
Un étudiant de 20 ans originaire d’Ahvaz s’est immolé par le feu après que des agents municipaux aient commencé à démolir le kiosque de sa famille. Il est actuellement en soins intensifs avec de graves brûlures, tandis que les forces de sécurité bouclent l’hôpital et que les procureurs mettent en garde le public contre toute « exploitation » de l’affaire.
Quelques jours plus tard, selon des informations, un employé du gouvernement à Lorestan, Kourosh Kheiri, est décédé après un acte similaire. Deux tragédies, un même schéma : des moyens de subsistance menacés, la force l’emportant sur le respect de la loi, et un État plus soucieux de contenir la colère que de s’attaquer aux causes profondes.
De la démolition au désespoir à Ahvaz
Le 2 novembre 2025, des agents municipaux du parc Zeytun d’Ahvaz ont commencé à démolir le kiosque de la famille Baledi. Des groupes de défense des droits humains rapportent que l’opération s’est déroulée en l’absence du propriétaire, tandis que l’étudiant, Ahmad Baledi, et sa mère sont restés à l’intérieur en signe de protestation. Des témoins cités par Karun décrivent la brutalité avec laquelle la mère a été traitée avant d’être expulsée ; quelques instants plus tard, Ahmad s’est immolé par le feu et a été transporté d’urgence à l’hôpital Talaghani avec des brûlures au troisième degré sur environ 70 % de son corps.
Les flammes qui ont consumé le corps d’Ahmad, étudiant de 20 ans et enfant de la ville d’Ahwaz, ont, certes, bouleversé le cœur de tous — mais c’est un feu qui finira par consumer les racines du régime des mollahs.
Alors que les dirigeants du régime clérical et les commandants du… pic.twitter.com/dqAi0ngGQp— Maryam Radjavi (@Maryam_Rajavi_F) 7 novembre 2025
Son père, Mojahed Baledi, affirme avoir supplié les agents d’arrêter. Il allègue qu’un agent municipal s’est moqué de la menace de son fils – « Brûle, on va voir comment tu brûles » – tandis que la démolition se poursuivait. Il décrit le kiosque comme la seule source de revenus de la famille depuis 21 ans, permettant de subvenir aux besoins de six enfants, dont deux sont à l’université.
Le 6 novembre, des proches et des habitants se sont rassemblés devant l’hôpital, rencontrant le gouverneur provincial et exigeant le licenciement et la poursuite des responsables municipaux impliqués.
Avertissement du procureur et arrestations
Alors que la solidarité grandissait, le parquet du Khuzestan a publié un communiqué s’engageant à agir « de manière décisive, sans indulgence » contre quiconque utiliserait l’incident pour « inciter au sentiment ethnique » ou « troubler l’ordre public ». Les autorités ont promis une enquête « précise et exhaustive ». Le moment choisi – et les tactiques visibles à l’hôpital – ont clairement montré la priorité : le confinement avant tout.
#Iran: Death of a Contractor Due to Self-Immolation. https://t.co/9OSbC56iaO pic.twitter.com/Ps3834CT8O
— NCRI-FAC (@iran_policy) 16 août 2017
Ce message a été renforcé par des arrestations. Selon des informations indépendantes, au moins trois militants et journalistes arabes d’Ahvaz – Hassan Salamat, Javad Saedi et Sadegh Al-Boushoukeh – ont été arrêtés pour avoir couvert cette affaire. D’autres sources suggèrent que ce nombre pourrait être plus élevé. Parallèlement, les autorités ont restreint les contacts avec la famille, renforçant le cordon de sécurité autour de l’hôpital Talaghani.
L’attitude de l’État – qui met en garde la population tout en bouclant un service des grands brûlés – témoigne de sa crainte d’une réaction plus large au Khuzestan, une province marquée par une longue histoire de griefs et de répression. La promesse d’une enquête contraste fortement avec les arrestations.
Un deuxième cas et une tendance plus générale
Des informations du 7 novembre indiquent que Kourosh Kheiri, chauffeur au département de l’éducation du Lorestan, est décédé environ deux semaines après s’être immolé par le feu, sous la pression économique et psychologique. Son cas a été cité, tout comme celui d’Ahmad, par des médias qui ont mentionné des exemples antérieurs d’automutilation parmi les travailleurs confrontés à des licenciements, des salaires impayés ou des mesures coercitives.
#Iran: The Shocking Narrative of Self-Immolation of Municipality Worker
Zamel Azarbaijan, a worker who died of self-immolation as he was protesting in front of Abadan’s municipality building, died Sunday, May 26, 2018 at the hospital. https://t.co/14dZH6s4qh #IranProtests pic.twitter.com/O4x2gbJqLc— NCRI-FAC (@iran_policy) 2 juin 2018
Il ne s’agit pas de cas isolés. Depuis des années, les organisations de défense des droits humains et les médias locaux ont recensé de nombreux cas d’immolation par le feu et de suicide liés à des difficultés économiques – des détails que votre rapport mentionne sans toutefois énumérer chaque cas. Le point commun est le désespoir face à des responsables dont le premier réflexe est la force ou le déni.
À Ahvaz, les proches et les voisins ont simplement demandé des comptes : publier l’ordre de démolition, expliquer le fondement juridique, suspendre les personnes impliquées et engager des poursuites si nécessaire. La réponse officielle a jusqu’à présent été un avertissement concernant le maintien de l’ordre public et une restriction de l’information.
Des précédents et ce qu’ils révèlent
La leçon est claire : lorsque les institutions ne parviennent pas à résoudre les griefs, les gens prennent des mesures désespérées que les autorités ne peuvent pas empêcher par la seule répression.
Au Lorestan, le décès de Kourosh Kheiri après deux semaines d’agonie souligne les enjeux qui dépassent le Khuzestan. Province différente, mêmes causes : pression financière, indifférence officielle et une sphère publique où l’information est contrôlée avant même que les responsabilités ne soient établies.
C’est pourquoi l’hôpital d’Ahvaz était important. Le cordon de sécurité, les arrestations, la menace du procureur – tout cela était un pari sur le fait que la peur l’emporterait sur le chagrin. Cela fonctionne rarement longtemps.
Impunité et colère grandissante
Il n’y a aucune voie crédible vers la justice ici. Les « enquêtes approfondies » s’accompagnent d’arrestations, les hôpitaux sont bouclés par les forces de sécurité et les ordres de démolition restent secrets. Le système n’est pas conçu pour établir les faits, mais pour les dissimuler. Chaque affaire devient un point de ralliement local qui perdure bien au-delà des gros titres. À Ahvaz et au Lorestan, le deuil se transforme en mémoire collective, un symbole de la manière dont le pouvoir traite les pauvres. Plus la compassion est criminalisée, plus le cercle de personnes qui se sentent personnellement concernées s’élargit.
#IRAN: People protest mounts against fuel price hike,motorcycle driver commits self-immolation http://t.co/l8uRTniISc pic.twitter.com/AulwUqkfnD
— NCRI-FAC (@iran_policy) 27 mai 2015
Personne ne peut prédire l’étincelle, mais les conditions sont évidentes. Mohamed Bouazizi en Tunisie n’était pas « inévitable » avant de le devenir ; l’Iran accumule les mêmes ingrédients explosifs : des vies précaires, une répression brutale, des tentatives de dissimulation qui échouent. L’ère des téléphones. Si un nom comme Ahmad Baledi ou Kourosh Kheiri devient ce raccourci, l’étincelle sera allumée par l’expérience vécue – et la peur de l’État suggère qu’il en est conscient.

