vendredi, mars 29, 2024
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L’OMPI, « l’ennemi le plus puissant et le plus apte du régime iranien »

L’OMPI, "l'ennemi le plus puissant et le plus apte du régime iranien"

Par Sedighe Shahrokhi 

The National Interest a publié un article sur l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI), rédigé par Ilan Berman, vice-président de l’American Foreign Policy Council à Washington DC.

L’article, le 4 juillet 2019, intitulé « Making Sense of The MeK », indique : « Même selon les normes notoirement acrimonieuses de la politique d’opposition iranienne, l’OMPI est une entité controversée, trop souvent mal comprise par les responsables politiques américains et diabolisée par ses rivaux. Mais c’est aussi un élément important de toute discussion sérieuse sur l’avenir de l’Iran, comme celle qui se déroule actuellement à Washington, alors que la campagne de « pression maximale » de l’administration Trump contre la République islamique se met sérieusement en place. »

L’article interroge : « Qui sont les Moudjahidine exactement ? L’Organisation a une histoire politique particulièrement difficile qui remonte à l’époque pré-révolutionnaire de l’Iran. »

Il rappelle que l’OMPI a été fondée au milieu des années 1960 en tant que mouvement pour la « justice sociale » et qu’au début des années 1970, elle s’était lancée dans une vaste campagne contre ce qu’elle considérait comme le pouvoir tyrannique et corrompu du Shah Mohammed Reza Pahlavi. L’OMPI a joué un rôle clé dans l’intensification du soulèvement politique qui a finalement conduit à la déchéance du Shah.

L’article affirme que dans le cadre de sa consolidation post-révolutionnaire du pouvoir, Khomeiny s’est retourné contre l’OMPI, « lançant une vaste répression contre les membres et les partisans du groupe. Le Guide Suprême des mollahs et ses ouilles ont qualifié l’OMPI – qui ne soutenait pas les diktats religieux de plus en plus draconiens du pouvoir théocratique – de déviation idéologiques et d’« incrédules », et les ont mis sur la touche dans la République islamique naissante.

« La période qui a suivi a vu la répression généralisée contre l’OMPI par les loyalistes de Khomeiny, une campagne de violence qui a duré des années et qui a culminé avec le massacre de quelque trente mille prisonniers politiques en 1988 ».

Il souligne le rôle de l’OMPI dans la formation de la coalition d’opposition du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), puis son rôle en Iran contre le régime des mollahs :

« Mais elle a également poursuivi ses activités anti-régime en Iran, où elle était devenue l’ennemi le plus puissant et le plus apte du régime théocratique, « l’ennemi public numéro un » des ayatollahs de l’Iran. »

« Mais l’OMPI est également importante pour une autre raison : son rôle intégral dans la dénonciation des activités malveillantes de Téhéran à l’échelle mondiale. Au début des années 2000, le groupe a donné au monde son premier véritable aperçu de l’effort nucléaire alors très secret du régime, lançant ainsi un effort de près de deux décennies de la part de la communauté internationale pour empêcher un Iran nucléaire. Depuis lors, l’OMPI a continué à fournir à la communauté internationale des informations sur le fonctionnement interne de la République islamique, de l’empire financier tentaculaire des Gardiens de la révolution (pasdaran) aux capacités informatiques croissantes du régime. »

« Les responsables américains reconnaissent que l’OMPI a largement contribué à notre compréhension de la menace contemporaine posée par la République islamique. »

L’article souligne que le CNRI a « un plan élaboré pour un régime provisoire qui dirigera le pays pendant le semestre que durera la période transitoire » suivant la chute du régime actuel de l’Iran et menant à un Iran démocratique et laïque. Maryam Radjavi, l’actuelle dirigeante politique de l’organisation et son visage public, présidera ce dispositif. »

« En 2002, le CNRI a publiquement appelé à la formation d’un Front de solidarité nationale contre le régime des mollahs et a annoncé qu’il était « prêt à coopérer avec d’autres forces politiques » à condition qu’elles cherchent une forme de gouvernement républicain et s’engagent à rejeter la théocratie actuelle au pouvoir en Iran. Sa plateforme contemporaine, présentée pour la première fois par Radjavi il y a une dizaine d’années, s’articule autour de dix concepts fondamentaux :

 

Programme de Maryam Radjavi pour l'Iran de demain

Premièrement, des élections fondées sur le principe du suffrage universel ;

Deuxièmement, un système politique pluraliste avec la liberté de rassemblement, la liberté d’expression et le respect des libertés individuelles ;

Troisièmement, l’abolition de la peine de mort ;

Quatrièmement, la séparation de la religion et de l’État et l’interdiction de la discrimination religieuse ;

Cinquièmement, la pleine égalité des sexes pour les femmes en Iran ;

Sixièmement, la modernisation du système judiciaire iranien, l’élimination de la charia et des réformes qui prévoient un éventail de protections juridiques modernes ;

Septièmement, l’adhésion à la Déclaration universelle des droits de l’homme et à d’autres instruments internationaux qui consacrent la protection de la population et l’engagement à l’égalité de toutes les nationalités (en particulier l’autonomie du Kurdistan iranien) ;

Huitièmement, la protection de la propriété privée, de l’investissement et de l’emploi, et le soutien à une économie de marché ;

Neuvièmement, une politique étrangère fondée sur le principe de « coexistence pacifique » avec d’autres pays ;

Dixièmement, le rejet du développement nucléaire et de la possession d’armes de destruction massive dans leur ensemble.

« L’annonce faite ce printemps par le ministère iranien du Renseignement de l’arrestation de plusieurs centaines de militants de l’OMPI et la reconnaissance répétée par de hauts responsables iraniens du rôle clé de l’OMPI dans les soulèvements de ces 18 derniers mois donnent du poids à l’affirmation de l’OMPI selon laquelle sa longue histoire de « résistance » ne serait simplement pas possible sans un large soutien interne, affirme l’article. « Cette Résistance s’est d’ailleurs clairement traduite par un prix extraordinairement élevé. Selon les responsables de l’OMPI, quelque 120 000 membres et sympathisants du groupe seraient morts aux mains des mollahs depuis 1979. »