Plusieurs agences de renseignement américaines ont récemment révélé les efforts du régime iranien pour influencer les élections américaines de 2024. Selon le Washington Post, les dirigeants d’un site d’information en ligne américain ont reçu des paiements de la part des médias du régime iranien, illustrant les méthodes sophistiquées utilisées par Téhéran pour diffuser ses récits.
Des courriels et des documents piratés de Press TV, une chaîne de télévision financée par l’État iranien, ont révélé des paiements à un écrivain qui est maintenant rédacteur en chef de Grayzone à Washington. Cette découverte, révélatrice d’une tendance plus large, illustre la manière dont Téhéran utilise les canaux médiatiques pour promouvoir ses intérêts. Les fichiers de Press TV, publiés en 2022 par le groupe hacktiviste Black Reward et convertis en un format consultable par Neal Rauhauser, montrent que la chaîne iranienne a payé un journaliste basé à Washington pour des papiers alors qu’il travaillait également pour l’agence de presse russe Sputnik.
One of the main goals of the Iranian regime's four-decade demonization campaign against the #MEK has been to spread the narrative that the MEK is a fringe group, a cult with no popular base inside Iran.#IranRevolution pic.twitter.com/TrV6YhGBBQ
— NCRI-FAC (@iran_policy) 9 février 2023
Il est intéressant de noter que le travail de Grayzone montre également un intérêt particulier pour l’opposition iranienne, car il comporte une balise dédiée à l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK), un groupe d’opposition iranien de premier plan qui possède un réseau conséquent en Iran. D’une certaine manière, cette focalisation s’aligne parfaitement sur les efforts de longue date de Téhéran pour discréditer et diaboliser l’OMPI, qui a été une force importante en faveur d’un changement de régime en Iran.
Le 9 octobre 2022, alors que des manifestations généralisées se déroulaient en Iran, avec des slogans tels que « Mort à Khamenei » scandés dans tout le pays, Max Blumenthal de Grayzone a tenté de détourner l’attention des revendications légitimes du peuple iranien. Il a réalisé une interview avec un partisan du régime qui affirmait que les manifestations étaient exagérées par les trolls des médias sociaux, accusant notamment l’OMPI.
Dans l’interview, Blumenthal affirme : « Rapidement, pour ceux qui ne le savent pas, le MEK est le Moudjahidine du peuple, un mouvement d’opposition soutenu par les États-Unis et l’Arabie saoudite, qui se consacre explicitement au changement de régime en Iran et à son remplacement par son leader sectaire, Maryam Radjavi. Ils sont basés en Albanie sous la surveillance de l’armée et des services secrets américains, et c’est là qu’ils maintiennent une ferme de trolls pour créer des hashtags contre le gouvernement iranien. »
Press TV a Branch of #Iran Regime for Money Laundering and Demonization Against #MEK and the Iranian Resistance https://t.co/JNZnKMqd3F
— NCRI-FAC (@iran_policy) 14 février 2022
Blumenthal a également beaucoup utilisé X pour attaquer l’OMPI, en particulier lors de ses papiers importants ou lorsqu’elle recevait le soutien de personnalités internationales de premier plan. Son étiquetage constant de l’organisation comme une « secte de changement de régime » reflète un grief profondément partagé avec Téhéran contre un mouvement cherchant à renverser la dictature cléricale.
En outre, ce n’est peut-être pas une coïncidence si Grayzone et ses rédacteurs, dont Blumenthal, sont fréquemment cités par les médias d’État iraniens, et beaucoup de leurs travaux sont traduits en persan. Cette citations fréquentes soulignent l’utilité de leur contenu pour les objectifs narratifs de Téhéran.
Le régime clérical iranien a une longue histoire d’utilisation de journalistes étrangers pour avancer ses objectifs politiques et de renseignement. Le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) a dénoncé plusieurs de ces opérations, soulignant comment les « journalistes amis » du régime ont servi les intérêts de Téhéran. Par exemple, en 2019, un journaliste norvégien, Eskil Engdal, a été manipulé par un agent de l’ambassade du régime iranien en Albanie pour publier des faussetés sur les opposants iraniens d’Ashraf 3, en Tirana.
De plus, le CNRI a contesté avec succès des articles hautement diffamatoires dans les médias allemands, les tribunaux ayant statué en faveur de la Résistance iranienne contre Der Spiegel et Frankfurter Allgemeine Zeitung respectivement en 2019 et 2020.
Téhéran s’est également appuyé sur des experts autoproclamés, des porte-parole et des organisations de façade en Occident qui, tout en paraissant critiques à l’égard du régime, travaillent en réalité en accord avec ses intérêts géopolitiques. Ces entités, qui opèrent sous couvert de journalisme indépendant, d’activisme politique ou de recherche, occultent leurs affiliations, ce qui rend difficile de distinguer les efforts authentiques en faveur du changement des opérations secrètes au service du régime.
Depuis près de six décennies, l’OMPI, que les deux dictatures de Téhéran ont investi beaucoup d’énergie, de fonds et de temps pour éliminer et diaboliser, se distingue comme un fervent défenseur du changement de régime en Iran. Malgré les politiques et les priorités changeantes des puissances mondiales, ce mouvement est resté inébranlable dans sa mission, soulignant son engagement sincère à apporter la liberté et la démocratie pour le peuple iranien. C’est pourquoi tout Etat sérieux et attentionné qui se soucie de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient, non seulement refuse de tomber dans le piège des opérations sous fausse bannière de Téhéran, mais considère l’organisation comme un repère pour distinguer la bonne politique à suivre.