
Un récent rapport du Centre de recherche du Parlement iranien a révélé la détérioration alarmante du Fonds national de développement iranien (FND), une institution initialement créée pour garantir la stabilité économique future du pays. Autrefois présenté comme « le moteur du développement durable » et un mécanisme essentiel de financement de projets macroéconomiques par le biais de prêts au secteur privé, le Fonds est aujourd’hui devenu une entité vide de sens, dépourvue de fonction, de supervision et de finalité.
Aucun transfert de revenus pétroliers depuis 2023
Selon le rapport parlementaire, pas un seul dollar de la part légale des revenus pétroliers du FND n’a été déposé sur son compte depuis début 2023. Alors que la loi iranienne impose qu’une partie des revenus des exportations de pétrole, de gaz, de condensats de gaz et de produits pétroliers soit transférée directement au Fonds, en réalité, tous ces revenus transitent par la Banque centrale et sont simplement enregistrés sur papier. Par conséquent, le Fonds ne détient aucun actif liquide réel et ne joue pratiquement aucun rôle dans le financement des initiatives de développement ni dans la résilience économique.
Iran’s regime taps into the National Development Fund in fear of imminent uprisings https://t.co/bT6Ax7M1Jf
— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 8 septembre 2024
Un Fonds national de développement épuisé
Créé pour préserver une partie des richesses pétrolières du pays pour les générations futures, le Fonds national de développement a été conçu pour fonctionner comme un fonds souverain. Il visait à promouvoir l’équité intergénérationnelle en investissant les revenus pétroliers dans des projets productifs à long terme.
Cependant, sur les plus de 155,6 milliards de dollars qui auraient dû être légalement transférés au FND depuis sa création, une grande partie n’a jamais été versée, ou a été détournée sous couvert d’« emprunts publics », souvent sans aucune documentation officielle de la dette. Cela signifie que le régime a systématiquement érodé un fonds censé servir de tampon budgétaire et de catalyseur du développement, remplaçant sa mission à long terme par des opportunismes politiques à court terme.
Abus structurels et soutien budgétaire
Le rapport détaille comment la Banque centrale, sous la pression du régime pour stabiliser la monnaie et combler les déficits budgétaires, a puisé à plusieurs reprises dans les réserves du FND, les utilisant pour combler les déficits budgétaires au lieu de les investir dans le développement national à long terme. Selon le rapport, la croissance nominale du solde du Fonds est largement fictive : elle ne se reflète que dans les états comptables plutôt que dans les actifs réels.
En pratique, le Fonds est devenu un outil de manipulation des taux de change à court terme par le régime, ce qui porte atteinte à sa crédibilité et à sa mission principale. Ce détournement non seulement réduit l’efficacité du Fonds, mais aggrave encore la mauvaise gestion économique du régime.
Un historique de défauts de paiement et de mauvaise gestion
L’analyse des performances du Fonds constitue un avertissement sévère. Fin décembre 2023, 132 milliards de dollars de ses ressources avaient été dépensés, dont environ 85 milliards alloués directement au financement public, ce qui contredit le rôle initial du Fonds, qui est de soutenir les secteurs non gouvernemental et privé. Seuls 37 milliards de dollars ont été versés aux secteurs privé et public non gouvernemental.
Le remboursement des prêts dresse un tableau encore plus sombre. Sur les 36,5 milliards de dollars de prêts accordés, seuls 8 milliards ont été remboursés, ce qui signifie que près de 68 % des prêts sont en défaut. En comparaison, les taux de défaut mondiaux des fonds souverains s’élèvent en moyenne à environ 6 %. Ce taux élevé de défaillance reflète de graves défaillances dans l’évaluation du crédit, les pratiques de prêt et les mécanismes de surveillance du Fonds.
À ces inquiétudes s’ajoute le taux de rendement annuel des investissements du Fonds, qui serait inférieur à 1 %, ce qui témoigne d’une absence quasi totale de gestion d’actifs professionnelle, de vision stratégique et de planification financière à long terme.
D’un actif stratégique à une coquille vide
Le rapport conclut en des termes alarmants : le Fonds national de développement n’est plus un stabilisateur économique ni un moteur d’investissement durable. Il a été réduit à une institution inefficace, non opérationnelle et dénuée de vision, incapable de remplir son mandat légal ni de protéger la richesse nationale du pays.
Des observateurs économiques indépendants ont fait écho à des préoccupations similaires. Le média économique public Eco Iran avait précédemment rapporté que près de 63 % des ressources du FND avaient été retirées sous le faux prétexte de soutenir le secteur non gouvernemental, alors qu’en réalité, elles étaient détournées vers les dépenses du régime. Cela représente environ 101 milliards de dollars détournés du Fonds, érodant encore davantage sa crédibilité et ses capacités.
Dans un nouveau coup dur, Ali Khamenei, le guide suprême du régime, a autorisé le retrait de 10 milliards de dollars supplémentaires du Fonds en 2025 pour couvrir un déficit budgétaire croissant, privilégiant une fois de plus la survie immédiate du régime à la prospérité à long terme du pays.
Pourquoi le Fonds national de développement est important
Les fonds souverains comme le FND sont conçus pour préserver les richesses en ressources naturelles d’un pays et les convertir en capital productif et durable pour les générations futures. Pour les pays riches en ressources, ces fonds sont essentiels pour gérer la volatilité des marchés des matières premières, amortir les chocs externes et financer les infrastructures, l’éducation et l’innovation.
Dans le cas de l’Iran, le pillage du Fonds national de développement compromet la perspective même d’équité intergénérationnelle, ce qui signifie que les jeunes et les futurs citoyens du pays hériteront de ressources épuisées, d’institutions délabrées et d’un modèle économique défaillant. Tant que le régime corrompu des mollahs perdurera, l’Iran risque un avenir de stagnation économique prolongée, d’inégalités croissantes et de dépendance croissante à des politiques extractives à court terme qui ne profitent qu’à l’élite dirigeante du régime.