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Pourquoi Khamenei a éliminé Hassan Rohani de l’élection en Iran

Pourquoi Khamenei a éliminé Hassan Rohani de l’élection en Iran

Le 24 janvier, le site officiel de Hassan Rohani, ancien président du régime iranien, a déclaré : « Selon une annonce faite par un responsable du Conseil des Gardiens, les religieux de ce conseil n’ont pas approuvé l’éligibilité de Dr. Hassan Rohani pour sa candidature aux prochaines élections pour l’Assemblée des experts. Cette décision sera également officiellement déclarée par l’intermédiaire du ministère de l’Intérieur. »

La disqualification humiliante de Rouhani souligne la détermination d’Ali Khamenei de purger le système et de consolider son pouvoir en vue de se préparer aux défis en interne et sur le plan international qui se profilent à l’horizon.

Au cours des 40 dernières années, Hassan Rohani a occupé les plus hautes fonctions politiques et sécuritaires du régime iranien. Son palmarès comprend cinq mandats au Parlement, trois mandats (24 ans) en tant que membre de l’Assemblée des experts, 16 ans en tant que secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale et deux mandats (huit ans) en tant que Président du régime. Ces entécédents rendent sa disqualification plus significative que l’exclusion d’Ali Larijani lors du spectacle électoral précédent.

Jusqu’à son récent rejet par le Conseil des Gardiens, Rohani avait plaidé en faveur de la participation aux élections de mars, s’alignant sur les exigences de Khamenei et considérant les urnes comme la seule option pour préserver le régime. Cependant, sous ordre de Khamenei le Conseil des Gardiens a rejeté son éligibilité à participer aux élections de l’Assemblée des experts.

Dans le but d’atténuer temporairement le choc des factions mécontentes et de ceux qui s’identifient comme réformistes, le porte-parole du Conseil des Gardiens a annoncé : « Les noms des candidats aux élections de l’Assemblée des experts n’ont pas encore été annoncés au ministère de l’Intérieur. Les résultats des évaluations seront soumis au ministère de l’Intérieur d’ici la fin de la journée. »

Cependant, dès que Rohani a eu vent de sa disqualification, il a eu recours à des menaces et à des insinuations : « Si nous devions mener un sondage auprès du peuple et lui demander des renseignements, la majorité de la société dirait sans aucun doute, « Que signifient les élections ? Le temps des élections est révolu. »

Le 17 janvier, mettant en garde contre sa disqualification, Rohani avait déclaré : « C’est la première fois que je vois une minorité au pouvoir avoir un point de vue similaire à celui de la majorité du peuple. La minorité au pouvoir souhaite que les élections se déroulent dans le calme, afin que personne ne se rende aux urnes, et c’est également ce que souhaite la majorité des gens. Les forces contre-révolutionnaires veulent aussi que ce soit calme. Chacun d’eux le voit de son propre point de vue. La minorité au pouvoir voit sa survie dans le calme des urnes. Si les urnes sont bondées, ils perdront. »

D’un autre côté, des responsables proches de Khamenei ont menacé de recourir à des mesures juridiques et à des poursuites contre Rohani. Nasrollah Pejmanfar, président de la Commission Article 90 du Parlement, a déclaré : « Nous avons de nombreux dossiers concernant des violations au sein du gouvernement de Rohani au sein de la Commission Article 90, et notre approche a été de poursuivre ces affaires par des voies autres que les médias. Supposons toutefois que Rohani et son équipe choisissent de poursuivre leur manipulation et de créer un environnement hostile, dans ce cas, nous informerons le public des mauvaises conduites antérieures du gouvernement par le biais des médias. »

Le journal Kayhan, dont l’éditorial et est dicté par le bureau du Guide suprême, a écrit : « Si M. Rohani avait été destitué et jugé pour son incompétence et son injustice à l’égard des droits fondamentaux de la nation, il n’aurait pas une si grande gueule après deux ans. »

À première vue, les appels de Khamenei et de ses dirigeants de la prière du vendredi et leur demande d’une participation électorale maximale présentent une contradiction avec l’exclusion systématique de Rohani et de sa bande qui ont pourtant été complices des crimes du régime depuis le début. La question se pose : quel mal la présence de Rohani à l’Assemblée des experts aurait-elle pu causer à Khamenei, étant donné qu’elle est déjà composée de partisans obéissants du Guide suprême ?

Il ne fait aucun doute que Khamenei perçoit une menace potentiellement destructrice à l’horizon, qui dépasse l’importance du spectacle électoral. Khamenei a traversé les soulèvements populaires de 2017, 2019 et 2022. Il fait face à une résistance nationale qui travaille à des stratégies pour un changement de régime, canalisant la colère accumulée des masses vers cet objectif. En mlême temps il est aux prises avec une escalade des crises régionales et internationales. Face à ces défis, Khamenei ne voit d’autre alternative que de purger et consolider ses rangs en prévision des tempêtes à venir.
De ce point de vue, un examen des politiques du Guide suprême au cours des derniers mois sont parlant. Ses actions vont du bellicisme dans la région du Moyen-Orient aux interventions militaires et aux lancements de missiles vers l’Irak, le Pakistan et la Syrie et ses attaques depuis le Yémen et et la mer Rouge, en passant par l’escalade des exécutions en Iran.

Même après avoir été disqualifié, Rohani a exhorté le peuple à ne pas boycotter les élections. Ce vétéran de la sécurité semble comprendre le jeu stratégique que joue Khamenei et reconnaît que le régime a perdu le luxe de prendre des risques.