Un groupe de lauréats du prix Nobel a écrit une lettre commune au secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, pour dénoncer la répression du régime iranien à l’encontre des manifestations en Iran. Ce qui suit est le texte de leur lettre commune :
Son Excellence Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies
Monsieur le Secrétaire général,
Les lauréats du prix Nobel signataires de cette lettre, vous expriment leur profonde inquiétude face à la récente répression meurtrière dirigée contre les manifestants anti-régime en Iran et vous demandent de condamner le recours à la force meurtrière par des forces de sécurité contre des innocents exigeant le respect de leurs droits.
Les manifestations ont commencé le 15 novembre avec le triplement du prix de l’essence, dans laquelle des centaines de milliers d’Iraniens, en particulier des jeunes, l’armée des chômeurs, des affamés et des plus démunis, excédés par plus de 40 ans de répression, d’incompétence, de mauvaise gestion et de corruption, sont descendus dans la rue et ont défié les dirigeants du régime. Le soulèvement s’est étendu à plus de 180 villes.
Selon Amnesty International, au moins 200 citoyens ont été tués, mais le nombre réel serait plus élevé (1000 tués : nlrd). Evoquant la répression organisée par le régime contre les manifestants, Amnesty a écrit : « de hauts responsables du gouvernement, dont le guide suprême iranien Ali Khamenei, ont publié des déclarations décrivant les manifestants comme des « voyous » et donnant le feu vert aux forces de sécurité pour les réprimer. »
Dans le même temps, le régime iranien a fermé Internet pour créer un black-out de l’information dans le cadre d’une répression brutale.
Jusqu’à présent, 3 700 personnes ont été blessées et au moins 10 000 ont été arrêtées. Les médias iraniens officiels ont insisté sur le fait que ceux qui ont dirigé les manifestations et ont été arrêtés seront exécutés par pendaison. C’est ce qu’on pense généralement de la position officielle d’Ali Khamenei, le guide suprême. Les pasdaran ont formulé des menaces similaires.
La plupart d’entre nous, dans nos correspondances précédentes avec votre prédécesseur, avons exprimé notre gratitude pour avoir contribué à sauver la vie des habitants d’Achraf en Irak qui, en tant que membres de l’opposition iranienne, avaient été brutalement attaqués et assassinés par les forces du régime iranien.
Monsieur le Secrétaire Général,
En plus de nos obligations scientifiques de faire progresser la science et d’améliorer la vie humaine, nous sommes fermement convaincus que la défense des droits de l’homme dans le monde est notre devoir. Par conséquent, nous demandons instamment à l’ONU d’intervenir immédiatement pour empêcher de nouvelles atrocités commises par le régime iranien contre son propre peuple et suggérons que les membres de l’ONU se réunissent le plus rapidement possible pour faire face à cette crise et prendre des mesures pour demander des comptes aux responsables du régime. En conséquence, nous demandons à l’ONU de nommer une commission d’enquête multinationale chargée de se rendre en Iran et de mener une enquête approfondie sur la situation, en particulier pour obtenir des informations sur les personnes tuées, blessées et arrêtées.
Nous devons offrir notre soutien total au peuple courageux d’Iran.
Signataires:
Professeur Richard Roberts, Prix Nobel, Médecine 1993, États-Unis
Professeur Elias Corey, Prix Nobel de chimie 1990, États-Unis
Professeur Gerhard Ertl, prix Nobel de chimie 2007, Allemagne
Professeur John Lewis Hall, prix Nobel de physique 2005, États-Unis
Professeur Oliver Hart, Prix Nobel d’économie 2016, États-Unis
Le professeur Tim Hunt, lauréat du prix Nobel de médecine (2001), Royaume-Uni.
Professeur Jerome Friedman, prix Nobel de physique 1986, États-Unis
Professeur Roger Guillemin, Prix Nobel, Médecine 1977, États-Unis
Professeur Roger D. Kornberg, Prix Nobel de chimie 2006, États-Unis
Professeur John Polanyi, prix Nobel de chimie 1986, Canada
Professeur John Mather, prix Nobel de physique 2006, États-Unis
Professeur Dudley Herschbach, prix Nobel de chimie 1986, États-Unis
Professeur Hamilton Smith, Prix Nobel, Médecine 1978, États-Unis
Professeur Sheldon Glashow, Prix Nobel de physique, 1979, États-Unis