mercredi, septembre 27, 2023
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Représentante du CNRI : le simulacre d’élection en Iran n’était pas une réforme

Représentante du CNRI : le simulacre d'élection en Iran n'était pas une réforme

Soona Samsami, la représentante du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) aux Etats-Unis a écrit un article dans The Hill, soulignant le fait que le président du régime iranien Hassan Rohani n’était pas fondamentalement différent des alliés du guide suprême du régime Ali Khamenei.

Elle écrivait mardi :

« Le régime iranien a organisé deux séries d’élections lors de la dernière semaine de février. En Occident, certains voient les élections comme un premier test de puissance pour le président des mollahs Hassan Rohani après la signature de l’accord sur le nucléaire l’an dernier. Leur optimisme est alimenté par les vastes potentialités économiques et humaines que constitue l’Iran. Ils sont plutôt confiants, en considérant que l’accord sur le nucléaire permettra de réformer le régime en renforçant la position des ‘réformateurs’ dans le camp de Rohani ».

Mais il n’y a aucune raison de penser que Rohani est fondamentalement différent des « inconditionnels » dirigés par le guide suprême Ali Khamenei. Et il n’y a aucune raison de croire qu’il s’agisse de véritables élections en Iran. Au contraire, Rohani est en accord complet avec Khamenei sur les grands thèmes de la politique intérieure et extérieure, en dépit de quelques différences tactiques.

Khamenei exerce un contrôle total sur le contrôle et la sélection des candidats aux élections. Seuls ceux qui ont démontré une « allégeance sincère et réelle » pour le chef suprême (Khamenei lui-même) peuvent se présenter aux élections après avoir été examinés par le Conseil des Pasdaran, composé de 12 membres, dont les membres sont directement ou indirectement nommés par Khamenei.

Pour les élections de février, seulement 55 % des candidats inscrits ont été autorisés à se présenter pour le parlement. La plupart des candidats alliés de Rafsandjani et de Rohani ont été rejetés. Et dans l’Assemblée des experts, ce sont seulement 166, parmi plus de 800 qui ont candidaté pour les 88 sièges de l’Assemblée des experts – une moyenne de deux candidats en lice pour chaque siège, avec un seul candidat pour certaines villes).

En somme, les élections iraniennes sont une imposture, puisque le chef suprême choisit lui-même les candidats, en ne prenant que ceux qui lui sont fidèles et sont fidèles au régime théocratique qui manque de légitimité depuis sa fondation en 1979.

Le noyau du régime est l’institution du pouvoir religieux absolu, qui rejette la volonté populaire. Le degré de ramollissement ou de modération d’un tel système n’a pas d’incidence significative sur la trajectoire sociopolitique et économique fondamentale de l’Iran.

A la veille des élections, Khamenei a exclu de nombreux membres des factions rivales par le Conseil des Pasdaran. Au même moment, Rohani n’a montré aucune volonté de résister à l’abattage politique de Khamenei, en raison de l’absence de mandat populaire.

Comme Khamenei est le pilier du régime, la remise en cause de son autorité signifie que l’ensemble du régime a été affaibli, y compris la faction de Rohani. Il est important de noter que Rafsandjani et Rohani n’ont pas gagné en force compte tenu de l’affaiblissement de Khamenei.

Khamenei et Rohani sont terrorisés par les protestations populaires. Khamenei a personnellement supervisé la purge impitoyable des factions rivales, mais n’est pas parvenu à surmonter la crise qui secoue son régime. Les avertissements quotidiens des responsables du régime au sujet d’une « sédition plus dangereuse que celle de 2009 », référence claire au soulèvement populaire 2009 qui a secoué le fondement du régime, a exposé les craintes de Téhéran d’un autre soulèvement national.

Voilà pourquoi Khamenei a publié des décrets religieux absurdes (fatwas) déclarant le vote comme une obligation religieuse. Il a même dit que « la participation des femmes aux élections ne nécessite pas le consentement de son mari ». Il voulait encourager les fidèles au régime et leurs familles à participer aux élections.

Malgré toute l’ingénierie électorale et la fraude, en dépit du fait qu’un jour avant l’élection, le ministre de l’Intérieur du régime a déclaré : « nous estimons le taux de participation à 70 % », le régime a annoncé plus tard un taux de participation de 50 % dans la capitale, à Téhéran.

Ce nombre a été atteint grâce au trucage à grande échelle, à l’intimidation de certains secteurs de la société, et à la menace des employés de l’État en leur promettant des « conséquences graves » s’ils n’allaient pas voter. Les agents du régime ont également acheté des votes et des certificats de naissance, ont voté avec des certificats de naissance de défunts, et ont voté plusieurs fois en allant de ville en ville. Ils ont annoncé à la télévision publique que les cartes d’identité sans photo étaient acceptables pour aller voter !

Après tout cela, les alliés de Rohani n’ont pas l’air si différents de Khamenei. La liste des candidats à l’Assemblée des experts a par exemple été approuvée par Hassan Rohani et Akbar Hashemi Rafsanjani, ainsi que l’actuel ministre du renseignement, ses deux prédécesseurs, et Ali Razini, l’administrateur général du pouvoir judiciaire et un juge de la charia. Ils sont tous accusés de violations flagrantes des droits, notamment à cause de l’exécution de milliers de dissidents.

Le résultat de l’élection n’entraînera pas de sérieux changements à la situation politique et économique du peuple iranien. Le régime a globalement perdu car Khamenei est plus faible et Rohani n’est pas plus fort. Les vrais gagnants sont les Iraniens qui ont longtemps rejeté la théocratie et réclament une république démocratique, laïque et non-nucléaire. Il est temps que le reste du monde les soutienne.

Mme Samsami est la représentante du CNRI, le Parlement en exil de l’Iran, aux Etats-Unis.