lundi, avril 21, 2025
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Iran : Khamenei aurait émis une fatwa aux milices irakiennes face aux pressions américaines

Iran : Khamenei aurait émis une fatwa aux milices irakiennes face aux pressions américaines
Les milices irakiennes (Hash al Shaabi) défilent dans les rues pour une démonstration de force

Alors que les États-Unis et le régime en Iran se préparent à reprendre les négociations nucléaires indirectes à Oman ce week-end, Sky News Arabia, citant un rapport d’Asharq Al-Awsat, a révélé que le guide suprême du régime iranien, Ali Khamenei, avait émis une discrète directive religieuse aux milices irakiennes l’année dernière. Cette fatwa verbale, prononcée à l’automne 2024 par l’intermédiaire d’une délégation de personnalités politiques chiites, autorisait les milices à suspendre leurs attaques contre les forces américaines à titre de manœuvre tactique, tant que l’influence plus large de Téhéran en Irak demeure intacte. Il maintient publiquement son attitude agressive tout en cherchant en privé à éviter la confrontation dans le cadre de négociations sensibles.

Selon un rapport d’envergure d’Asharq Al-Awsat, Khamenei a émis l’année dernière une fatwa verbale à l’intention des représentants des groupes chiites pro-iraniens en Irak, les autorisant à éviter de provoquer des attaques américaines, à condition de ne pas compromettre l’influence politique de Téhéran à Bagdad. Cette fatwa, décrite comme une doctrine de « contrôle des dégâts », a été interprétée comme un feu vert à « zéro opération » contre les forces américaines, du moins pour l’instant.

« Ce sont les factions qui décident du sort de leurs armes », a déclaré un haut commandant d’une milice chiite. « Cela dépend de ce qui sert au mieux les intérêts de la région, et non de la décision d’une quelconque puissance étrangère. »

Le rapport confirme que le commandant de la Force Al-Qods, Esmaïl Qaani, a laissé une petite équipe iranienne à Bagdad pour superviser la mise en œuvre des ordres de Khamenei et gérer les conflits internes face à la pression américaine croissante. « La priorité est désormais de protéger les forces pro-Wilayat al-Faqih au sein du système politique irakien », a déclaré un dirigeant politique chiite à Asharq Al-Awsat. « Ils pourront toujours réactiver les milices ultérieurement si un désarmement s’avère nécessaire. »

Parallèlement, Washington a intensifié ses exigences. Le 9 avril 2025, l’administration Trump a remis une nouvelle lettre à Bagdad, réitérant son insistance sur le désarmement et la démobilisation complets de toutes les factions paramilitaires échappant au contrôle du gouvernement, y compris les Forces de mobilisation populaire (FMP). La lettre appelait également au démantèlement des usines de fabrication de drones et au transfert de toutes les armes à un organisme supervisé par le gouvernement et approuvé par les États-Unis.

« La position américaine est sans ambiguïté », a déclaré un responsable irakien au courant des discussions. « Ils souhaitent que la menace des milices soutenues par l’Iran soit neutralisée, non seulement pour le moment, mais pour les années à venir, ou du moins pendant le mandat actuel de Trump. »

La fatwa de Khamenei semble avoir été conçue pour gagner du temps et apaiser les tensions sans pour autant renoncer au contrôle stratégique. Des sources irakiennes indiquent que la fatwa a été transmise verbalement à une délégation de chefs de milices à l’automne 2024. Interrogé sur la validité de la justification religieuse des attaques contre des cibles américaines et israéliennes, Khamenei a simplement répondu : « Éviter les dommages prime. »

Ce principe de « prévention des dommages » est désormais devenu un sujet de discussion central dans les cercles irakiens pro-iraniens. « L’objectif », selon un haut responsable d’une milice, « n’est pas de désarmer définitivement, mais d’éviter de déclencher un conflit susceptible de faire dérailler les négociations. »

Au sein du Cadre de coordination irakien – une coalition de partis chiites alignés sur l’Iran –, le débat interne est passé du désarmement à la survie politique. La stratégie actuelle, décrite avec cynisme par un initié, revient à « sacrifier le fœtus pour sauver la mère » : préserver l’assise politique de Téhéran, même si certaines milices sont temporairement mises à l’écart.

Pourtant, des divisions subsistent. Certains puissants dirigeants chiites se demandent s’il est judicieux de continuer à « mettre tous les œufs dans le panier de Téhéran », d’autant plus que les déploiements militaires américains dans la région se multiplient. D’autres préviennent que le retrait calculé du régime pourrait bientôt laisser place à une nouvelle escalade en cas d’échec des négociations.

« Un changement est en cours », a admis un commandant affilié aux FMP. « Nous sommes pris entre la loyauté politique iranienne et les pressions sécuritaires et économiques américaines. Au final, nous aurons le choix entre deux issues : rendre les armes ou mettre à nouveau la région à feu et à sang. » Selon les analystes, la duplicité du régime iranien est une fois de plus flagrante : il affiche un engagement idéologique tout en manœuvrant avec pragmatisme pour survivre. Même si Téhéran affiche une modération tactique par des canaux détournés, il conserve un contrôle ferme sur ses intermédiaires régionaux. Les observateurs préviennent que les dirigeants religieux ne démantèlent pas leur appareil, mais préservent plutôt leurs options en cas d’échec des négociations avec Washington.