mardi, juin 24, 2025
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L’effondrement économique de l’Iran se dirige vers une éruption politique

L'effondrement économique de l'Iran se dirige vers une éruption politiqueDe toute évidence, l’Iran entre dans une phase périlleuse. La flambée des prix, l’effondrement des services publics et le désespoir croissant des travailleurs, des agriculteurs et des retraités ne sont plus seulement des rumeurs de rue : ils résonnent dans les couloirs étroitement surveillés du parlement du régime. Alors que les responsables s’accrochent aux slogans de « progrès » et de « résilience », le discours interne révèle une peur croissante : le délabrement socio-économique de l’Iran entraîne le régime vers une crise qu’il ne peut ni contenir ni récupérer.

Réduction des subventions, hausse de la pauvreté
Autrefois considérées comme les piliers du pacte populiste du régime, les subventions sur les produits essentiels disparaissent. Un nouveau système de tarification de l’essence à trois niveaux devrait faire grimper les prix à 20 000 tomans le litre, soit plus de six fois le tarif subventionné le plus bas. L’agence de presse Rokna justifie cette hausse par une mesure de lutte contre la contrebande de carburant, mais les Iraniens se souviennent trop bien de l’origine des manifestations meurtrières de novembre 2019.

Les prix de l’électricité flambent également. Arman-e Emrooz, un quotidien affilié à l’État, a confirmé que les tarifs de l’électricité augmenteraient jusqu’à 83 %, alourdissant le fardeau des familles déjà accablées par l’inflation, le chômage et les dysfonctionnements économiques.

Le Parlement murmure ce que crie la rue
Les fissures internes du régime ont été pleinement révélées lors d’une session parlementaire le 22 avril, lorsque Moslem Salehi a vivement critiqué la mauvaise gestion du gouvernement : « Les industries ferment. Les agriculteurs sont ruinés. Nous avons conditionné l’accès au carburant à des traceurs GPS pour tracteurs, tandis que 20 à 30 millions de litres de diesel sont passés en contrebande chaque jour, depuis nos propres raffineries !»

Ses propos ont déchaîné une frustration plus profonde que bureaucratique : ils ont révélé une crainte croissante pour la survie du régime. « Les agriculteurs ne sont pas des contrebandiers », a-t-il ajouté d’un ton sec. « Arrêtez de punir les pauvres.» Il s’agissait moins d’une expression de solidarité que d’un avertissement : le système perd le contrôle des périphéries.

Ces propos trahissent une inquiétude plus profonde quant à la survie du régime, et non une compassion pour les pauvres. Ils reflètent la crainte que des décennies de négligence, l’aggravation de la sécheresse et la flambée des prix des services publics n’alimentent bientôt des troubles plus larges dans les provinces marginalisées d’Iran.

À Ispahan, les tarifs des transports publics ont été discrètement augmentés : les tickets de bus coûtent désormais en moyenne 3 650 tomans, les courses de taxi 8 500. Le porte-parole du conseil municipal, Ali Salehi, a justifié ces augmentations en affirmant que les citoyens doivent « assumer une partie du fardeau ». Mais le message était clair : les citoyens doivent payer davantage, car le régime ne peut plus tenir le coup.

La crise de l’eau devient existentielle
L’aggravation de la crise de l’eau en Iran souligne à quel point l’effondrement environnemental se transforme rapidement en un problème de sécurité nationale. Le député Mohammad Jamalian a averti le 23 avril : « Nous sommes confrontés à un élément plus vital que jamais, un élément qui, s’il est négligé, dégénérera en une crise sécuritaire, sociale et économique. » Il a appelé le gouvernement à adopter d’urgence une stratégie nationale de sécurité hydrique fondée sur des données scientifiques, des prévisions climatiques et une collaboration interinstitutionnelle. Son appel, loin d’être empreint de compassion, reflétait l’inquiétude croissante au sein de l’establishment face à la mauvaise gestion des ressources de base, qui pourrait aggraver les troubles publics dans des régions déjà agitées.

Parallèlement, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance économique de l’Iran de seulement 0,3 % pour cette année, avec une inflation atteignant 43,3 %. Le FMI impute la responsabilité aux sanctions, aux inefficacités structurelles et à l’échec des réformes – une condamnation implicite d’un régime incapable ou peu disposé à agir.

Il ne s’agit pas de crises isolées. De l’essence et de l’électricité à l’alimentation, en passant par les transports et l’eau, ce qui semblait autrefois être des échecs économiques distincts convergent désormais vers un bilan politique singulier.

Un régime à court de temps et de tactiques
Malgré les slogans d’« économie de résistance » et d’« autosuffisance », les dirigeants iraniens ne disposent ni des outils économiques ni de la volonté politique nécessaires pour éviter la catastrophe. À leur place, les dirigeants religieux se sont tournés vers la diversion : ils ont mis en avant des figures de l’opposition approuvées par l’État, ont lancé des campagnes culturelles et ont fait des ennemis étrangers des boucs émissaires.

Mais aucune de ces tactiques ne masque la réalité : le régime dirige une économie en ruine et une société de plus en plus rebelle.

Si l’histoire nous guide, l’effondrement économique en Iran reste rarement uniquement économique. Il devient politique, puis explosif. La véritable question n’est plus de savoir si les troubles reviendront, mais quand, quelle sera l’ampleur et la profondeur de la prochaine vague.