mercredi, septembre 11, 2024
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Iran : Des documents révèlent les luttes intestines du régime; pourquoi Shamkhani a été viré du CSSN ?

Iran : Des documents révèlent les luttes intestines du régime; pourquoi Shamkhani a été viré du CSSN ?

Le 29 mai, un groupe d’opposants iraniens connu sous le nom de « Ghyam Sarnegouni », ou « le soulèvement jusqu’au renversement », a annoncé avoir pris le contrôle de plusieurs sites Web et serveurs du régime, notamment les serveurs de la Présidence de la République du régime. Au cours de l’opération, le groupe a publié de nombreux documents classifiés, mettant en lumière certains côtés sombres de la théocratie au pouvoir en Iran.

Le groupe a également réussi à contourner les mesures de sécurité numérique du régime et à remplacer les photos d’Ali Khamenei et d’Ebrahim Raïssi par les images de Massoud Radjavi, le dirigeant de la Résistance iranienne, et de Maryam Radjavi, la présidente-élue du CNRI. En outre, sur divers sites Internet les images dégradées de Khamenei et Raïssi ont symbolisé le rejet généralisé du despotisme.

Les dates des documents obtenus et publiés par le groupe indiquent que les serveurs ciblés de la Présidence de la République du régime ont été infiltrés sur le long terme, indiquant que l’effort n’était pas ponctuel.

Parmi les nombreux documents obtenus et publiés par ce groupe figure une lettre de Raïssi à Ali Shamkhani, le secrétaire récemment évincé du Conseil suprême de sécurité nationale (CSSN). Bien qu’il y ait eu de nombreuses spéculations concernant le retrait de Shamkhani du plus haut poste de sécurité du régime, la lettre confirme qu’il a été démis de ses fonctions dans la montée des conflits internes des mollahs.

Dans cette lettre, Raïssi critique Shamkhani pour n’avoir donné que des rapports « descriptifs et analytiques » sur les révoltes qui ont éclaté en septembre, ajoutant que le CSSN devrait proposer « une méta-analyse, une solution et une action pour résoudre les problèmes ».

Raïssi s’en prend également à Shamkhani pour avoir contredit le récit de Khamenei selon lequel les manifestations populaires n’étaient que de « petits incidents provoqués par l’ennemi ».

La lettre affirme : « En bref, la méta-analyse du guide suprême sur les récentes émeutes était que ‘le pays était sur la voie du progrès et surmontait les obstacles’. L’ennemi a compris que les sanctions ne nous ont pas arrêtés, alors ils se sont tournés vers le chaos. Si le Secrétariat du CSSN accepte cette analyse, pourquoi n’en a-t-il rien dit dans ses nombreux rapports et pourquoi n’y a-t-il aucun indice reflétant ce point de vue ?»

La lettre remet également en cause les rapports du CSSN sur la situation et affirme qu’ «outre la surprise initiale due à l’absence de renseignement au sujet des évènements du 23 septembre, notamment les émeutes du 26 octobre, ainsi que les grèves et les émeutes des 15, 16 et 17 novembre ; aucune prédiction et prévention n’ont été faites, et l’analyse était basée uniquement sur des estimations générales et imprécises et des appels sur les médias sociaux ».

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Dans cette lettre, Raïssi rappelle à Shamkhani que « le Conseil suprême de sécurité et les autres agences de Renseignement et de sécurité doivent anticiper les événements, pour fournir des prévisions et façonner l’avenir… Malheureusement, ces derniers mois, les rapports ont surtout décrit les événements de rues et n’attendent qu’à découvrir les dispositifs surprenants des ennemis. »

La lettre demande également au chef récemment démis du CSSN que, « Dans certains de vos rapports les incohérences et les lacunes des systèmes de renseignement du pays ont été pointé du doigt, Comment votre Excellence entend les fixer ? Si les directives du CSSN n’ont pas été mises en œuvre, qui faut-il interroger et quelle sont les garanties pour la mise en œuvre des directives du Conseil ? »

Enfin, Raïssi a rappelé à Shamkhani que « conformément aux attentes du Guide suprême, nous ne devons pas nous limiter à décrire uniquement la situation, mais nous devons également trouver des solutions et prendre des mesures pour résoudre les problèmes et les lacunes ; il faut respecter les exigences que cela comporte ».

Khamenei avait vainement cherché à consolider son pouvoir en imposant ses pions au parlement et en nommant Raïssi comme président du régime. Mais la montée des tensions entre Shamkhani et Raïssi n’ont cessé d’émerger depuis le début de la présidence de Raïssi.

Un décret signé par Ebrahim Raïssi nomme Ali Akbar Ahmadian à la tête du Conseil de sécurité nationale à la place de Shamkhani. L’ordre de la destitution a été donné par Khamenei.

Le Conseil suprême de sécurité nationale des mollahs est responsables de la gestion des questions cruciales, y compris la politique étrangère et l’instabilité en interne, et ne répond qu’à Khamenei. Par conséquent, tout désaccord entre Shamkhani et Raïssi ont des implications dangereuses pour la cohésion du régime. La lettre expose l’intensification des conflits internes et des crises au sein du régime