mercredi, septembre 11, 2024
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Iran : Un responsable des pasdaran évoque les échecs de la propagande de Téhéran

Iran : Un responsable des pasdaran évoque les échecs de la propagande de Téhéran

Dans une déclaration révélatrice, un haut responsable du « Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran » (CGRI ou pasdaran) a par inadvertance révélé l’utilisation intensive de la propagande et de la guerre psychologique par le régime pour manipuler l’opinion public. Ali Mohammad Naïni, porte-parole et chef adjoint des relations publiques du CGRI, a reconnu : « Toutes ces rumeurs et le fait d’ignorer les conditions visent à influencer la société, et si nous ne menons pas des opérations médiatiques opportunes et efficaces, nous serons confrontés à des problèmes. Tout comme dans le cas de l’avion ukrainien abattu, des problèmes entourant la police des mœurs et d’autres cas où nous n’avons pas mené d’opération médiatique appropriée, l’ennemi a exploité ces conditions. »

Les commentaires de Naïni font référence à la tentative du CGRI de dissimuler son rôle dans la destruction de l’avion de ligne ukrainien PS752 le 8 janvier 2020. L’avion a été abattu par des missiles du CGRI, tuant les 176 personnes à bord. Au départ, le régime a tenté de dissimuler son implication, invoquant des défaillances techniques ou d’autres facteurs externes. Cependant, sous l’immense pression mondiale et l’indignation généralisée sur les réseaux sociaux, le CGRI a fini par admettre sa responsabilité. Cet aveu a entraîné une réaction mondiale importante et des protestations nationales, endommageant encore davantage la réputation déjà terne du régime.

De même, la mention de la « police des mœurs » par Naïni fait référence aux manifestations nationales qui ont éclaté après la mort de Mahsa Amini en septembre 2022. Amini, une jeune femme kurde, est morte en détention après avoir été arrêtée par la police des mœurs iranienne pour avoir prétendument violé le code vestimentaire strict du pays. La nouvelle de sa mort a déclenché un soulèvement massif et prolongé dans tout l’Iran, avec des personnes de tous horizons exigeant un changement de régime. Les manifestations, qui ont duré plusieurs mois, ont ébranlé l’ensemble du régime.

Naïni a souligné l’importance d’avoir une opération médiatique bien planifiée, faisant référence à un récent événement de dévoilement d’équipements du CGRI où, selon lui, le régime a exécuté avec succès une stratégie médiatique avec des retours positifs.

Le plus révélateur est peut-être la reconnaissance par Naïni de l’efficacité décroissante des stratégies de censure systématique du régime : « L’ennemi a aujourd’hui lancé une guerre hybride contre la République islamique d’Iran dans les dimensions économique, politique, psychologique et culturelle, le champ de bataille le plus crucial étant le champ cognitif. Si l’ennemi ne réussit pas dans le domaine cognitif, il ne peut remporter aucune victoire. »

Cet aveu révèle une préoccupation croissante au sein du régime quant à sa capacité à influencer la perception du public dans un contexte de défis externes et internes croissants. Le directeur adjoint des relations publiques du CGRI a souligné le rôle essentiel des agents des médias dans la promotion des objectifs du régime, établissant un parallèle avec sa propre expérience de la propagande pendant la guerre Iran-Irak. Naïni a souligné que, malgré le fait que les opérations médiatiques du régime disposaient de moins d’outils pendant la guerre, elles étaient efficaces. Il a toutefois reconnu que le paysage médiatique actuel est beaucoup plus complexe et nécessite des stratégies et des outils plus sophistiqués.

La référence de Naïni ni à la diffusion massive de fausses informations par le biais des médias contrôlés par le régime, des réseaux mandataires, des groupes de pression, des plateformes non officielles dans les pays occidentaux et d’une vaste cyber-armée souligne la dépendance du régime à la propagande pour maintenir son influence. Il suggère que si ce réseau massif de désinformation fonctionne plus efficacement, il atténuerait de nombreux défis pour Téhéran.

Ces dernières années, les médias indépendants et les observateurs internationaux sont devenus de plus en plus conscients des opérations de tromperie et des tactiques de propagande de l’Iran. Depuis des décennies, le régime a réussi à tromper les gouvernements occidentaux sur la véritable nature de ses programmes nucléaires et balistiques, à cibler ses ennemis stratégiques dans la région et dans le monde, et à diaboliser sa principale menace : un mouvement alternatif global à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Iran.

La machine de propagande iranienne a infiltré les principaux médias occidentaux, manipulé des pages Wikipédia, pollué les plateformes de médias sociaux et lancé des cyberattaques par l’intermédiaire de divers groupes de pirates informatiques pour atteindre ses objectifs. Ces opérations font partie d’une stratégie plus large visant à contrôler le récit, à occulter la vérité et à maintenir l’emprise du régime sur le pouvoir.

La reconnaissance récente par le régime de l’importance des opérations médiatiques, en particulier dans le domaine cognitif, souligne le rôle central de la propagande dans sa stratégie de survie. Cependant, à mesure que des voix et des médias plus indépendants dénoncent ces tactiques, l’efficacité de la campagne de désinformation de Téhéran s’accroît.

Les tensions pourraient continuer à s’éroder, mettant encore plus à mal la capacité du régime à maintenir son discours et son contrôle sur le peuple iranien et la perception internationale.