De Elaine SCIOLINO
The New York Times, 31 août (Extrait) Lagence de surveillance nucléaire mondiale a renforcé jeudi les suspicions autour du programme nucléaire de lIran, annonçant que les inspecteurs avaient découvert de nouvelles traces duranium hautement enrichi dans une usine iranienne.
Les inspecteurs avaient trouvé à deux reprises dans le passé de luranium tel que celui-ci, dont le niveau denrichissement permettrait dalimenter des bombes. LAgence internationale de lEnergie atomique a conclu quau moins certains de ces échantillons provenaient déquipements contaminés que lIran avait obtenu auprès du Pakistan.
Mais dans ce cas, les empreintes nucléaires des particules ne correspondent pas aux autres échantillons, a affirmé une personne au fait des inspections, remettant ainsi en question leur origine.
Dans son rapport de six pages remis jeudi au Conseil de Sécurité des Nations Unies, lagence na su préciser doù venaient ces particules et si elles avaient un lien avec un programme nucléaire secret.
LIran affirme que son programme nucléaire a pour unique objectif la production dénergie, qui nécessite de luranium enrichi à un degré bien plus bas que léchantillon décrit dans le rapport.
Sans surprise, le rapport confirme que lIran continuait de produire de luranium enrichi, mais uniquement à petite échelle et à un degré relativement faible, dans sa vaste usine de Natanz.
La fin de lultimatum du Conseil de Sécurité pour que lIran gèle ses activités liées à lenrichissement était fixée à jeudi. Le refus de lIran de se soumettre signifie quil risque une action punitive, probablement des sanctions économiques et politiques, imposées soit par le Conseil dans son intégralité, soit par un groupe plus petit de pays menés par les Etats-Unis.
Dans un discours à la convention nationale de lAmerican Legion à Salt Lake City, le président Bush a répété son avertissement au gouvernement iranien, déclarant que la guerre au Liban et le soutien de lIran au Hezbollah « révélaient on ne peut plus clairement que le monde faisait désormais face à une menace grave provenant du régime clérical dIran ».
Il a conclu, tout en affirmant quil était engagé à trouver une solution diplomatique au conflit avec lIran : « lattitude de défi de lIran ne doit pas rester sans conséquences et nous ne devons pas permettre à lIran de développer larme nucléaire ».
Le chef de la politique étrangère de lUnion Européenne, Javier Solana, et le négociateur nucléaire de lIran, Ali Larijani, doivent se rencontrer en Europe la semaine prochaine pour une ultime tentative de trouver une solution à cette impasse. Ensuite, les grandes puissances mondiales vont se réunir en Europe afin de discuter du cas de lIran. Mais la Russie et la Chine sont contre les sanctions et lIran fait fi de toutes les menaces, jurant de continuer ses activités nucléaires tout en demandant à négocier.
Comme dans le passé, lagence nucléaire a dépeint une image confuse et incomplète de létat dévolution du programme nucléaire iranien, soulignant les obstacles rencontrés par les inspecteurs dont laccès aux sites nucléaires iraniens leur a été refusé plus tôt cette année.
Dun côté, le rapport indique clairement que, comme la personne au fait des inspections la déclaré, « les inspecteurs nont découvert aucune preuve concrète de la nature militaire du programme nucléaire iranien ».
Dun autre côté, le rapport rappelle la confusion, les réponses évasives, la divulgation partielle dinformations et la coopération minimale avec lagence selon les obligations internationales de lIran et donne le détail de nouvelles activités suspectes.
Depuis février, lorsque lagence a renvoyé le dossier de lIran devant le Conseil de Sécurité, lIran a réduit de manière drastique laccès aux inspecteurs internationaux. Cette décision a limité voire bloqué les inspections de centaines de sites atomiques, programmes et personnel du pays, le résultat étant plus dincertitude et moins dinformations concernant les progrès de lIran dans la manipulation de luranium et du plutonium, éléments essentiels pour la production délectricité comme pour la fabrication de bombes.
Lélément le plus notable dans le rapport est la découverte de particules duranium hautement enrichi dans un conteneur dans une usine de stockage de déchets à Karaj, près de Téhéran.
Les particules ont été prélevées sur le conteneur pour des tests il y a un an, mais lagence na obtenu les résultats il y a seulement quelques semaines en raison de la capacité limitée de son laboratoire de contrôle.
Fin 2003, la découverte de traces duranium hautement enrichi en Iran avait provoqué linquiétude de la communauté internationale quant aux intentions nucléaires du pays et soulevé des questions sur la provenance de cette matière. Lautre découverte de matière radioactive plus tôt cette année na fait que redoubler les craintes.
Mais la révélation de jeudi est différente, selon les diplomates. « Cest le premier cas nayant aucun lien connu », a déclaré un diplomate européen dont lidentité ne peut être révélée en raison des règles diplomatiques. « Mais nous devons être prudents parce quavec le temps, on peut trouver une explication convaincante à ces choses, tout du moins en théorie. »
Robert Joseph, sous-secrétaire dEtat pour le contrôle des armes et la sécurité internationale, a parlé avec prudence de cette nouvelle découverte, mais a affirmé « Nous devons rester préoccupés par le fait que lIran est peut-être en train de conduire des expériences et dentreprendre la construction de machines centrifugeuses dans le dos des inspecteurs de lAIEA ».
Luranium hautement enrichi, contenant 80 pourcent de lisotope duranium-235, élément rare, est considéré comme étant capable dalimenter une bombe et de constituer le cur de larme nucléaire.
LIran affirme que son programme atomique a pour objectif denrichir de luranium à un niveau inférieur à 5 pourcent pour la production délectricité nucléaire, mais les Etats-Unis qualifient cet effort de couverture pour lacquisition dun arsenal nucléaire.
Lagence a écrit à lIran demandant une explication sur lorigine de ces particules hautement enrichies, mais na reçu aucune réponse.