mercredi, novembre 12, 2025
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Iran : Le scandale d’Aseman Airlines

Iran : Le scandale d'Aseman Airlines
L’effondrement d’Aseman Airlines, des milliards de dollars détournés des fonds de pension, 28 avions cloués au sol

Un article du quotidien iranien Farhikhtegan révèle l’effondrement d’Aseman Airlines : des milliards de dollars détournés des fonds de pension, 28 avions cloués au sol et une privatisation corrompue d’une valeur de 855 milliards de tomans.

Le 27 septembre 2025, le quotidien d’État Farhikhtegan a publié un rapport accablant dénonçant l’ampleur de la mauvaise gestion et de la corruption chez Aseman Airlines, l’une des plus grandes compagnies aériennes iraniennes. Ces révélations offrent un aperçu saisissant de l’effondrement général de l’économie iranienne, où les richesses publiques sont gaspillées, les fonds des retraités pillés et des industries vitales menacées par la corruption et l’incompétence du régime.

Au cœur du scandale se trouve le ministre des Affaires sociales, Ahmad Meydari, qui a publiquement admis :

« Nous payons 200 milliards de tomans chaque mois, prélevés sur l’argent des retraités, juste pour couvrir les salaires de cette entreprise, qui emploie 700 employés pour un avion.»

Cette déclaration extraordinaire souligne l’ampleur de la crise. Aseman emploie 2 500 personnes, mais n’exploite que trois avions en service, tandis que 28 appareils sont cloués au sol en raison de pièces manquantes ou de restrictions réglementaires. Selon Farhikhtegan, l’entreprise possède officiellement 45 avions, mais la plupart sont inutilisables. Six appareils sont démontés pour récupérer des pièces détachées, 15 ne peuvent pas voler faute de composants, et deux Boeing 727 vieillissants sont définitivement cloués au sol.

De leader régional à symbole de décadence
Aseman figurait autrefois parmi les principales compagnies aériennes d’Asie. En 2022, elle se classait au troisième rang des transporteurs iraniens, derrière Iran Air et Mahan Airlines. Mais des années de mauvaise gestion et de corruption l’ont ravagée. Même les statistiques officielles révèlent aujourd’hui un effondrement financier.

Farhikhtegan note que le résultat d’exploitation d’Aseman est passé de 177 millions de dollars en 2011 à seulement 46 millions de dollars en 2023, soit une baisse de 74 % après ajustement de la dépréciation monétaire. La compagnie aérienne ne parvient pas à couvrir ses dépenses quotidiennes, malgré les milliards injectés par l’État et les fonds de pension. Comme l’a admis Meydari :

« Cette compagnie, qui figurait autrefois parmi les plus importantes d’Asie, ne peut aujourd’hui même plus couvrir ses dépenses courantes. Y injecter des centaines de millions de dollars ne fonctionnera plus.»

Cette déclaration d’un haut ministre du régime équivaut à un aveu de faillite systémique.

Une privatisation fictive
Plus alarmante encore est la tentative du régime de privatiser Aseman, qui s’apparente à une nouvelle vente au rabais frauduleuse. En vertu du septième plan de développement du régime, les fonds de pension sont tenus de céder les entreprises valorisées à moins de 855 milliards de tomans. Farhikhtegan soulève une question cruciale : le régime prétend-il réellement qu’Aseman, une entreprise possédant l’un des plus grands hangars d’Iran, des hôtels, des biens immobiliers de grande valeur et des dizaines d’avions, a une valeur inférieure à ce seuil ?

Un expert interrogé par le journal a averti :

« Si Aseman est valorisée à moins de 855 milliards de tomans, ce sera une catastrophe. La compagnie aérienne possède le plus grand hangar de maintenance aéronautique d’Iran, des hôtels, des terrains de grande valeur et au moins 17 à 20 avions pouvant être remis en service. »

Le rapport indique qu’Aseman possède des actifs, dont huit bâtiments à Qeshm et deux terrains à Rasht et Robat Karim, dont certains n’ont même pas été officiellement transférés au nom de l’entreprise. Vendre une telle entreprise pour une fraction de sa valeur réelle équivaudrait à un pillage massif.

Échos de Haft-Tappeh
L’article de Farhikhtegan alerte ouvertement sur le fait que le processus de privatisation est mené sans la supervision d’institutions de contrôle telles que la Cour des comptes, l’Organisation pour la privatisation ou l’Inspection. Au lieu de cela, ce sont des conseils internes liés au ministère des Affaires sociales qui dirigent le processus. Le quotidien prévient que cette approche chaotique pourrait donner naissance à de « nouveaux Haft-Tappeh » – une référence à la tristement célèbre vente d’une usine de canne à sucre, devenue un symbole de privatisation corrompue et d’exploitation des travailleurs.

Les soi-disant « acheteurs » suscitent déjà des soupçons. Parmi eux :

  • Karun Airlines, une petite compagnie aérienne en difficulté ;
  • Homa Group, une petite société de services d’assistance en escale sans lien avec Iran Air ;
  • La société de forage Katkan Asaluyeh, inactive depuis sept ans ;
  • Un individu ayant envoyé une note manuscrite promettant de « former ultérieurement un consortium » ;
  • Une filiale d’une entité parapublique liée au régime.

Comme le conclut Farhikhtegan, la plupart de ces acheteurs présumés n’ont pas les capacités financières ou techniques nécessaires pour gérer une compagnie aérienne. Leur confier Aseman reviendrait à jeter l’entreprise « du puits à la fosse ».

Le pillage du régime au détriment du peuple
Les révélations de ce journal d’État sont extraordinaires, non pas parce qu’elles révèlent quelque chose de nouveau ; le peuple iranien est depuis longtemps au courant du régime.