mercredi, novembre 12, 2025
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Les enfants perdus d’Iran : Des dizaines de milliers d’élèves sacrifiés lors de la guerre Iran-Irak

Les enfants perdus d'Iran : Des dizaines de milliers d'élèves sacrifiés lors de la guerre Iran-Irak
Des enfants soldats iraniens alignés avant d’être envoyés au front pendant la guerre de huit ans contre l’Irak

Article de 3 minutes

Chaque septembre, les salles de classe iraniennes devraient retentir des rires des enfants et de l’enthousiasme d’apprendre. Au lieu de cela, le début de l’année scolaire évoque un souvenir douloureux en Iran: les dizaines de milliers d’écoliers qui ne sont jamais revenus. Sous le régime de Ruhollah Khomeini, fondateur du régime, des élèves ont été contraints de quitter leurs bancs d’école pour rejoindre les champs de bataille de la guerre Iran-Irak. Leur mort constitue l’un des crimes les plus odieux de l’histoire du régime iranien, et leur absence continue de hanter la société iranienne. Même les médias pro-gouvernementaux reconnaissent aujourd’hui « environ 36 000 martyrs étudiants », un chiffre repris par des hauts fonctionnaires à la télévision publique iranienne. Le commandant de la force aérospatiale des Gardiens de la Révolution, Amir-Ali Hajizadeh, a déclaré que « près de 20 % » des morts de la guerre étaient des étudiants – une admission relayée par les médias pro-régime.

Les médias iraniens pro-gouvernementaux soulignent également l’extrême jeunesse des victimes de la guerre. En 2022, Borna News a cité un responsable municipal des anciens combattants de Téhéran affirmant que « plus de 72 % des martyrs avaient moins de 23 ans », avec un total de 225 000 martyrs, 574 000 anciens combattants blessés et 43 000 prisonniers de guerre. Un gouverneur local d’Azerbaïdjan oriental a déclaré à Akhbar Bonab que 48 % des martyrs avaient moins de 25 ans et 85 % moins de 30 ans.

Une génération envoyée à la mort
La guerre Iran-Irak, prolongée par Khomeini pour préserver son pouvoir, est devenue un champ de bataille pour la jeunesse iranienne. La propagande d’État glorisait le conflit comme une « Sainte Défense », mais derrière ce discours se cachait une réalité brutale : des enfants étaient envoyés au front comme chair à canon. Beaucoup ont été utilisés dans des assauts humains ou envoyés pour déminer les champs de mines.

Ce qui aurait dû être des années d’études et de croissance est devenu des années de sacrifice forcé. Des interviews d’un témoin présent sur le front et d’un commandant des Gardiens de la Révolution pendant la guerre, publiées par le média d’État Ensafnews, confirment la présence de mineurs en zone de combat et décrivent comment certains jeunes ont falsifié leurs documents d’identité ou obtenu des autorisations frauduleuses pour rejoindre le front, tandis que de nombreux commandants tentaient d’affecter les moins de 16 ans à des tâches logistiques.

Pour contextualiser, ce même rapport reproduit des extraits de l’annuaire statistique de la Fondation des Martyrs, indiquant que 42 à 44 % des « martyrs » recensés avaient entre 16 et 20 ans. Ce chiffre global inclut également les victimes civiles des bombardements, et ne reflète donc pas le nombre exact de décès de jeunes combattants.

Le rôle des directives de Khomeiny
À l’époque, Ruhollah Khomeiny, en tant que Guide suprême, avait publié un décret stipulant que les étudiants n’avaient pas besoin de l’autorisation parentale pour rejoindre le front. Cette fatwa autorisait de facto le recrutement d’enfants pour la guerre. Le régime avait précédemment admis que plus de 45 000 jeunes étudiants étaient morts, mais les chiffres officiels récents ont été ramenés à 36 000, une tentative de minimiser l’ampleur de la tragédie.

Que ce soit 36 ​​000 ou 45 000, le crime reste le même : le sacrifice systématique d’enfants pour alimenter une guerre qui aurait dû prendre fin bien avant. Cependant, la réalité sur le terrain était hétérogène : les vétérans et les commandants iraniens interrogés par Ensafnews affirment que les unités interdisaient souvent l’accès aux moins de 16 ans et exigeaient l’autorisation parentale pour les 16-17 ans, mais les jeunes arrivaient tout de même au front par des « voies de recrutement parallèles » ou par falsification de documents.

Un crime qui continue de marquer le régime
Le meurtre de milliers d’étudiants pendant la guerre Iran-Irak est plus qu’une tragédie historique ; c’est un rappel constant du mépris du régime pour la vie humaine. En sacrifiant ses plus jeunes citoyens pour des gains politiques, le régime a démontré qu’il n’avait aucun scrupule dans sa quête de pouvoir. Aujourd’hui, alors que les étudiants iraniens entrent en classe, la propagande du régime cherche à masquer ce crime, mais le souvenir persiste dans le cœur de chaque famille endeuillée et dans la conscience collective du peuple iranien.

Les étudiants tués pendant la guerre Iran-Irak restent un reproche silencieux mais puissant adressé au régime clérical. Leur souvenir nous rappelle que les crimes du régime iranien ne sont pas limités au passé : ils se perpétuent sous différentes formes aujourd’hui. Avec la réouverture des classes en Iran, les salles de classe incarnent à la fois l’espoir d’un avenir meilleur pour le pays et le poids d’une histoire qui exige justice.