jeudi, juillet 17, 2025
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L’économie iranienne est-elle au bord de l’effondrement ?

L'économie iranienne est-elle au bord de l'effondrement ?

 

 

 

 

 

 

 

 

L’un détient des rials iraniens, l’autre des dollars américains, illustrant ainsi le profond fossé entre l’économie iranienne en difficulté et les valeurs de référence mondiales.

Sept années consécutives d’inflation à deux chiffres, dépassant chacune 30 %, ont conduit l’économie iranienne à un tournant critique. L’inquiétude croissante des économistes et de la société civile soulève une question urgente : l’économie iranienne est-elle en train de s’effondrer ?

Cette inquiétude s’est amplifiée dans un contexte de turbulences croissantes sur les marchés des changes et de l’or, conjuguées à la stagnation des secteurs productifs iraniens. L’anxiété économique s’est aggravée, non seulement parmi les experts, mais aussi dans toute la société iranienne, alors que la vie quotidienne devient de plus en plus inabordable.

Une crise d’inflation persistante

Selon le Centre statistique iranien, le taux d’inflation annuel en 2024 s’élevait à 32,5 %. Il s’agit de la septième année consécutive d’inflation supérieure à 30 %, bien au-delà de la fourchette à deux chiffres déjà préoccupants. Depuis la révolution de 1979, l’Iran a enregistré une inflation à un chiffre en seulement quatre ans. Les années suivantes, l’inflation a fluctué entre 10,4 et 49,4 %. Il convient de noter que le Centre statistique est une institution gouvernementale, qui a tendance à minimiser les problèmes économiques.

Pour comprendre l’ampleur de la crise, l’inflation doit être examinée parallèlement à d’autres indicateurs cruciaux : expansion des liquidités, croissance de la base monétaire, stagnation du PIB et aggravation des déséquilibres commerciaux. Ensemble, ils dressent le portrait inquiétant d’une économie profondément déséquilibrée et instable.

Le coût humain de l’effondrement

Les effets de cette mauvaise gestion économique sont particulièrement visibles sur les marchés des matières premières et des actifs, des secteurs qui impactent directement la vie quotidienne des citoyens. Les prix des denrées alimentaires, du logement et des transports ont grimpé en flèche, plongeant des millions de personnes dans la pauvreté.

Certains analystes évoquent un effondrement économique imminent. D’autres mettent en garde contre une possibilité encore plus dangereuse : un effondrement social et économique simultané. Alors que les prix continuent de grimper jusqu’en 2025, rappelant l’hyperinflation observée au Venezuela ou les économies en temps de guerre, l’idée d’un effondrement économique n’est plus spéculative ; elle est de plus en plus probable.

Enraciné dans un dysfonctionnement systémique

La spirale inflationniste et les distorsions du marché sont les symptômes d’une crise plus profonde. Les problèmes économiques de l’Iran ne sont pas seulement techniques, ils sont structurels et politiques. À la base se trouve un système de gouvernance dysfonctionnel qui n’a pas su s’adapter aux réalités modernes.

Des années de stagnation dans l’élaboration des politiques économiques ont rendu les solutions traditionnelles inefficaces. La situation actuelle ne peut être résolue par des réformes progressives ou des ajustements technocratiques. Le déséquilibre est devenu si profond et complexe qu’il défie les solutions économiques conventionnelles.

En ce sens, la crise iranienne est « métaéconomique ». Les racines se trouvent dans la structure politique générale : rigidité des politiques macroéconomiques, indécision et réticence à entreprendre des réformes fondamentales. Les décideurs politiques manquent à la fois des outils et de l’autorité nécessaires pour engager des changements significatifs, car les décisions cruciales restent centralisées et idéologiquement limitées, notamment par l’engagement du régime envers son programme nucléaire et sa politique étrangère conflictuelle.

Une nation en déclin

De récents reportages des médias d’État iraniens donnent un aperçu de la gravité de la crise. De la pénurie de logements à la montée du sans-abrisme, en passant par la flambée des prix de la nourriture et des transports, les signes de désintégration économique sont omniprésents.

Tejarat News, un média affilié à l’État, a signalé une nouvelle tendance inquiétante sur le marché immobilier de Téhéran : la vente et la location de toits d’immeubles en unités résidentielles indépendantes. Une annonce de ce type, sur le populaire site de petites annonces Divar, proposait le toit d’un immeuble du quartier de Khak Sefid pour la somme faramineuse de 3,75 milliards de tomans, sous prétexte qu’il était accompagné d’un permis de construire pour une construction de deux étages.

Pendant ce temps, la crise du pain s’aggrave. Selon Asr-e Iran, un porte-parole de la Chambre des métiers a reconnu que le prix du pain allait bientôt augmenter. Avec la réduction des subventions d’assurance pour les boulangers par le gouvernement et la hausse du prix de la farine et des autres ingrédients, les boulangers sont pris au piège : confrontés à des coûts croissants et contraints de vendre à des prix fixes et obsolètes.

Dans le secteur des transports, Bahar News a signalé un doublement du prix des pneus, passant de 15 à 30 millions de tomans. Le prix des véhicules neufs varie désormais entre 60 000 et 80 000 dollars, ce qui pousse de nombreux chauffeurs routiers à risquer des milliards de tomans de capital simplement pour opérer sur l’infrastructure routière iranienne en déclin.

Un pays à la croisée des chemins

L’ensemble de ces évolutions ne témoigne pas seulement d’une économie défaillante, mais aussi d’une société en chute libre. Des millions d’Iraniens ont vu leur pouvoir d’achat s’évaporer. Les produits de première nécessité deviennent des luxes. L’espoir s’érode.

L’effondrement économique de l’Iran n’est peut-être plus une question de « si », mais de « quand ». À moins que la racine du problème – le régime lui-même – ne soit résolue.