CNRI – « Les otages, les personnes qui sont retenues au camp de Liberty, ont droit à toute notre compassion, notre amitié et notre soutien si nous pouvons le leur donner », a déclaré Régine Deforges.
La célèbre écrivaine s’exprimait le 21 janvier à Paris lors d’une conférence au Sénat, dans laquelle des sénateurs issus de tous les groupes politiques, en présence de personnalités diverses et de la dirigeante de la Résistance iranienne Maryam Radjavi, ont évoqué la situation préoccupante des droits humains en Iran et les dangers qui menacent les habitants du camp Liberty en Irak. La conférence était organisait par le CFID qui célébrait le septième anniversaire de sa création.
Dans son intervention Régine Deforges a ajouté:
Je suis ici par sympathie pour l’attitude de gens privés de liberté, la liberté de parole, la liberté de pensée. C’est quelque chose qui me touche énormément. Quelqu’un parlait de la résistance. Moi j’étais toute petite pendant la guerre, mais ça voulait dire quelque chose, j’ai vu des gens partir, être fusillés.
J’ai travaillé pendant des années sur la seconde guerre mondiale, sur les exécutions sommaires, sur les exécutions d’otages notamment. Je pense aux otages du camp de Souge près de Bordeaux, qui ont été une soixantaine à être fusillés en 1942 et j’ai fait des recherches pour savoir qui étaient ces gens, qui les avait donnés, dans quelles circonstances ils avaient été arrêtés.
Et je voulais savoir quel temps il faisait le jour de cette exécution. Dans les archives de Lafitte-Rothschild, les maitres de chais tiennent un livre qui donne les conditions météorologiques, et il y avait cette phrase : « dans la nuit du 11 au 12 septembre 1942, le temps jusque-là qui était beau s’est mis à la pluie et au froid. » Le directeur des archives de Bordeaux qui tenait son journal m’a envoyé une photocopie de son journal à cette date, et c’était exactement la même phrase : « dans la nuit du 11 au 12 septembre 1942, le temps jusque-là qui était beau s’est mis à la pluie et au froid. »
Donc je savais le temps qu’il faisait quand ces hommes ont été emmenés pour être fusillés dans le sable du camp de Souge. J’ai reçu des lettres de presque toutes les familles me demandant dans quelles circonstances j’avais pu savoir tout ça, et c’est beaucoup de travail, c’est beaucoup de recherche, c’est beaucoup de réflexion et surtout de sensibilité, de se dire qu’on ne va pas à l’abattoir par un grand soleil ou par un jour de pluie. Moi ça m’a fait vraiment beaucoup bouleversée, et je tenais à le dire.
Donc les otages, les personnes qui sont retenues au camp de Liberty, ont droit à toute notre compassion, notre amitié et notre soutien si nous pouvons le leur donner. En ce qui me concerne il ne peut être que moral. Si je peux faire quelque chose soit sur le plan littéraire, je le ferais bien volontiers. Enfin ma présence ici n’est due qu’à cette sympathie et à cette haine des dictatures. Il n’y a pas de dictature modérée, il y a les dictateurs plus ou moins inhumains que d’autres.
Enfin battons-nous pour que cette liberté demeure dans le monde et dans notre pays.