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Les élections législatives, le point culminant des crises du régime iranien

Les élections législatives, le point culminant des crises du régime iranien

Écrit par la rédaction

Les élections législatives du régime iranien auront lieu le 21 février 2020. Cette farce électorale est devenue la crise la plus profonde du régime des mollahs depuis les soulèvements de novembre 2019 et de janvier 2020.

Les élections font partie intégrante d’un système démocratique, mais dans le régime théocratique, les élections équivalent à une lutte de pouvoir au sein du régime et entre les plus fidèles du régime qui rêvent d’avoir une plus grande part du pouvoir.

Pour mieux comprendre comment l’élection des mollahs va se dérouler et pourquoi l’élection de cette année a déclenché une telle crise pour le régime, examinons d’abord les codes électoraux du régime.

Tout candidat souhaitant participer aux élections législatives doit remplir au moins 15 conditions. Selon la loi électorale du régime, deux de ces conditions sont « l’obligation pratique envers la révolution islamique et l’État sacré de la République islamique d’Iran », et « la promesse d’allégeance totale à la constitution et au principe du Velayat-e Faqih », en référence au pouvoir absolu du Guide Suprême.

Si un candidat n’accepte pas le principe théocratique et dictatorial du Velayat-e Faqih et n’est pas pleinement fidèle au Guide Suprême, il sera disqualifié. Et même s’ils acceptent ce principe, ce n’est qu’une première étape, et le Conseil des gardiens doit confirmer chaque candidat. Un candidat, même s’il remplit ces deux conditions, peut toujours être disqualifié. Selon une analyse d’enquête d’un expert du régime, au moins 80 % des Iraniens ne possèdent pas les qualifications mentionnées dans la loi. Par conséquent, dans le régime théocratique, la loi est équivalente à une dictature.  

Le Conseil des gardiens, composé de 12 membres, est constitué de six membres directement nommés par le Guide Suprême. Les six autres membres sont nommés par le chef du pouvoir judiciaire, lui-même nommé par le Guide Suprême, et doivent être confirmés par le Majlis (Parlement des mollahs). Par conséquent, le Conseil des gardiens est composé de 12 personnes très loyales envers le Guide Suprême.

En d’autres termes, le Conseil des gardiens est l’outil du Guide Suprême qui lui permet de préciser quels candidats de sa préférence peuvent participer aux élections législatives et présidentielles.

Au cours des 40 dernières années, le régime théocratique, en organisant des élections farfelues avec un énorme truquage et en déclarant un taux de participation élevé, a contrôlé les différentes factions du régime dans la lutte pour le pouvoir d’une part, et d’autre part, en prétendant que les autorités sont élues par le peuple, a obtenu pour lui-même une légitimité nationale et internationale.

Cette année, après les récents soulèvements, la situation du régime est devenue si critique qu’il n’est même plus en mesure de maintenir les plus proches loyalistes, et le Guide Suprême, Ali Khamenei, a l’intention d’éliminer l’autre faction autant qu’il le peut et de transformer le Majlis en un organe à faction unique. Cela a transformé la question de la farce électorale en une crise sans précédent pour le régime.

Selon les médias officiels, le Conseil des gardiens a disqualifié 90 membres du Parlement, dont certains ont déjà effectué trois mandats. Les candidats dans 170 districts ne sont que de la faction de Khamenei, et les principaux candidats de la faction rivale dans d’autres districts ont été éliminés de sorte qu’en fin de compte 260 sièges iront automatiquement à la faction la plus alignée avec Khamenei.

Dans un discours prononcé mercredi, Khamenei a présenté son ferme soutien au Conseil des gardiens, et il est apparu clairement que Khamenei a l’intention d’éliminer l’autre faction du Parlement.  

Le président du régime, Hassan Rohani, dont les consultations privées pour son quota ont échoué, a qualifié l’élection de « cérémoniale » et de « processus de sélection » (au lieu d’une élection) et a critiqué le Conseil des gardiens. La faction opposée a également attaqué Rohani, soulignant que le système actuel est ce qui avait assuré son « élection » et se demandant pourquoi il avait alors fait l’éloge du Conseil des gardiens.

Par la suite, un jour après le discours de Khamenei, Ebrahim Raïssi, chef du pouvoir judiciaire du régime, a menacé Rohani et a déclaré « Quiconque remet en question le processus électoral, sciemment ou non, qu’il le veuille ou non, en affaiblissant le processus électoral, sera dans le camp de l’ennemi ».

Immédiatement après les propos de Khamenei, les médias affiliés aux deux factions ont commencé à s’attaquer mutuellement, une saga qui s’est poursuivie.

Le régime est maintenant confronté à un dilemme : mourir ou se suicider. Mais le Guide Suprême sait que l’élimination de l’autre faction entraînera inévitablement de lourds coûts, notamment qu’elle ouvrira une brèche au sommet du système qui pourrait conduire à des protestations sociales et à un soulèvement.

Mme Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), a décrit l’aggravation de la crise et le schisme au sommet du régime sur la mascarade électorale comme un reflet manifeste d’une autre impasse mortelle à laquelle le régime est confronté. Elle a déclaré que la purge complète des candidats de la faction rivale est un signe clair du retranchement inévitable de la théocratie religieuse au pouvoir face aux soulèvements en hausse et à la crise de renversement.

Mme Radjavi a souligné que le peuple iranien a exprimé son vrai vote lors des soulèvements de novembre 2019 et de janvier 2020 en scandant « A bas le principe du velayat-e faqih, et à bas Khamenei ». Ils boycotteront l’élection illégitime des mollahs plus qu’auparavant. Boycotter cette farce est un devoir patriotique et l’engagement de la nation iranienne envers les martyrs du peuple iranien, en particulier les 1 500 martyrs du soulèvement de novembre. Cela reflète également les exigences du soulèvement de janvier 2020 du peuple et des étudiants pour le renversement de la théocratie illégitime au pouvoir dans son intégralité. Le peuple et les étudiants ont scandé « A bas Khamenei, à bas le dictateur, à bas le principe du velayat-e faqih, à bas l’oppresseur, qu’il s’agisse du Shah ou du Guide [Suprême] », démontrant ainsi qu’ils veulent un avenir sans Shah ni mollahs, et un avenir basé sur la démocratie et la souveraineté du peuple.