
Un nouveau rapport de renseignement accablant, publié par l’Office bavarois pour la protection de la Constitution (Verfassungsschutz Bayern), a révélé le recours massif du régime iranien au terrorisme d’État, à l’espionnage et à des agents mandataires en Europe, et notamment en Allemagne, tout en identifiant le Centre islamique de Hambourg, désormais interdit, comme le principal centre de propagande du régime sur le continent.
Le rapport de 2024 ne laisse aucun doute sur les intentions malveillantes de Téhéran. « Les services de renseignement iraniens utilisent des outils terroristes d’État pour atteindre leurs objectifs », affirme-t-il sans détour. Ces opérations ne se limitent pas à la surveillance. « Les services de renseignement iraniens mènent souvent des activités qui servent à préparer des actes de terrorisme d’État, notamment des enlèvements, voire des assassinats.»
Le rapport souligne que Téhéran ne compte pas uniquement sur ses propres agents. « Dans de tels cas, le régime iranien déploie des intermédiaires – souvent des individus liés à des gangs ou des réseaux criminels – à des fins d’espionnage ou d’action directe », révèle le document.
Le Centre islamique de Hambourg interdit, principal organe de propagande de Téhéran
Au cœur des opérations d’influence de l’Iran en Europe se trouvait le Centre islamique de Hambourg (Islamisches Zentrum Hamburg, IZH), que le rapport identifie comme « la plus importante représentation officielle du régime iranien en Allemagne et l’un de ses principaux pôles de propagande en Europe ».
En juillet 2024, le gouvernement allemand a officiellement interdit l’IZH et ses organisations affiliées à la suite d’enquêtes et de perquisitions approfondies lancées fin 2023. Le ministère bavarois de l’Intérieur a souligné que l’Association islamique de Bavière à Munich opérait comme une branche de l’IZH et entretenait des liens étroits avec le centre basé à Hambourg. Le centre a longtemps servi de canal pour diffuser l’idéologie radicale iranienne et exporter les principes de la dictature cléricale sous la supervision du Guide suprême du régime.
Le rapport souligne que le chef de l’IZH était traditionnellement « un juriste islamique certifié nommé par le ministère iranien des Affaires étrangères et représentant du Guide suprême en Europe centrale ». Cette configuration révèle à quel point l’Iran avait profondément ancré son idéologie d’État, en particulier la doctrine khomeiniste, dans ses opérations européennes.
Exportation de la théocratie et constitution de milices
Les responsables du renseignement bavarois soulignent que le régime de Téhéran se considère non seulement comme un État-nation, mais aussi comme le centre idéologique d’un projet révolutionnaire transnational. « L’exportation de la Révolution islamique et le soutien aux communautés chiites à l’étranger, notamment au Moyen-Orient, font partie des objectifs stratégiques de l’Iran », explique le rapport.
Cette stratégie d’exportation a historiquement inclus la Force Al-Qods du CGRI, responsable des opérations militaires au-delà des frontières iraniennes, notamment la création et l’armement de milices mandatées comme le Hezbollah au Liban dans les années 1980. Le rapport bavarois met également en garde contre le fait que les Gardiens de la révolution iraniens continuent de servir de principal vecteur pour atteindre ces objectifs.
Le ministère iranien du Renseignement (VEVAK), l’Organisation du renseignement du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI-IO) et la Force Qods sont tous cités dans le rapport comme des acteurs majeurs impliqués dans l’espionnage international et les opérations secrètes.
Illustrant de manière frappante l’influence et l’audace de Téhéran, le ministère allemand des Affaires étrangères a réagi à l’exécution d’un ressortissant allemand par le régime en fermant les consulats iraniens de Francfort, Munich et Hambourg en 2024. Le rapport confirme que ces missions diplomatiques ont servi de « résidences légales » (couvertures diplomatiques) pour les opérations de renseignement iraniennes.
Un régime fondé sur la répression, masqué par la religion
Le rapport bavarois expose également les fondements idéologiques des activités du régime iranien. Le rapport constitue un avertissement sévère non seulement sur les actions de Téhéran à l’étranger, mais aussi sur la véritable nature de son système au pouvoir : une théocratie brutale qui s’appuie sur la coercition, la tromperie et la violence, non seulement pour réprimer la dissidence sur son territoire, mais aussi pour faire taire ses opposants à l’étranger.
Alors que l’Allemagne et d’autres États membres de l’UE réévaluent leurs relations diplomatiques et sécuritaires avec le régime iranien, les conclusions de Bavaria montrent clairement une chose : l’apaisement n’est pas une option. La présence de Téhéran en Europe n’est pas anodine, c’est une menace.