vendredi, mars 29, 2024
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Achraf, Irak : les crimes et le silence

Pierre BercisPar Pierre Bercis*

Nouveaux Droits de l'Homme, éditorial – "Silence, on tue" telle semble être la consigne générale sur les événements sanglants, prévus de longue date qui ont finalement eu lieu en juillet lorsque les forces irakiennes ont pénétré dans le camp d’Achraf où sont regroupés 3500 réfugiés iraniens membres des Modjehidines du Peuple d’Iran.

Le but du gouvernement d’Al Maliki ? Complaire à ses amis de Téhéran, qui réclament à cor et cri la fermeture de ce havre de paix pour celles et ceux qui ont réussi à fuir le régime tyrannique voisin.

Non seulement les mollahs veulent la fermeture du site mais ils exigent, en outre, que les résidents leur soient livrés. Avec le sort que l’on devine : tortures, exécutions etc. Comme pour les opposants qui manifestent en Iran depuis l’élection présidentielle de juin.

Tels sont les faits. Quant au droit, il est aussi connu. Les 3 500 iraniens d’Achraf sont protégés par la quatrième convention de Genève sur les réfugiés. Ils sont donc sous la sauvegarde de la puissance occupante. Les Américains en l’occurrence.

Pour mémoire, l’agression des Irakiens contre Achraf a fait 11 morts (par balle) et 500 blessés. 36 personnes ont été arrêtées et restent détenues malgré une décision de Justice irakienne de les libérer. C’est le règne "du bon plaisir", comme en France avant 1789.

Aujourd’hui, nombre de femmes et d’hommes font, sur place, la grève de la faim depuis plus de quarante jours. Qui s’en soucie parmi les responsables politiques et dans les médias internationaux ? Seules les ONG se mobilisent… Ces êtres humains vont donc mourir en silence (comme Bobby Sand en Irlande du Nord), victime de l’indifférence, parce qu’ils ne supportent pas l’injustice.

Ensuite, comme à Srebrenica, à Sabra et Chatila, les pleureuses déploreront et s’exclameront "nous ne savions pas". Menteurs. Chacun sait mais chacun fait comme s’il ne savait pas. Tartuffe, lui, au moins n’est pas mort. Il est immortel.

Que les autruches gardent bien la tête dans le sable du désert irakien. Braves bêtes, c’est vrai, elles n’ont rien vu. Absolument rien vu ni entendu.

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Pierre Bercis, Président de Nouveaux Droits de l'Homme
Membre de la Commission nationale Consultative des droits de l'Homme

http://www.ndh-france.org/