jeudi, octobre 10, 2024
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Le journal Kayhan rappelle à Pezeshkian qui a le dernier mot sur le GAFI en Iran

Dans une démonstration frappante de la dynamique du pouvoir au sein du régime iranien, le quotidien Kayhan, dont les lignes éditoriales sont dirigées par le guide suprême Ali Khamenei, a récemment adressé une sévère réprimande à Masoud Pezeshkian après ses remarques sur l’adhésion potentielle de l’Iran au Groupe d’action financière (GAFI). Pezeshkian, qui se présente comme un réformiste mais reste dévoué à Khamenei, a suggéré que Téhéran devrait rejoindre le GAFI pour résoudre ses problèmes économiques et s’engager auprès de la communauté internationale. Ses déclarations sont tombées à point nommé avant son voyage aux États-Unis pour la 79e session de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU), où il vise probablement à vendre une image modérée du régime au monde.

Kayhan n’a pas perdu de temps pour démonter la rhétorique de Pezeshkian. Dans un éditorial intitulé « Un croyant n’est pas mordu deux fois dans le même trou », le journal lui a rappelé – ainsi qu’au public – que les questions d’État comme le respect du GAFI ne sont pas du ressort des échelons inférieurs de la hiérarchie politique. L’article a souligné que ces questions cruciales restent entre les mains de Khamenei.

Si les commentaires de Pezeshkian peuvent sembler être un appel à des réformes économiques, Kayhan a clairement indiqué que ses déclarations font partie d’une stratégie bien rodée utilisée par les initiés du régime pour se faire remarquer devant les audiences internationales.

Le Kayhan a également souligné les échecs des efforts internationaux précédents du régime, en particulier sous l’administration Rohani. Comme l’affirme le quotidien, le gouvernement de Rohani, malgré la mise en œuvre de 37 des 41 recommandations du GAFI – « un record qu’aucun autre pays membre du GAFI n’avait égalé » – n’a vu aucun avantage réel. Le journal se moquait des promesses de Rohani selon lesquelles le JCPOA entraînerait une croissance économique, des investissements et la création d’emplois, le citant en 2015 : « Les sanctions oppressives doivent être levées pour que les investissements viennent, que l’environnement soit réparé, que l’emploi des jeunes soit résolu et même nos problèmes d’eau potable soient résolus. »

Pourtant, l’éditorial soulignait qu’aucune de ces promesses ne s’était concrétisée. Il citait l’ancien ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, qui avait déclaré en 2017 : « Nous ne pouvons même pas ouvrir un compte bancaire au Royaume-Uni », et avait admis en 2019 que « les ventes de pétrole de l’Iran avaient diminué par rapport aux niveaux d’avant le JCPOA ». L’éditorial rappelait également aux lecteurs la déclaration du gouverneur de la Banque centrale Valiollah Seif en 2017, lorsqu’il avait admis que l’accord nucléaire n’avait apporté « presque aucun avantage économique » à l’Iran. Le coup de grâce est venu d’Abbas Araghchi, alors négociateur en chef du JCPOA, qui a déclaré en 2018 : « L’Iran n’a presque rien gagné de l’accord nucléaire. »

En ce qui concerne le gouvernement actuel, Kayhan a félicité l’administration Raisi pour avoir restauré des milliers d’unités de production et lancé des projets d’eau à grande échelle, sans avoir besoin de se conformer au GAFI ou au JCPOA. Le journal a affirmé que malgré les sanctions en cours, le gouvernement de Raisi a revitalisé l’économie iranienne grâce à « des efforts de jour comme de nuit », sans s’appuyer sur des accords internationaux.

Le message de l’éditorial à Pezeshkian était clair : les décisions concernant le GAFI ne lui appartiennent pas, et suggérer le contraire n’est qu’un « spectacle politique ». Malgré ses tentatives de se présenter comme un nouveau visage à Téhéran, Pezeshkian, perpétuel conformiste au sein du régime clérical, reste résolument fidèle à un Guide suprême dont l’approche du monde est uniquement ancrée dans l’agression et la confrontation.