
Le guide suprême du régime, Ali Khamenei, a déclaré le 23 septembre 2025 que l’Iran poursuivrait l’enrichissement de l’uranium à 60 % et ne négocierait pas avec les États-Unis. Il a qualifié les négociations de « pure perte » et a averti que les concessions menacées « détruiraient la dignité de la nation iranienne ». Ses propos, diffusés à la télévision nationale, sont intervenus quelques jours avant la date limite de réimposition automatique des sanctions des Nations Unies via le mécanisme de « snapback ».
Défi à l’enrichissement
Khamenei a insisté sur le fait que la République islamique n’avait aucune intention de fabriquer une arme nucléaire, mais a qualifié l’enrichissement à 60 % de « nécessaire aux besoins nationaux ». Il a déclaré : « Nous n’avons pas besoin de bombe, mais l’enrichissement à 60 % est indispensable. Nous sommes parmi les dix pays dotés de cette capacité. »
Cette affirmation est en contradiction avec les évaluations internationales. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a indiqué que l’Iran détenait environ 440 kilogrammes d’uranium enrichi à 60 %, une matière qui, raffinée davantage, pourrait produire plusieurs armes nucléaires. Les gouvernements occidentaux affirment que de tels niveaux n’ont aucune utilité civile évidente.
Khamenei a présenté le programme comme une question de souveraineté et de défi. « Le peuple iranien s’en prendra à quiconque dit « stop à l’enrichissement », a-t-il déclaré, ajoutant que les connaissances « ne peuvent être anéanties par les bombardements », même après les récentes frappes américaines et israéliennes qui ont ciblé des installations d’enrichissement pendant la « guerre des 12 jours ».
Rejet des négociations
Une grande partie du discours de Khamenei a été consacrée à dénoncer l’idée de négociations avec Washington. Il a qualifié les négociations de piège où les États-Unis dictent à l’avance les résultats : démantèlement de l’enrichissement, abandon des missiles et rupture des liens avec l’étranger.
« Négocier avec l’Amérique est une perte pure et simple et entraîne des dommages irréparables », a-t-il déclaré. « Aucune nation honorable ne négocie sous la menace. Accepter de tels pourparlers signifierait des concessions sans fin.»
Il a raillé ceux qui, en Iran, prônent un dialogue. « Cela dépasse la parole de celui qui le prononce », a-t-il déclaré, utilisant une expression familière pour tourner en dérision les appels à l’arrêt de l’enrichissement.
Ces remarques semblaient viser à exclure toute possibilité de rencontre entre le président du régime, Massoud Pezeshkian, et Donald Trump à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York cette semaine.
Le retour des sanctions approche
Le défi de Khamenei intervient alors que la date limite pour la réimposition des sanctions de l’ONU, en vertu de la résolution 2231, approche. Le 19 septembre, le Conseil de sécurité a refusé de prolonger l’allègement des sanctions, déclenchant ainsi le mécanisme qui rétablira automatiquement les mesures antérieures fin septembre.
Le retour des sanctions a déjà ébranlé les marchés iraniens. Le rial a chuté face aux devises étrangères et l’inflation s’accélère, accentuant la pression sur les ménages. Les responsables ont reconnu la pression : les économistes de Téhéran préviennent que les exportations de pétrole se heurteront à des obstacles plus importants, la Chine exigeant des rabais plus importants sur le brut iranien.
L’impasse stratégique
Tout en projetant une image de force à l’étranger, le message de Khamenei révèle une préoccupation plus profonde quant à la stabilité interne du régime. Pour lui, le plus grand risque n’est pas l’intervention étrangère, mais l’érosion intérieure.
La logique est claire : des concessions à Washington seraient perçues comme une capitulation, affaiblissant la loyauté des services de sécurité et de renseignement dont dépend le système. Cette érosion pourrait, à son tour, enhardir une société déjà marquée par des troubles périodiques et des difficultés économiques croissantes. La défiance, aussi coûteuse soit-elle à l’échelle internationale, préserve la cohésion intérieure, estime-t-il.
Ce calcul explique pourquoi, même après des frappes dévastatrices sur des installations nucléaires et des sanctions imminentes, Khamenei considère les négociations comme des « dommages irréparables » plutôt que comme un soulagement. Admettre sa faiblesse, selon lui, éroderait sa base de l’intérieur.
Le discours télévisé de Khamenei a souligné l’orientation de la politique à l’approche de l’échéance du « snapback » : poursuite de l’enrichissement à 60 %, rejet des négociations américaines et défiance présentée comme une dignité nationale. Pourtant, ce message a également révélé l’inquiétude plus profonde du régime : des concessions pourraient démanteler sa base et l’exposer à une société agitée plus dangereuse que n’importe quel adversaire étranger.

