L’économie iranienne croupit sous le poids d’un déficit budgétaire chronique et croissant, une plaie purulente infligée par des décennies de mauvaise gestion et de corruption du régime clérical. Loin d’être un simple problème comptable, ce déficit est un indicateur clair d’une défaillance systémique, alimentant une inflation galopante, creusant les inégalités et poussant les structures financières du pays au bord du gouffre. Les rapports officiels dressent un tableau sombre, prévoyant un déficit sans précédent avoisinant les 1 800 000 milliards de tomans pour l’année iranienne 1404 (mars 2025-mars 2026), signalant une crise ancrée dans des échecs politiques passés que le régime ne semble pas disposé à corriger.
Face à cet énorme déficit, le régime recourt à des mesures désespérées et destructrices. L’une de ses principales tactiques consiste à emprunter massivement par la vente d’obligations. En 2024, les ventes d’obligations ont atteint un niveau record de plus de 380 000 milliards de tomans. Cependant, cela ne fait que repousser la date butoir : 300 000 milliards de tomans de ces obligations, plus les intérêts, arrivent à échéance cette année, ce qui plonge le gouvernement dans un cercle vicieux d’emprunts supplémentaires pour rembourser ses dettes passées. Selon Massoud Roghani Zanjani, ancien directeur de l’Organisation de la planification et du budget, cette stratégie entraîne inévitablement des déséquilibres dans le système bancaire, des poussées de liquidités et le double fléau de l’inflation et de la stagnation économique.
Imprimer de la monnaie : un accélérateur d’inflation
Lorsque l’emprunt ne suffit plus, le régime a recours à la planche à billets. L’expert budgétaire Mohammad Hossein Memarian prévoit que même si le déficit de 2025 est contenu à 500 000 milliards de tomans, il sera en grande partie couvert par la « monétisation », c’est-à-dire la planche à billets. La conséquence directe, comme l’a confirmé l’ancien gouverneur de la Banque centrale, Akbar Komijani, est une inflation accrue (le FMI prévoyant déjà 43,3 % en 2025) et un effondrement de la monnaie nationale, compromettant tout potentiel de stabilité économique.
Les racines de ce déficit paralysant sont profondément ancrées dans la structure corrompue et inefficace du régime. Un facteur important est le phénomène décrit par l’économiste Ahmad Hatami-Yazd comme « l’épuisement budgétaire », où des sommes considérables sont allouées à des institutions culturelles obscures et à d’autres organisations liées à l’élite dirigeante. Ces entités ne fournissent souvent aucun service tangible ni aucune responsabilité, drainant les caisses de l’État à des fins improductives. Hatami-Yazd souligne que cette question est ignorée depuis quatre décennies, le gouvernement et le Majlis (Parlement) créant des obligations financières colossales sans garantir de véritables sources de financement. À cela s’ajoute la mauvaise allocation délibérée des ressources par le régime, qui détourne des fonds destinés à des projets cruciaux d’infrastructures et de développement (actifs immobilisés) vers le service de la dette et le comblement de déficits budgétaires immédiats (actifs financiers).
Une analyse plus approfondie révèle que 51 % des revenus pétroliers iraniens sont détournés vers des entités non productives, notamment le bureau du Guide suprême (Beit-e Rahbari), l’aventurisme international du CGRI par l’intermédiaire de la Force terroriste Al-Qods et le vaste appareil de répression intérieure, privant le pays des ressources nécessaires à un véritable progrès.
Les banques au bord du gouffre
Les conséquences de ce déficit chronique et des méthodes de financement du régime sont dévastatrices pour le peuple iranien. L’impression monétaire incessante alimente l’hyperinflation, décimant le pouvoir d’achat des citoyens ordinaires et plongeant davantage de familles dans la pauvreté, tout en enrichissant paradoxalement les détenteurs de capitaux, creusant ainsi le fossé social déjà profond. Le système financier lui-même est soumis à une pression immense ; les banques sont mises sous pression par des achats obligatoires d’obligations et des prêts dirigés, ce qui entraîne de graves déséquilibres et une augmentation des découverts.
La dépendance aux ressources bancaires est illustrée de manière frappante par les 358 000 milliards de tomans d’accords d’achat sur le marché libre enregistrés en mars 2025. En fin de compte, le déficit paralyse la production nationale et alimente la stagnation économique. Comme l’a souligné Rouhani Zanjani, un budget incapable de mobiliser et d’allouer correctement les ressources est intrinsèquement inefficace, freinant le développement, alimentant le désespoir des producteurs, augmentant la corruption et érodant la confiance du public dans le système économique.
Le déficit budgétaire iranien est bien plus qu’un déséquilibre fiscal ; il est la conséquence logique d’un régime prédateur et incompétent qui privilégie sa survie et son enrichissement au bien-être national. Des décennies d’avertissements d’experts sur la nécessité de réformes structurelles, de transparence et de priorité au développement ont été ignorées. Le recours du régime à des mesures palliatives comme l’emprunt et la planche à billets ne fait qu’accélérer l’effondrement économique. Tant que les mollahs resteront au pouvoir, aucune véritable reprise économique ne sera possible. Ce cycle destructeur ne pourra être rompu qu’en démantelant l’appareil corrompu.
Cela ouvrira la voie à une alternative démocratique axée sur la reconstruction de l’économie iranienne au bénéfice de son peuple.