jeudi, mars 28, 2024
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Le cabinet de Raïssi : Signe des menaces croissantes du régime

Le Majlis (Parlement des mollahs) a récemment reçu une liste de noms de personnes susceptibles d’être nommées au gouvernement par le président Ebrahim Raïssi, récemment « sélectionné » par le régime. Raïssi a été investi pour entamer son premier mandat de quatre ans le 5 août. Il y a peu de doutes quant à la confirmation de ces nominations par le Majlis, dont on s’attend à ce qu’il agisse comme une sorte de tampon pour les politiques que Raïssi mettra en place au cours des prochains mois. Sa « sélection » du 18 juin s’inscrit dans le cadre d’un processus de consolidation du pouvoir au sein du régime qui a véritablement commencé avec le simulacre d’élections législatives de février 2020.

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Le boycott électoral a été alimenté par la sensibilisation du public aux antécédents de Raïssi, y compris non seulement sa direction du système judiciaire après la répression de novembre 2019, mais aussi son rôle de premier plan dans un massacre de prisonniers politiques qui a eu lieu plus de trois décennies auparavant.

En tant que procureur adjoint de Téhéran en 1988, Raïssi a fini par jouer un rôle de premier plan dans la « commission de la mort » qui a été créée dans la capitale à la suite d’une fatwa du fondateur du régime, Ruhollah Khomeini. Cette fatwa déclarait que les membres et les partisans du mouvement d’opposition, l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI), « menaient une guerre contre Dieu » et que quiconque restait sympathisant de l’OMPI devait être exécuté sommairement. Plus de 30 000 prisonniers politiques ont été mis à mort en l’espace de trois mois environ. Raïssi a été personnellement chargé d’étendre sa juridiction au-delà de Téhéran lorsque Khomeini a déterminé que son enthousiasme pour la peine capitale contribuerait à corriger la « faiblesse du système judiciaire ».

Who is Ebrahim Raisi, a candidate in Iran presidential election and an executioner in 1988 massacre

Le successeur de Khomeini avait apparemment le même objectif en tête lorsqu’il a annoncé en 2018 que Raïssi serait à la tête de l’ensemble du pouvoir judiciaire. En ordonnant ensuite à Raïssi de prendre en charge la branche exécutive, Khamenei semblait mettre un accent similaire sur la « force » par la répression à tous les plus hauts niveaux du régime des mollahs.

Raïssi a été remplacé au poste de chef du pouvoir judiciaire par son adjoint Gholamhossein Mohseni Ejei, qui a lui-même commis des violations des Droits de l’Homme et qui est donc actuellement sanctionné par les États-Unis et l’Europe.

Entre ces mesures et la prise de contrôle du Majlis, Khamenei a largement atteint son objectif tout en préparant le terrain pour un nouveau déferlement des activités malveillantes habituelles de Téhéran. Les nominations ministérielles en cours de Raïssi ne feront que renforcer cette tendance, avec des conséquences non seulement pour les cibles habituelles de la répression intérieure, mais aussi pour la communauté internationale.

Avant même l’investiture de Raïssi, il y avait des signes évidents d’une escalade de la belligérance des mollahs à l’égard des pays régionaux et occidentaux. Vers la fin du mois de juillet, un drone iranien chargé d’explosifs a frappé le pétrolier commercial Mercer Street dans le golfe d’Oman, tuant deux membres d’équipage.

Cet incident s’inscrivait dans le cadre d’un projet beaucoup plus vaste, mené par le Corps des gardiens de la révolution islamique (pasdaran), visant à contrarier la navigation dans et autour du golfe Persique, mais c’était le premier cas connu d’un tel acte causant la mort de marins civils. Cinq jours plus tard, des hommes armés iraniens ont abordé, mais finalement relâché un autre pétrolier près du port de Fujairah, aux Émirats arabes unis.

Les pasdaran sont très bien représentés dans la liste des futurs conseillers du gouvernement de Raïssi. Le ministre désigné du Renseignement, Esmail Khatib, a des années d’expérience au sein de la branche du renseignement de l’organisation paramilitaire radicale du régime, et le futur ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, avait des liens étroits avec le célèbre commandant de la force Qods affiliée aux pasdaran, Qassem Soleimani, qui a été tué en Irak en janvier 2020 par un drone américain.

Le choix de Raïssi pour le poste de ministre de l’Intérieur, Ahmad Vahidi, a précédé Soleimani dans le rôle de principal agent terroriste de Téhéran. Il fait l’objet d’un mandat d’arrêt actif d’Interpol, en rapport avec son rôle présumé dans l’attentat à la bombe de 1994 en Argentine.

Pour diriger le ministère de la Culture, Raïssi a désigné Mohammad Mehdi Esmaili, une personne dont les contributions antérieures à la diffusion de la propagande via les médias officiels iraniens lui ont valu d’être qualifié de « visage de la révolution » par les dirigeants des pasdaran.

Même le futur ministre de la Santé de Raïssi, Bahram Einollahi, était auparavant un adjoint clinique des pasdaran. Cette affiliation est de mauvais augure pour le peuple iranien, qui continue de souffrir des épidémies de Coronavirus, exacerbées par les politiques du régime, qui confient notamment la distribution des vaccins à des sociétés écrans des pasdaran. Cet arrangement a conduit à ce qu’une grande partie de l’offre déjà limitée de vaccins en Iran se retrouve sur le marché noir à des prix exorbitants, puis est achetée par les riches et les personnes bien placées, tandis que les citoyens ordinaires restent extrêmement vulnérables.

Une plus grande influence paramilitaire sur le gouvernement est la toute dernière chose dont l’Iran a besoin, mais c’est l’une des premières choses que les experts ont anticipé après que Khamenei a commencé à installer ses favoris à des postes supposés élus. La nomination de Raïssi en tant que président a souligné la nécessité d’une politique plus affirmée de la part de la communauté internationale. Parmi les outils potentiels d’une telle intervention figurent les sanctions Magnitsky contre les auteurs connus de violations des Droits de l’Homme, tels que Raïssi et certains membres de son cabinet. Des enquêtes formelles sur ces abus pourraient également contribuer à remettre en cause l’impunité de Téhéran.