mardi, juin 24, 2025
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Comment la corruption et la mauvaise gestion ont démantelé le bien-être des ménages iraniens

Comment la corruption et la mauvaise gestion ont démantelé le bien-être des ménages iraniens

Au cours des deux dernières décennies, les ménages iraniens ont connu une érosion constante de leur bien-être économique. Si l’inflation et les mauvaises politiques publiques sont souvent citées comme les principales causes, une analyse plus approfondie révèle que la corruption systémique et la mauvaise allocation chronique des ressources ont gravement compromis la prospérité publique.

Baisse des revenus, hausse des prix

L’indice de bien-être Sen, qui mesure à la fois le revenu et sa répartition, n’a cessé de baisser. De 2002 à 2021, selon les données officielles, l’indice de bien-être des ménages urbains a diminué en moyenne de 1,5 % par an, tandis que celui des ménages ruraux a été plus défavorable, avec une baisse annuelle de 3,7 %. Malgré la croissance du revenu nominal, les revenus et les dépenses réelles ont tous deux diminué, érodant la capacité de consommation et le niveau de vie.

Selon les chiffres officiels de l’État, l’indice des prix à la consommation a bondi de 2 289 % au cours de cette période, tandis que les revenus urbains nominaux ont augmenté de 2 287 %. Cependant, les revenus réels n’ont pas suivi le rythme. Les ménages urbains ont enregistré une baisse de 26,8 % de leurs dépenses réelles sur la période, tandis que les ménages ruraux ont subi des contractions encore plus marquées. Compte tenu de la sensibilité politique et des pratiques de reporting en Iran, la détérioration réelle du niveau de vie pourrait être encore plus grave que ne le suggèrent ces chiffres. Les données soulignent une perte importante de pouvoir d’achat, malgré une augmentation des revenus.

Corruption et mauvaise allocation

La mauvaise gestion financière a aggravé la situation économique. En 2024, il a été révélé que la Banque Karafarin avait émis 147 prêts importants totalisant près de 3 000 milliards de tomans, dont plus de 2 200 milliards de tomans classés comme « prêts non performants ». PetroTar Offshore, par exemple, a reçu des prêts importants alors qu’elle n’avait aucune activité commerciale visible. « Aujourd’hui, cette entreprise n’a montré aucun signe d’activité », ont rapporté les médias iraniens.

La corruption s’est étendue aux services publics. Mahmoud Mirlohi, ancien conseiller municipal de Téhéran, a accusé l’administration du maire Zakani d’avoir détourné environ 150 000 milliards de tomans. « Ni la flotte de bus n’a été modernisée, ni de nouvelles rames de métro ajoutées », a-t-il déclaré. Malgré un budget colossal, même les salaires des élus municipaux ont été retardés, soulevant de vives interrogations quant à la disparition de fonds.

En 2024, la radiotélévision publique iranienne IRIB a reçu un budget de 43 000 milliards de tomans, soit l’équivalent des budgets de dix grands ministères réunis. Comme l’a déploré Hamid Mirzadeh, ancien président de l’université Azad, « les politiques de l’IRIB ne reflètent pas la volonté de la majorité, ce qui entraîne un déplacement de l’autorité médiatique hors du pays.»

L’ampleur de la mauvaise gestion financière est stupéfiante. Selon l’administration fiscale iranienne, environ 7 000 milliards de tomans de crédit ont été injectés dans l’économie en une seule année. Pourtant, le « manque d’accès aux ressources financières » est resté une des principales plaintes des producteurs iraniens. « Malgré l’injection de ces énormes ressources, elles n’ont pas atteint leurs objectifs », ont reconnu les responsables.

Effondrement et conséquences

Le résultat était prévisible : fuite des capitaux, effondrement des investissements du secteur privé, creusement des inégalités entre zones rurales et urbaines et forte fuite des cerveaux. Mehdi Toghyani, vice-président de la Commission économique du Parlement, a souligné : « Une économie instable, où l’inflation et les taux de change fluctuent constamment, éloigne les investisseurs des secteurs productifs.»

La baisse persistante du bien-être des ménages iraniens ne peut s’expliquer uniquement par des facteurs macroéconomiques. La corruption généralisée, la mauvaise gestion inconsidérée et la mauvaise allocation systématique des ressources nationales ont gravement affaibli les fondements économiques de l’Iran. Sans réformes profondes de la gouvernance et du système financier, la tendance à la baisse du bien-être ne fera que s’accentuer, menaçant non seulement la stabilité économique, mais aussi le tissu social lui-même.