Chaque fois que le principal mouvement de Résistance iranien, l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI), fait des progrès dans la campagne visant à renverser la théocratie meurtrière au pouvoir en Iran, l’« érudit » autoproclamé de l’AEI (American Enterprise Institute), Michael Rubin, radote comme un perroquet les mêmes allégations calomnieuses, colportées à bon marché du ministère du Renseignement des mollahs (Vevak), et déjà démystifiées en 2006 et 2011.
Se débattant dans leur réalité alternative, Rubin et ses « analystes » peuvent s’énerver autant qu’ils le veulent, mais la portée et la force de l’OMPI continuent de croître, en particulier en Iran. Même si Rubin est à vendre, les faits ne le sont pas.
En effet, ses balivernes farfelues, telles que le mensonge selon lequel les dirigeants de l’OMPI « gouvernent avec une main de fer », proviennent de sa colère intense concernant la cohésion et l’unité organisationnelles soutenues de l’OMPI, qui à leur tour émanent précisément des relations internes profondément démocratiques de l’organisation.
Contrairement aux rêves chimériques de Rubin, apparus dans ses précédents écrits, l’OMPI non seulement n’est pas tombée dans l’oubli, mais plus que jamais, elle est perçue comme un acteur important de la politique iranienne et comme l’antithèse des extrémistes au pouvoir en Iran.
Il est intéressant de souligner que M. Rubin s’est inspiré du régime iranien, dont le ministère des Affaires étrangères a lancé une attaque frénétique contre les centaines de dignitaires étrangers participant au Sommet mondial pour un Iran libre 2021. Il suffit de lire la publication désespérée des Ayatollahs le 10 juillet : « Des politiciens occidentaux achetés (y compris #LyingCheatingStealing Pompeo) se vendent à bas prix pour un cirque organisé en Europe par une secte terroriste autrefois soutenue par Saddam avec du sang iranien sur les mains. »
La jérémiade de Rubin reprend pratiquement le même langage. Il accuse plus de 1 000 éminents fonctionnaires et membres du Congrès, actuels et anciens, d’avoir été achetés par l’OMPI. Et, tout comme les responsables du régime, il accuse l’OMPI d’être une « secte » que le peuple iranien « méprise … pour s’être rangée du côté de l’Irak. »
Ce n’est pas une coïncidence si pratiquement tous les médias officiels en Iran accueillent sans réserve et publient les colonnes de mensonges de Rubin. Le quotidien Kayhan, porte-voix du Guide Suprême, n’a pas perdu de temps pour reproduire l’article de Rubin en deuxième page de son édition du 19 juillet.
Comme il est moralement odieux de se ranger du côté de l’opération d’influence de la théocratie au pouvoir contre d’éminentes personnalités internationales dont les carrières impeccables et l’intégrité parlent d’elles-mêmes !
Rubin fait clairement office de baromètre de la corruption. Les sources de son vitriol et de sa croisade obsessionnelle pour diaboliser l’OMPI restent obscures.
Ses articles, étrangement synchronisés avec les opérations d’influence du régime, fournissent à ce dernier une bouée de sauvetage dont il a désespérément besoin, en particulier à un moment où Téhéran a choisi un nouveau président qui est universellement condamné pour son rôle dans le massacre odieux de 1988.
Personne ne sait ce que Rubin a fait lorsqu’il a vécu et « étudié » en Iran dans les années 1990. Néanmoins, son relai persistant des insultes que les services de Renseignement de Téhéran diffusent soulève certainement quelques questions.
En juillet 2017, dans une interview accordée à une chaîne de télévision affiliée à l’État, l’ancien ministre iranien du Renseignement, Ali Fallahian, s’est vanté : « Il est évident que nous n’envoyons pas un agent en Allemagne ou en Amérique pour lui dire, par exemple, ok, je suis un agent du ministère du Renseignement. … Il est évident qu’il travaillerait sous le couvert d’affaires ou d’autres emplois, notamment celui de journaliste. »
Le 19 janvier 2021, les autorités américaines ont arrêté Kaveh Afrasiabi l’accusant d’être un « agent non enregistré du gouvernement iranien. » Pendant de nombreuses années, Afrasiabi a fait du lobbying auprès de responsables américains, publié des livres et des articles en faveur de l’agenda politique du régime des mollahs, tout en étant secrètement employé par la mission du régime auprès des Nations Unies. L’une des principales missions d’Afrasiabi était de diaboliser l’OMPI, en utilisant presque exactement le même vocabulaire que celui utilisé par Rubin.
Le 5 juillet 2010, un journal canadien a écrit que le chef d’un groupe de réflexion « s’est vu offrir 80 000 $ … pour publier un article sur l’OMPI. Téhéran essaie d’amener les autres pays à étiqueter l’organisation comme une secte terroriste ».
Une fois que les mollahs seront renversés, et que les archives du VEVAK seront rendues publiques, on en saura plus sur les autres personnes que les ayatollahs avaient engagées comme rédacteurs fantômes.
La critique du régime par Rubin ne séduit personne. Le Vevak a régulièrement demandé à ses propagandistes de s’exprimer contre la théocratie dans 80 % des cas, mais de dénigrer l’opposition principale dans les 20 % restants.
De nombreux écrivains pro-régime identifiés critiquent les mollahs plus que ne le fait Rubin, afin de donner de la crédibilité à leurs attaques contre l’OMPI.
Cela dit, Rubin est la dernière personne sur terre à mettre en doute l’intégrité de ceux qui ont pris le parti de la Résistance iranienne depuis plus d’une décennie. À l’époque où Ahmad Chalabi, la figure de l’« opposition démocratique » préférée de Rubin, était embourbé dans des scandales de corruption, Rubin le défendait à tout bout de champ, comme dans cet article de Commentary : « Chalabi était-il corrompu ? Il n’a pas détourné des milliards… C’était un homme d’affaires, et il a peut-être parfois brouillé les pistes quant à l’interaction entre la position politique et l’opportunité commerciale. »
Rubin lui-même n’est pas non plus imperméable à la controverse. En 2006, le New York Times a rapporté qu’il avait indûment caché une affiliation et un financement d’un entrepreneur privé en Irak. « Normalement, lorsque je voyage, je reçois le remboursement de mes dépenses, y compris un per diem et/ou des honoraires », a déclaré Rubin. Le Times ajoute : « Mais M. Rubin n’a pas voulu commenter davantage le montant de ces paiements qu’il a pu recevoir. »
D’autres controverses pointent du doigt ses actions douteuses, notamment celles concernant ses activités pour les EAU, la Somalie et la Turquie. En 2016, selon des articles de presse, des organisations de défense des droits humains comme Amnesty International se sont demandées si Rubin avait été payé par les EAU pour écrire un article diabolisant un dissident émirati.
Alors, avant d’accuser les autres de corruption, peut-être Rubin devrait-il se regarder dans le miroir ?
Quant à la popularité de l’OMPI dans son pays, la participation en ligne de 1 000 membres des Unités de Résistance de l’intérieur de l’Iran au Sommet mondial Iran Libre 2021 discrédite davantage un propagandiste déjà disgracié comme Rubin.
Il suffit de se poser la question suivante : si l’OMPI est réellement sans importance, comme Rubin le prétend depuis au moins 15 ans, pourquoi alors le régime a essayé de bombarder ses rassemblements en Albanie et en France en 2018, en utilisant un ambassadeur et un diplomate en poste ?
L’ « ambassadeur » a été expulsé d’Albanie, et le « diplomate » a été condamné pour terrorisme en Europe et passera 20 ans dans une prison belge, le premier jugement de ce type dans l’histoire moderne de l’Europe. C’est au fruit que l’on juge l’arbre.
Ali Safavi (@amsafavi) est membre de la Commission des affaires étrangères du Conseil national de la résistance iranienne, basé à Paris.