CNRI – « On voit bien tout l’intérêt qu’il y a à demander aux pouvoirs publics français, et notamment au Quai d’Orsay, d’avoir à l’égard de l’Iran la même attitude que celle que nous essayons d’avoir à l’égard de la Syrie. Une attitude qui soit moins frileuse », a déclaré Michel Terrot à l’Assemblée nationale le 5 décembre.
Le député du Rhône et secrétaire de la commission des Affaires étrangères s’exprimait dans un colloque à la salle Colbert sur les perspectives de changement en Iran en 2013. A l’initiative du Comité parlementaire pour un Iran démocratique, dont M. Terrot est un vice-président, la réunion accueillait Maryam Radjavi, présidente élue de la Résistance iranienne, ainsi que des personnalités françaises et internationales.
Voici les moments forts de l’intervention de Michel Terrot :
J’appartiens à un mouvement politique qui fait souvent référence à l’action du Général de Gaulle. Et le Général de Gaulle dans l’inconscient collectif des Français est peut-être l’homme qui a su le mieux faire prendre conscience de la force du mot « résistance » aux heures les plus noires de notre existence nationale. Et c’est dire que je me sens bien parmi vous.
Je vous ai rejoints en 2006. C’est l’époque où non seulement vous étiez blacklistés, mais vous aviez une plainte au pénal en France. C’est l’époque où vous figuriez sur la liste noire de l’Union Européenne, ainsi qu’aux États-Unis. Et l’on voit le chemin parcouru depuis. Ce qui montre bien que la résistance conduit à des succès ; dès lors qu’il y a une force, dès lors qu’il y a une volonté, il y a toujours un chemin.
Je suis membre et secrétaire de la Commission des Affaires étrangères et on a souvent l’occasion d’évoquer le Moyen-Orient. En défendant la cause qui est la vôtre, j’ai vraiment le sentiment, avec tous mes collègues, de défendre la cause de la paix dans cette région si magnifique du monde, si porteuse d’une histoire je ne sais combien de fois millénaire, qui nous impressionne toujours par sa finesse, par sa qualité.
C’est dire que c’est un bouleversement, c’est une émotion du cœur très forte de voir un pays comme le vôtre livré à la dictature théocratique des mollahs. Il faudra bien qu’un jour, et le plus tôt sera le mieux, que nous en finissions.
Ce que vous avez dit, Madame [Radjavi], dans votre propos sur l’Irak est marqué du sceau d’une vérité d’évidence. Achraf sonne à nos oreilles comme véritablement ce qui ne devait plus se reproduire et qui s’est produit. Liberty, ce n’est pas mieux, aujourd’hui. C’est un camp de détention, ce n’est pas un camp de réfugiés au sens qu’une vision moderne, une vision – j’allais dire normale – des droits de l’homme peut l’envisager. Et derrière, c’est chaque fois la main sournoise de l’Iran qui tire les ficelles.
C’est vrai pour l’Irak, c’est vrai, on l’a évoqué, avec l’affaire de Gaza. Moi je suis de ceux qui pensent que le statut de Gaza devait évoluer, et je me suis réjouis du vote récent intervenu. Mais faut-il à ce point mettre de l’huile sur le feu et armer au-delà du raisonnable les belligérants avec cette volonté quasiment affirmée du côté de l’Iran, que plus il y aura la guerre mieux cela vaudra dans cette partie du monde ?
Et puis, c’est l’affaire de la Syrie. Vous savez qu’aujourd’hui la Syrie a été aidée militairement et ô combien jusqu’à la garde rapprochée d’el-Assad ; les pasdaran sont là. Le régime iranien a fait l’analyse que si la Syrie tombait, le régime iranien derrière serait en très grande difficulté.
On voit bien tout l’intérêt qu’il y a à demander aux pouvoirs publics français, et notamment au Quai d’Orsay, d’avoir à l’égard de l’Iran la même attitude que celle que nous essayons d’avoir à l’égard de la Syrie. Une attitude qui soit moins une attitude frileuse. Je le dis d’autant plus que les gouvernements que j’ai défendus dans un passé qui n’est pas éloigné n’ont pas été brillants en la matière. Et je formerai le vœu que celui-ci soit plus allant.
Pour dire vrai, je n’en suis pas convaincu. Et je pense qu’au Quai d’Orsay, le mot « résistance » est un mot qui est chez eux habituel mais pas au sens où on peut l’employer ici. Ils restent sur des schémas, il est très difficile de les faire évoluer dans leurs schémas.
On mène un combat au niveau du parlement, qui est transcourant. Nous représentons toutes les forces politiques du parlement et nous sommes soucieux de faire en sorte qu’un pays comme le vôtre, Madame [Radjavi], comme le vôtre pour la plupart des personnes qui sont ici, connaisse la démocratie, et retrouve sa grandeur. La grandeur on ne la trouve jamais dans l’oppression.
Lorsqu’un pouvoir opprime ses propres habitants, lorsqu’un pouvoir tue, lorsqu’un pouvoir pend, lorsqu’un pouvoir se laisse aller à ce que le commun des mortels ne peut accepter, véritablement on est aujourd’hui dans un débat qui nous dépasse tous et qui doit nous conduire, nous parlementaires à être chaque fois plus nombreux à vous soutenir, et surtout à essayer de faire bouger les lignes, à faire en sorte que notre diplomatie soit une diplomatie moins frileuse et plus allante, à la fois pour combattre cet Iran des mollahs et en même temps pour vous soutenir vous Madame et votre organisation structurée qui éminemment est porteuse d’avenir.