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Téhéran estime que le tribunal suédois s’est écarté de la voie prévue et profère des menaces terroristes

Téhéran estime que le tribunal suédois s'est écarté de la voie prévue et profère des menaces terroristes
Protestation contre le procès de Hamid Nouri en Suède-août-2021

Le procès de Hamid Nouri, ancien gardien de prison et tortionnaire impliqué dans le massacre de prisonniers politiques en 1988, est devenu un défi politique et juridique important pour le régime iranien. Un rapport d’une agence de presse affiliée aux Gardiens de la révolution (pasdaran) suggère que le régime avait initialement certaines attentes à l’égard de ce tribunal. Cependant, avec l’implication active de l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI) dans l’affaire, le régime a perçu un « changement de trajectoire », ce qui a suscité son indignation. Le rapport indique aussi ouvertement que Téhéran menace de mener des opérations terroristes contre des individus sur le sol européen.

Dans un article publié le 14 novembre, l’agence de presse Fars a multiplié les menaces et accusé la Suède de soutenir le terrorisme,

« 1416 jours d’isolement [pour Hamid Nouri], la tenue d’une session du tribunal en Albanie, la modification du cours de l’affaire par rapport au plaignant initial (Iraj Mesdaghi), et l’implication directe des hypocrites (expression péjorative des mollahs pour désigner les membres de l’OMPI) dans la prise de contrôle de l’affaire, et… ce ne sont que des exemples des actions politiques du gouvernement suédois dans cette affaire. Mais quelle est la raison principale de ce changement d’approche de la Suède ?

Le régime des mollahs utilise le terme « hypocrites » depuis quatre décennies pour discréditer l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI) au sein de la société iranienne. Iraj Mesdaghi est un agent de renseignement de Téhéran qui se présente comme un fervent opposant au régime, à l’instar d’autres éléments de renseignement et d’infiltration de ce régime opérant dans les pays occidentaux. Cependant, son objectif principal est d’attaquer l’OMPI. Il attire également l’attention des médias et des groupes de réflexion occidentaux.

Cependant, il est extrêmement surprenant qu’un régime, qui n’a officiellement pas reconnu le tribunal de Stockholm dès le départ, ait eu des attentes spécifiques concernant les procédures judiciaires et leur progression. En outre, l’accent mis sur le rôle d’Iraj Mesdaghi et le fait de reprocher au tribunal suédois d’avoir détourné l’attention de Mesdaghi sont tout à fait surprenants. L’agence de presse Fars reconnaît également clairement le rôle central de l’OMPI et souligne que le régime n’avait pas anticipé son implication dans l’affaire. Selon le porte-parole des pasdaran, l’Organisation a maintenant modifié la trajectoire de la procédure judiciaire.

Le rapport révèle un deuxième point saisissant vers sa conclusion. L’agence de presse Fars, mentionnant une tentative d’assassinat en Espagne contre l’ancien premier vice-président du Parlement européen, le professeur Alejo Vidal Quadras, transmet un message menaçant en utilisant un langage inversé :

« Le gouvernement espagnol devrait éviter de participer au scénario douteux des hypocrites (membres de l’OMPI). Malgré les efforts et le soutien des services de sécurité suédois, les hypocrites, confrontés à leur échec dans l’affaire Hamid Nouri, ont concocté le scénario de l’assassinat d’Alejo Vidal Quadras. Cet incident a mis en péril la crédibilité du gouvernement espagnol. L’Espagne doit comprendre que le fait d’accueillir des hypocrites ou d’être impliqué dans leurs complots aura de graves répercussions. »

Contrairement aux attentes de Téhéran, le système judiciaire indépendant de la Suède a traduit Hamid Nouri en justice dans le cadre d’une procédure légale refusée aux 30 000 prisonniers politiques du massacre de 1988. Grâce à cette procédure légale, les juges et les procureurs suédois ont reconnu les principales victimes de ce massacre et le rôle de l’OMPI.

Le plan du régime visant à impliquer Iraj Mesdaghi dans ce processus, tel qu’exposé dans le rapport numéro 3 du 27 juillet 2021 du Secrétariat du Conseil national de la Résistance iranienne, est un plan extrêmement complexe élaboré par les services de renseignement du régime.

En substance, le régime visait à déployer Iraj Mesdaghi pour perturber le procès de Hamid Nouri et saper la campagne internationale en faveur de la justice pour les victimes du massacre de 1988. Mesdaghi, en se présentant comme une figure clé du procès et en choisissant des plaignants aux témoignages douteux, a cherché à soutenir le plan du régime. Cependant, cette stratégie s’est effondrée lorsque d’anciens prisonniers, des membres de l’OMPI et des preuves substantielles présentées par l’organisation ont démantelé les efforts de Téhéran.

Même si Hamid Nouri n’occupe pas une position aussi élevée dans le régime iranien actuel que des personnalités comme le président Ebrahim Raïssi, l’importance de ce procès réside dans ses implications plus larges, marquant la fin potentielle de l’impunité pour les dirigeants du régime et 44 ans de crimes contre l’humanité.

En réaction aux procédures judiciaires impartiales et professionnelles en Suède, le régime iranien a eu recours à diverses tactiques, notamment des opérations de renseignement, des manœuvres politiques et même des prises d’otages impliquant des ressortissants étrangers.

Le comportement de Hamid Nouri pendant le procès suggère qu’il n’avait aucune chance d’échapper au jugement du tribunal. Sa seule option était de faire preuve de loyauté envers le régime, avec l’espoir qu’une négociation entre Téhéran et Stockholm pourrait modifier son calvaire.

La question cruciale qui se pose aujourd’hui est la suivante : Les autorités diplomatiques et exécutives de la Suède, de l’Espagne et d’autres pays européens donneront-elles la priorité à leur mission principale, qui est d’assurer la sécurité et de défendre les droits de leurs citoyens, ou céderont-elles aux menaces posées par l’État qui soutient le plus activement le terrorisme ?