Dans un aveu rare, Majid Ansari, l’adjoint présidentiel de Masoud Pezeshkian aux affaires juridiques, a reconnu le 11 novembre que de puissants groupes profitant des ventes de VPN travaillent activement pour empêcher tout assouplissement de la censure d’Internet en Iran. « Les gens sont obligés de compter sur les vendeurs de VPN qui font des profits exorbitants, empêchant tout changement significatif », a déclaré Ansari à ISNA. Cet aveu met en lumière une industrie de profiteurs de la censure opérant sous la surveillance du régime, profitant directement de la lutte du public pour accéder à l’Internet libre.
Pourtant, cette critique ne signale pas un véritable soutien au droit des citoyens à l’information libre. Au lieu de cela, des responsables comme Ansari et le conseiller aux affaires sociales Ali Rabiei répondent à la pression croissante d’un public mécontent, de plus en plus frustré par les coûts et les difficultés imposés par la censure. Rabiei a récemment souligné le coût annuel d’un milliard de dollars des restrictions d’Internet pour les Iraniens, citant des inquiétudes quant aux « conséquences sociales ».
#Iran News in Brief
MP Javad Nikbin admits that the clerical regime not only imposes political restrictions through #internet censorship but also benefits economically from it.
He stated in a TV interview, “I believe and say it explicitly that the authors of internet censorship… pic.twitter.com/oSGV4ensuh— NCRI-FAC (@iran_policy) 8 novembre 2023
Malgré les promesses de campagne de Masoud Pezeshkian de mettre fin aux politiques restrictives d’Internet, il n’a pris aucune mesure significative. La position de son administration reflète la détermination du régime à maintenir un contrôle strict sur les flux d’informations. Les remarques d’Ansari révèlent les motivations sous-jacentes du régime : les responsables craignent les implications politiques d’informations non filtrées et considèrent l’accès libre à l’information comme une menace pour leur autorité. Le guide suprême Ali Khamenei a systématiquement condamné ce qu’il appelle la nature « incontrôlée » d’Internet, présentant la censure comme une question de sécurité nationale.
L’hypocrisie du gouvernement est encore plus mise en évidence par la déclaration du député conservateur Mehrdad Lahouti selon laquelle « tous les fonctionnaires de l’État et les membres du Parlement utilisent les VPN gratuitement, mais les citoyens ordinaires sont obligés de payer pour cela ». Cet accès sélectif à un Internet non censuré démontre que les politiques de censure de l’État ne sont pas axées sur l’intérêt national, mais sur le maintien du contrôle et l’isolement des Iraniens des réseaux d’information mondiaux.
Les politiques de censure de l’État ont été très rentables pour les acteurs liés au régime. Des membres du Parlement comme Javad Nikbin et Gholamreza Nouri Ghazalcheh ont révélé publiquement le rôle des personnalités pro-filtrage dans le commerce des VPN en Iran. Nikbin a décrit un « marché bien organisé » dans lequel « les mêmes personnes qui rédigent les politiques de filtrage sont souvent celles qui profitent des ventes de VPN ». Ces déclarations montrent de plus en plus clairement que le marché des VPN n’est pas une opération de marché noir mais un réseau semi-officiel qui profite des difficultés publiques.
Le 24 octobre, en réponse au sentiment anti-censure, des factions extrémistes ont organisé un rassemblement en faveur de la censure, appelant au maintien des restrictions sur Internet. Malgré les efforts du régime pour susciter des soutiens, la participation a été faible, ce qui reflète le mécontentement généralisé des Iraniens. Le silence de Pezeshkian sur la question, associé aux efforts croissants pour contrôler l’utilisation des VPN plutôt que de lever la censure, souligne une réalité inquiétante : pour les dirigeants iraniens, la censure est un outil essentiel pour réprimer la dissidence et préserver leur emprise sur le pouvoir, laissant le public en supporter le coût.