cellules d’isolement. Les cellules d’isolement sont de petites pièces crasseuses de 2×1 mètres où il faut s’accroupir pour tenir.
Le rapport ajoute qu’il y a de nombreux « condamnés à mort, et chaque jour quatre à cinq d’entre eux sont pendus. Mais la nouvelle de ces exécutions n’est pas divulguée au monde extérieur. »
Certaines des victimes sont des femmes pauvres qui ont été forcées de faire passer de la drogue pour leurs maris violents et ont été prises avec de la drogue et vont maintenant être pendues. De nombreuses détenues se suicident, mais personne n’entend parler de leur situation.
La misogynie dominante en Iran considère les femmes comme des créatures inférieures et, tout comme au Moyen Âge, les femmes ne jouissent d’aucun droit en Iran.
Qu’il s’agisse d’asperger le visage des femmes d’acide, de les arrêter, de les torturer, de les violer ou de les tuer, les mollahs n’ont reculé devant aucune mesure pour réprimer les femmes. Dans son rapport du 8 mars 2021, le Rapporteur spécial pour l’Iran, Javaid Rahman, a dénombré les épreuves subies par les femmes iraniennes, légalisées par le régime.
« Il existe une discrimination flagrante dans la loi et la pratique iraniennes qui doit changer. Dans plusieurs domaines de leur vie, notamment le mariage, le divorce, l’emploi et la culture, les femmes iraniennes sont soumises à des restrictions ou ont besoin de la permission de leur mari ou de leur tuteur paternel, ce qui les prive de leur autonomie et de leur dignité humaine », peut-on lire dans le rapport.
Malgré la répression du régime, les femmes iraniennes font preuve d’une détermination croissante non seulement pour obtenir l’égalité de statut en Iran, mais aussi pour jouer un rôle de premier plan dans la lutte du peuple pour la démocratie. Les femmes de la Résistance iranienne sont à la tête du mouvement. Lors des grandes manifestations iraniennes de ces dernières années, de courageuses femmes iraniennes étaient en première ligne, à la tête de leurs compatriotes.
Les actions courageuses des femmes iraniennes correspondent vraiment à ce que le célèbre écrivain et poète français Lous Aragorn a dit un jour : « Les femmes sont l’avenir de l’humanité. »