vendredi, mars 29, 2024
AccueilActualitésActualités: AchrafAchraf: Changement de régime en Iran - les conditions sont désormais réunies

Achraf: Changement de régime en Iran – les conditions sont désormais réunies

Par Lord Carlile

HUFF POST – 30 janvier 2012 – La vie de mollah en Iran doit être assez déconcertante. Tous ceux au pouvoir à Téhéran aujourd’hui sont sans aucun doute profondément inquiets au sujet de leur bien-être financier et de l’avenir de leur pouvoir. Les sanctions sont arrivées par vagues et sapent les fondations de l’économie nationale. Les États-Unis et l’Union Européenne sont résolus à invalider la banque centrale iranienne, l’industrie pétrolière, et même la capacité du régime de faire du négoce d’or ou de diamants.

Comme si les problèmes économiques ne suffisaient pas, le principal allié régional des mollahs, la Syrie, tombe dans la guerre civile. Depuis Téhéran, cela ne doit paraître que comme une question de temps avant que Damas ne tombe – tout comme Tripoli est tombé – laissant les mollahs sans allié aux environs autre que l’Irak déchiré par la guerre.
Ceux au pouvoir surveillent probablement en permanence leurs arrières, les uns comme les autres. À l’instar d’autres pays de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient, les Iraniens sont un peuple jeune et énergique, qui ont montré par le passé une volonté de s’élever contre le totalitarisme.
Les conditions sont, en résumé, réunies pour un changement de régime. Tout ce qu’il faut, c’est une opposition organisée pour s’élever et prendre les rênes du pouvoir. Pour les mollahs, ce dernier point est crucial : l’opposition iranienne, les Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI/MEK), doit être détruite à tous prix s’ils veulent survivre.
Dans ce contexte, il est facile de voir pourquoi les 3400 hommes et femmes vivant dans le camp d’Achraf, en Irak, sont en haut de la liste des cibles de Téhéran. Ces personnes sont des sympathisants de l’OMPI et représentent une source d’irritation pour le régime iranien depuis des décennies.
Le premier ministre irakien Nouri al-Maliki, le larbin de l’Iran à Bagdad, avait menacé de démanteler le camp avant la fin de 2011 et de disperser les résidents. Étant donné que les troupes irakiennes avaient déjà attaqué le camp à plus d’une occasion, tuant des dizaines de résidents, il y avait de réelles craintes que la fin du camp soit également la fin des résidents eux-mêmes. Le délai n’a été étendu que lorsque la dirigeante de l’OMPI, Maryam Rajavi, a accepté que les résidents soient relogés dans le camp Liberty, une ancienne base militaire américaine dans la capitale irakienne.
L’accord de Mme Rajavi n’a été donné qu’avec réticence et seulement après avoir reçu des assurances de la part de la Secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, et qu’il a été stipulé que les Nations Unies surveilleraient les conditions dans le camp Liberty, où de nombreux résidents risquent de passer un long séjour. Malheureusement, cette confiance a été trahie en quelques semaines. Non seulement le gouvernement irakien revient sur ses promesses de respecter les vies et la décence de la communauté d’Achraf, mais l’ONU garde également le silence sur la transformation du camp Liberty en un camp de concentration, un lieu plus approprié pour le bétail que pour des êtres humains.
« Pensez-vous que l’action de l’ONU concernant le camp d’Achraf et le camp Liberty est anormale ? », a demandé Rudy Giuliani, ancien Maire de New York, dans son discours lors d’une conférence internationale plus tôt ce mois-ci. « Ils ferment les yeux sur le fait que ces personnes vont vivre dans un km². Ils ferment les yeux sur le fait qu’il n’y a pas d’eau potable dans le camp Liberty. » Il n’y a pas une « seule route goudronnée dans le camp » ni un « seul espace vert », a dit M. Giuliani à la conférence, qui était organisée par le Comité Français pour la Démocratie et les Droits de l’Homme en Iran. Ce n’est pas un camp, a-t-il dit, mais une prison.
« Le gouvernement irakien a refusé de permettre à aucun des résidents de visiter parce qu’il ne veut pas qu’ils voient à quel point leurs conditions d’emprisonnement vont être effroyables », a-t-il ajouté. « L’ONU n’a protesté contre rien de tout cela. C’est tout simplement honteux pour l’ONU de permettre que cela suit son cours. C’est honteux pour l’ONU de se soumettre aux exigences d’un régime tel que celui de Maliki et en fin de compte de fermer les yeux sur le fait qu’en réalité, ce qu’ils font, c’est se soumettre aux exigences des mollahs iraniens. » Al-Maliki n’est, a entendu l’audience de la conférence, « qu’une marionnette accrochée à un fil faisant ce que lui disent les mollahs iraniens ».
Pour raviver encore les plaies, l’ambassadeur de l’ONU en Irak, Martin Kobler, a manqué de réfuter les affirmations iraniennes les plus outrancières. Selon l’ambassadeur iranien à Bagdad, des centaines de résidents du camp d’Achraf veulent être transférés à Téhéran, où, en tant que sympathisants de l’OMPI, ils risqueraient la prison, la torture et éventuellement l’exécution. Les Nations Unies considèrent que l’OMPI est une organisation terroriste, selon la dernière salve diplomatique iranienne. Pourquoi M. Kobler ne dément-il pas ces mensonges ? De quel côté est l’ONU ?
Les résidents d’Achraf doivent penser que leur histoire est celle de la trahison. C’était les États-Unis, après tout, qui, après avoir libéré l’Irak, ont promis de les protéger s’ils acceptaient de se désarmer. Les États-Unis ne sont plus en Irak, mais les résidents sont loin d’être en sécurité. Une seconde trahison est maintenant en préparation. Pour un organisme tel que les Nations Unies, le silence face à l’oppression n’est rien moins que scandaleux.

Lord Carlile of Berriew, Commandant de l’Ordre de l’Empire britannique  (Order of the British Empire), Membre de la Société Royale des Arts, Conseiller de la Reine