
Le 29 septembre 2025, le siège européen des Nations Unies à Genève a accueilli une conférence organisée dans le cadre de la 60e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Le thème de cette réunion : examiner l’escalade des violations des droits humains en Iran, en se concentrant plus particulièrement sur la hausse spectaculaire des exécutions, la répression brutale de la dissidence et l’impunité systémique entourant les crimes passés, notamment le massacre de prisonniers politiques de 1988.
Maryam Radjavi : Mettre fin à l’impunité, défendre les manifestants et saluer le combat pour la liberté
Dans un discours prononcé par message vidéo, Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), a présenté un bilan statistique effrayant de la récente vague d’assassinats commandités par l’État, affirmant que la campagne de répression du régime est délibérée et vise à entretenir la peur.
En Iran, un mouvement social en pleine expansion brandit désormais le slogan "Non aux exécutions".
Dans les prisons, 87 semaines se sont écoulées depuis le lancement de la campagne "Non aux mardis des exécutions". Dans le cadre de cette campagne, des détenus de 52 prisons… pic.twitter.com/3o1jZtK1Ko— Maryam Radjavi (@Maryam_Rajavi_F) 30 septembre 2025
Mme Radjavi a précisé que depuis début juillet, « au moins 450 personnes ont été exécutées en moins de trois mois ». Elle a souligné le bilan global dévastateur : « Au cours des 14 derniers mois, 1 850 personnes, dont 59 femmes, ont été exécutées.» Elle a souligné que cette campagne meurtrière vise principalement les dissidents, en particulier les membres et sympathisants de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK).
Mme Radjavi a mis en lumière le cadre juridique du meurtre utilisé par le régime, rappelant qu’un expert du régime a récemment déclaré devant un tribunal de Téhéran jugeant des membres de l’OMPI que toutes les conditions requises pour prouver l’accusation de bagh-ye (rébellion contre le régime) s’appliquent à l’OMPI, précisant que la peine de mort pour bagh-ye est « sans exception ». Deux prisonniers, Behrouz Ehsani et Mehdi Hassani, ont été exécutés en juillet, notamment pour appartenance à cette organisation, tandis que quatorze autres risquent actuellement le même sort imminent.
La lutte du peuple iranien pour la liberté est aussi une lutte pour la paix dans la région et dans le monde. Il incombe à la communauté internationale de les soutenir et de reconnaître leur lutte pour la liberté, la justice et les droits humains.https://t.co/dM7owvKl2r pic.twitter.com/IWgaZnXAkr
— Maryam Radjavi (@Maryam_Rajavi_F) 29 septembre 2025
Elle a souligné que la violence du régime ne se limite pas aux exécutions et à l’emprisonnement, citant le refus de soins médicaux de base aux prisonniers – une violation qui a entraîné des décès – et les conditions de détention particulièrement atroces pour les femmes dans des établissements comme la prison de Qarchak. La culture de l’impunité est profondément ancrée, a-t-elle insisté, citant la manière dont les médias contrôlés par l’État appellent ouvertement à la répétition des crimes majeurs du passé, notamment le massacre de 1988, qualifié à la fois de génocide et de crime contre l’humanité par l’ONU.
Mme Radjavi a appelé à une action internationale décisive, soulignant que : « Les crimes du début des années 1980, en particulier le massacre de 1988, restent impunis et se répètent aujourd’hui dans les prisons et les rues iraniennes. » Elle a exigé que les gouvernements et les organismes des Nations Unies « mettent fin à cette impunité injustifiée », soutenant l’appel du Rapporteur spécial des Nations Unies aux États pour qu’ils « usent de la compétence universelle pour délivrer des mandats d’arrêt contre Khamenei et les autres responsables de ces atrocités ». En conclusion de son discours, Mme Radjavi a lié la lutte nationale à la stabilité mondiale : « La lutte du peuple iranien pour la liberté est aussi une lutte pour la paix dans la région et dans le monde. Il incombe à la communauté internationale de se tenir à ses côtés et de reconnaître son combat pour la liberté, la justice et les droits humains.»
Les violations des droits humains en Iran vont bien au-delà des exécutions et des emprisonnements. Les détenus sont privés des conditions de vie et d'hygiène les plus élémentaires. Leur droit aux soins médicaux est systématiquement violé, et certains en sont morts. La situation… pic.twitter.com/rwngvXepn2
— Maryam Radjavi (@Maryam_Rajavi_F) 29 septembre 2025
Tahar Boumedra : La peine de mort comme outil de gouvernance
Tahar Boumedra, président de l’Association pour la justice des victimes du massacre de 1988 en Iran (JVMI), a souligné la proximité de la conférence avec la Journée mondiale pour la peine de mort et le refus persistant du régime de se conformer aux normes internationales. Il a rappelé qu’en 2007, le représentant iranien avait expressément refusé de se conformer à la résolution 62/147 de l’ONU, qui appelait à un moratoire sur la peine de mort.
M. Boumedra a souligné que ce refus constituait non seulement un rejet de l’abolition et d’un moratoire, mais aussi un rejet de « toutes les garanties contre l’application de la peine de mort », ce qui constituait une réserve sérieuse. Il a observé que les conséquences sont visibles aujourd’hui dans l’augmentation spectaculaire des exécutions.
Selon Mme Radjavi, Amnesty International et la Rapporteuse spéciale des Nations Unies, Mme Mai Sato, la peine de mort en Iran, a-t-il affirmé, est utilisée comme « instrument de gouvernance » et comme moyen de persécuter toute opposition.
Activités intenses des défenseurs des Droits Humains : side event à @ONUGeneve Experts, ONG & Parlementaires🇨🇭 ont dénoncés les exécutions massives en #Iran en présence d'une 20aine de délégations d'Etats membres.#HRC60 @Francelibertes @KarimiFarideh @FehlmannRielle… pic.twitter.com/AyRS4F25Te
— Behzad Naziri (@BehzadNaziri) 2 octobre 2025
Il a souligné qu’être dans l’opposition politique « n’est pas un crime. Mais en Iran, être dans l’opposition mérite la peine de mort ». Il s’est associé aux appels lancés à la Rapporteuse spéciale pour qu’elle se penche sur le traitement réservé aux personnes arrêtées et détenues, soulignant que l’Iran, bien que partie à des instruments comme le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, viole les garanties fondamentales.
M. Boumedra a souligné que la présomption d’innocence est appliquée en Iran comme une « présomption de culpabilité », privant souvent les personnes arrêtées de l’accès à un avocat ou du temps nécessaire pour préparer leur défense, ce qui « transforme l’application de la peine de mort en exécution extrajudiciaire ». Il a souligné le caractère expéditif des procès du massacre de 1988, où les prisonniers étaient souvent entendus pendant « deux ou trois minutes », jugés uniquement sur leur loyauté envers les Moudjahidine du peuple du peuple (OMPI/MEK). Il a conclu en lisant des chants de défiance depuis la prison d’Evin, illustrant la résilience de la Résistance : « Ils disent que nous braverons cette peine, que nous sacrifierons nos vies, mais que nous ne renoncerons pas à la liberté. Nous avons juré par le sang de nos compagnons : nous tiendrons bon jusqu’au bout. »
Ingrid Betancourt : Le cas mère de violation des droits humains
Ingrid Betancourt, ancienne sénatrice colombienne et candidate à la présidentielle, a commencé par saluer le courage des témoins et la nécessité d’une responsabilité internationale dans la défense des droits de l’homme. Elle a observé que depuis que le « chef de l’État modéré » Massoud Pezeshkian a pris ses fonctions, « près de 2 000 personnes ont été exécutées. Le nombre réel pourrait être encore plus élevé ».
Speaking with Simay Azadi in Geneva, @IBetancourtCol explained the Iranian regime's motive for escalating executions:
"The Iranian regime is under fear… fear that the protests of the people that are claiming to be free and to have justice… will overthrow them."#Iran pic.twitter.com/l4JM9pbJE4— SIMAY AZADI TV (@en_simayazadi) 3 octobre 2025
Mme Betancourt a souligné le ciblage spécifique de la Résistance iranienne, citant l’exécution de deux jeunes membres de l’OMPI, Behrouz Ehsani et Mehdi Hasani, dont « le seul crime était d’avoir soutenu la liberté et d’être affiliés à un mouvement d’opposition démocratique ». Elle a partagé leurs derniers mots de défi, témoignant de la détermination inébranlable de l’OMPI. Mehdi Hasani, a-t-elle cité, a affirmé : « Je déclare fièrement que je suis très heureux de donner ma vie pour la liberté de ma patrie et du noble peuple iranien. Les juges assassins du régime ne peuvent que rêver que je recule de 1 %. »
Elle a réaffirmé qu’il ne s’agissait pas d’incidents isolés, soulignant que 14 autres partisans de l’OMPI restaient dans le couloir de la mort, condamnés uniquement pour leur appartenance. L’objectif du régime, a-t-elle affirmé, « est clair : terroriser les civils, briser l’esprit de ceux qui appellent à la démocratie, empêcher les manifestations et éliminer ceux qui osent défier son pouvoir.
Mme Betancourt a vivement critiqué le système des droits de l’homme des Nations Unies pour son « hésitation à aborder leur sort », qualifiant ce silence d’« inacceptable ». Elle a exhorté le Haut-Commissaire des Nations Unies, Volker Turck, à traiter la vague croissante d’exécutions comme une priorité et a exigé que la Rapporteuse spéciale des Nations Unies, Mai Sato, « rompe ce silence et agisse avec fermeté et impartialité, conformément à son mandat ».
Soulignant la gravité des crimes passés, Mme Betancourt a exhorté Mai Sato à poursuivre l’enquête menée par son prédécesseur, qui a conclu que le massacre de 1988 « constituait un acte de génocide ». Elle a souligné que cette situation n’appartient pas au passé, car les responsables iraniens « glorifient ouvertement le massacre de 1988 comme une expérience positive et réussie, et appellent à sa répétition. Il s’agit d’une déclaration d’intention criminelle terrifiante ».
Appelant à des actions concrètes plutôt qu’à de simples paroles de condamnation, elle a formulé une recommandation politique ferme : « J’appelle donc les États membres de ce Conseil à présenter une résolution ordonnant une enquête internationale sur les exécutions en cours en Iran et sur le massacre de 1988. » Cette résolution, a-t-elle insisté, doit viser à établir les responsabilités à tous les niveaux, afin de garantir la justice pour le peuple iranien. Elle a conclu en déclarant : « Le cas iranien actuel est le cas le plus grave de violation des droits humains dans le monde, créant un dangereux précédent qui enhardit les dictatures ailleurs. »
Nicolas Walder : La politique délibérée de terreur
Nicolas Walder, conseiller national suisse, a insisté sur la nécessité de rétablir la vérité sur les atrocités du régime. Il a souligné qu’au sein des prisons iraniennes, « des femmes et des hommes sont soumis à des actes de torture qui rappellent les heures les plus sombres de notre histoire commune ». Il a salué le courage des prisonniers politiques participant à la campagne pacifique « Non aux mardis des exécutions », qui en est à sa quatre-vingt-deuxième semaine consécutive, et qui mènent des grèves de la faim contre les abus systématiques.
M. Walder a affirmé que l’augmentation du nombre d’exécutions n’est pas une simple statistique, mais reflète « une politique délibérée d’intimidation et de terreur », au service de la politique intérieure plutôt que de la sécurité.
Au-delà de la répression physique, M. Walder a dénoncé les récents rapports d’Amnesty International concernant la « destruction des tombes de prisonniers politiques exécutés dans les années 1980 au cimetière de Behesht-e Zahra à Téhéran ». Il a qualifié cet acte d’irrespect et de tentative d’effacer l’histoire, soulignant : « Construire un parking sur un site commémoratif n’est pas seulement une insulte aux victimes, c’est une tentative de faire disparaître toute preuve des crimes contre l’humanité passés. »
M. Walder a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités. Il a exigé la fin des exécutions capitales, la libération des prisonniers politiques et la traduction en justice des dirigeants iraniens pour leurs crimes. Il a conclu en exprimant son soutien indéfectible à la vision de Mme Radjavi : « J’exprime également mon soutien au Plan en dix points de Mme Radjavi et à toute autre initiative crédible émanant de la société civile iranienne qui défend un avenir démocratique et laïc, fondé sur l’égalité des sexes, l’abolition de la peine de mort et le respect des droits fondamentaux. » Alerte Iran
Laurence Fellman Rielle : Condamnation de la diplomatie en coulisses
Laurence Fellman Rielle, députée suisse, a systématiquement dressé la liste des abus commis par le régime iranien : « Arrestations arbitraires, torture, exécutions capitales massives, discrimination systématique à l’égard des femmes et des minorités ethniques et religieuses, ainsi que répression brutale de toute forme de protestation politique, même pacifique.» Ces pratiques, a-t-elle affirmé, constituent une violation de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Mme Rielle a fourni des données récentes sur les exécutions, du 21 mars au 22 septembre 2025, faisant état de 855 exécutions, dont 29 femmes et cinq mineurs, dont six prisonniers pendus en public « pour semer la peur au sein de la population ». Elle a souligné que la peine de mort est souvent prononcée contre des prisonniers politiques, en particulier des opposants au régime, où « la simple appartenance à ce mouvement [OMPI] peut entraîner une condamnation à mort ».
Simay Azadi's exclusive interview with Prof. Dr. Herta Däubler-Gmelin. "(Iran's #1988Massacre) is one of the most outrageous crimes in the history of mankind that has to be brought to court," she told @Ehsaneghbale. #FreeIran2025 pic.twitter.com/Hz0h992kPI
— SIMAY AZADI TV (@en_simayazadi) 3 octobre 2025
Elle a reconnu que les conflits mondiaux détournent souvent l’attention des crimes commis en Iran, mais a insisté sur le fait qu’il était temps de « redoubler d’efforts et de faire pression sur des États comme l’Iran qui perpétuent ces pratiques barbares ». Elle a souligné l’engagement de la Suisse en faveur de l’abolition et son rôle de rédactrice en chef de la résolution sur la peine de mort au Conseil des droits de l’homme.
Mme Rielle a toutefois exprimé la frustration parlementaire face au recours à un engagement diplomatique prudent. Elle a noté que, si le Conseil fédéral évoque son dialogue annuel sur les droits de l’homme avec l’Iran, « nous souhaiterions des réponses plus engagées plutôt qu’un recours systématique à une diplomatie de coulisses ».
Elle a fermement affirmé son soutien au « Plan en dix points de Madame Maryam Radjavi pour une république démocratique laïque, respectueuse de l’égalité des sexes ». Elle a affirmé que « les droits humains ne sont pas négociables et constituent un fondement universel qu’aucun État ne peut violer impunément.»
Gianfranco Fattorini : La nécessité d’un mécanisme de responsabilisation
Gianfranco Fattorini, membre du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), a recentré l’attention sur les principales violations des droits humains, des ambitions nucléaires du régime, à commencer par l’intensification de la répression contre les femmes suite à la mort de Mahsa Amini, conduisant à ce que beaucoup qualifient aujourd’hui d’« apartheid de genre ».
Il a souligné la réaction « extrêmement violente » du régime au soulèvement national de 2022, qui a éclaté après le décès de Mahsa Amini détenue par la police des mœurs du régime. Il a cité la Mission d’établissement des faits des Nations Unies sur l’Iran, qui a souligné que la peine de mort est utilisée « pour terroriser les Iraniens et les dissuader de manifester et de s’exprimer librement ».
Iran News Alert
On September 29, simultaneously with the 60th UNHRC session, a conference in Geneva addressed Iran's catastrophic human rights record. In a message, @Maryam_Rajavi highlighted the regime's brutal crackdown, particularly on MEK members. Speakers, including… pic.twitter.com/4lKltNfv7D
— SIMAY AZADI TV (@en_simayazadi) 2 octobre 2025
M. Fattorini a insisté sur le fait que la vague d’exécutions actuelle ne doit pas occulter les atrocités passées. Il a cité le rapport du Rapporteur spécial des Nations Unies sur le massacre de 1988, qui concluait que des responsables iraniens « ont conspiré et activement participé à la planification, à l’ordre et à la perpétration de crimes contre l’humanité et de génocide contre les ressortissants de leur propre État ».
Le rapport, a-t-il noté, concluait que malgré des preuves accablantes, « les personnes pénalement responsables de ces violations graves et extrêmement graves des droits de l’homme et de ces crimes de droit international restent au pouvoir. La communauté internationale n’a pas pu ou n’a pas voulu demander des comptes à ces individus ».
Pour remédier à cette impunité persistante, M. Fattorini a réitéré l’appel urgent du Rapporteur spécial à une action internationale : la création d’un « mécanisme international d’enquête et de responsabilisation pour mener des enquêtes rapides, impartiales, approfondies et transparentes sur les crimes de droit international » commis dans les années 1980, en particulier en 1981, 1982 et 1988. Ce mécanisme est nécessaire pour « rassembler, consolider et préserver les preuves en vue de poursuites pénales ultérieures contre tous les auteurs ».
Safora Sadidi : Le déni de justice est un permis de tuer
Safora Sadidi, membre du CNRI, a livré un témoignage personnel poignant, soulignant l’impact de l’impunité du régime sur des décennies. Son père a été exécuté lors du massacre de 1988, parmi 30 000 prisonniers politiques, pour « avoir simplement réclamé justice et liberté pour son pays ».
A UN conference in Geneva highlighted Iran’s rising mass executions & lack of int’l accountability.@Maryam_Rajavi reiterated the call for an arrest warrant for Khamenei, stressing that democracy in Iran affects peace & stability in Middle East &the worldhttps://t.co/XTqOJtlPLB
— Safora Sadidi (@SaforaSM) 1 octobre 2025
Elle a détaillé la cruauté du régime : sa famille n’a jamais reçu son corps, ni vu de tombe, « ayant même été privée de la dignité du deuil ». Mme Sadidi a rappelé que sept membres de sa famille ont donné leur vie pour la liberté de l’Iran, parmi les plus de 120 000 victimes sacrifiées par la Résistance.
Mme Sadidi a souligné que le régime continue d’exécuter des prisonniers politiques « avec la même cruauté, le même secret et la même impunité ». Elle a insisté sur la réalité des récentes menaces de répéter le massacre de 1988, soulignant que l’agence de presse Fars, affiliée au CGRI, avait publié un éditorial qualifiant le massacre d’« expérience historique réussie » juste avant les exécutions de Behrouz Ehsani et Mehdi Hassani pour leur soutien à l’OMPI.
Elle a vivement critiqué le silence international, soulignant que, malgré 71 résolutions de l’ONU condamnant les violations générales des droits humains commises par le régime, « aucune n’a clairement évoqué le massacre de 1988 et les atrocités qui y ont été commises ». Elle a déclaré : « Des paroles sans actes ne font qu’encourager le régime à poursuivre les exécutions et les meurtres en Iran. »
S’adressant directement à la Rapporteuse spéciale des Nations Unies, Mai Sato, Mme Sadidi l’a exhortée à « enquêter d’urgence sur la menace d’exécutions massives de prisonniers politiques en Iran », citant spécifiquement les 18 prisonniers à haut risque menacés d’exécution imminente. Elle a conclu par un avertissement sans équivoque : « Justice différée, justice refusée. Et justice refusée, c’est aussi un permis de tuer.» Elle a appelé les coauteurs de la résolution de la Troisième Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies à inclure une référence claire à la menace du régime de répéter le massacre de 1988.
Elham Sajedian : La voix des exécutés
Elham Sajedian, militante iranienne, a conclu les témoignages en partageant l’histoire brutale de son père, Mohammed Sajedian, ingénieur exécuté par les services de renseignement du CGRI à Chiraz en 1985 en raison de ses opinions politiques et de son association avec l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran.
Elle a relaté la rapidité effroyable de la justice du régime : « Quinze jours seulement se sont écoulés entre sa capture et son exécution », qui a eu lieu publiquement. Mme Sajedian a révélé qu’elle n’avait que deux jours lorsque son père a été assassiné. Malgré la résistance initiale des autorités, sa famille a reçu son corps, qui « portait des traces évidentes de torture de la tête aux pieds ».
Elle a souligné le traumatisme durable causé par la volonté du régime d’effacer ses victimes : « Nous n’avons pas été autorisés à inscrire son nom sur la tombe. J’ai grandi en voyant la tombe anonyme de mon père. » Le témoignage de Mme Sajedian a rappelé la longue histoire de violence du régime et le déni de dignité aux familles des résistants.

