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Répressions : La cyberpolice iranienne s’attaque aux internautes

Le Monde – 13 juin 2012 – Les fournisseurs de VPN (Virtual Private Network) sont les nouvelles bêtes noires de la Cyberpolice iranienne. Permettant de surfer en toute liberté sur la Toile sans se heurter à la censure étatique, cet outil serait utilisé par 20 à 30% des internautes en Iran selon le commandant Kamal Hadiyanfar, chef de cette police. Il a affirmé que tout accès « illégal » à des VPN serait bientôt bloqué, car « c’est l’ennemi qui les fournit gratuitement ou à de très bas prix ».

En Iran, bien que Facebook, Twitter ou Youtube, tout comme de nombreux sites et blogs, soient bloqués par les autorités, les Iraniens peuvent facilement se procurer un VPN. Il suffit de se connecter à un des nombreux sites vendant des VPN (ici, ici ou ici), même s’ils n’inspirent guère confiance, et de payer 28 000 à 70 000 tomans par an (14 à 35 euros) avec sa carte bancaire iranienne. Nom d’utilisateur et mot de passe sont ensuite fournis pour accéder à la Toile sans censure.

Si les fournisseurs ont travaillé jusqu’à présent en toute légalité, ceci ne devrait durer. Le recours croissant à cette pratique a inquiété les autorités qui veulent aujourd’hui encadrer l’accès aux VPN. Seuls « certains ministères et organisations étatiques, les compagnies aériennes et les banques » pourraient encore en bénéficier, a précisé le chef de la Cyberpolice.

Autre projet en cours pour empêcher l’accès à des sites qualifiés d' »inappropriés »: un Internet national, ou intranet. Ce sujet, souvent évoqué par des responsables politiques, fait beaucoup parler mais son échéance n’a toujours pas été fixée.

Qu’est-ce que pourrait bien être cet Internet national? Pour le Dr. Siyavash Shahshahani, surnommé le fondateur de l’Internet en Iran et directeur de la faculté de mathématiques de la très prestigieuse Université Sharif, ce projet est inspiré du modèle chinois. « La plupart des gens seraient contre Internet national s’ils se rendaient compte de sa vraie nature », a-t-il déploré en mars dernier.
En attendant sa mise en place, un groupe aiderait la Cyberpolice à lutter contre les usagers d’internet hors la loi. Il s’agirait de hackers et de cyberdélinquants, selon une déclaration du chef de la police Esmail Ahmadi-Moghaddam, en février dernier. L’objectif pour lui? Limiter les contacts avec l’étranger à « nos besoins et pas plus ».