De Anton La Guardia, rédacteur en chef diplomatique
The Daily Telegraph – Un hydravion furtif, un missile indétectable par les radars à ogives multiples, une torpille fusée et un missile anti-navires qui ne peut pas senrayer : chaque jour qui passe, lIran annonce un nouveau venu dans son matériel militaire.
Cette vague davancées technologiques, montrée à la télévision dans des séquences vidéo, coïncide avec de grandes manuvres militaires navales dans le Golfe portant le nom de code « Grand Prophète ».
Ces exercices qui ont lieu dans la zone du détroit dHormuz, par lequel deux cinquièmes du pétrole mondial transitent, sont vus par lOccident comme une « tentative dintimidation » alors que Téhéran fait face à une pression internationale concertée visant à faire cesser ses tentatives généralement suspectées de développement dun arsenal nucléaire.
Les responsables occidentaux pensent que les Iraniens essaient de dire à lOccident, en particulier à lAmérique et à Israël, quils peuvent répondre à toute tentative de bombardement de leurs sites nucléaires.
LIran pourrait par exemple essayer de perturber la navigation du pétrole dans le Golfe et menacer Israël avec un éventail grandissant de missiles.
« Lobjectif est plus politique et rhétorique que militaire », a déclaré une source britannique. « Je ne parierai pas sur léquipement des Iraniens sils venaient à concourir avec larmée américaine. » Le régime clérical veut également impressionner lopinion iranienne et lui dire quil reste puissant malgré les tentatives des Américains pour le déstabiliser.
De plus, il cherche à attiser la fierté nationale en annonçant que les armes sont produites par le pays, même si elles sont majoritairement basées sur de la technologie russe, chinoise et nord-coréenne.
« Il y a sans aucun doute une certaine dose de bravade dans les actes de Téhéran », a affirmé un haut responsable israélien. « Mais dans tout ce quils ont dit, il y a suffisamment de raisons pour nous de nous inquiéter. »
« Nous savons quils travaillent sur des ogives multiples. Ils prennent très au sérieux le développement de systèmes de livraison. »
LIran a annoncé vendredi dernier avoir testé avec succès un missile pouvant échapper à la détection des radars et délivrer plusieurs ogives afin de toucher plusieurs cibles.
Le général Hossein Salami, chef de la force aérienne des Gardiens de la Révolution dIran, a qualifié le développement du missile Fajr-3 (Aube-3) daccomplissement d « un objectif remarquable ».
Cependant, Ivan Oelrich, vice-président de la fédération des scientifiques américains, a déclaré : « Il est possible quils maîtrisent la technologie dogives multiples mais elle nest pas très sophistiquée. Bien que trois missiles se dirigeant vers la même cible rendent la défense plus difficile, les ogives nont pas leur propre système de guidage et les missiles transportent une charge plus légère. Il serait difficile datteindre la cible de manière efficace avec ces missiles ».
Dimanche, lIran a annoncé un autre succès : le lancement du « missile sous-marin le plus rapide du monde», se déplaçant à environ 195 nuds, soit trois fois plus vite que la torpille occidentale la plus rapide.
Le général Ali Fadavi, sous commandant des forces navales des Gardiens de la Révolution, a déclaré que larme pouvait échapper aux systèmes de sonar grâce à sa vitesse et son mouvement sous la surface. Les experts en armes affirment quil sagit probablement dune torpille à puissance de fusée soviétique connue sous le nom de Shkval.
Toutefois, elle ne peut pas suivre la trajectoire dune cible et a une portée de moins de 7 kilomètres. Un ancien commandant de la flotte russe de la mer Noire, lamiral Eduard Baltin, a déclaré que lannonce portant sur la torpille iranienne était un vrai bluff.
« Shkval nest doté daucun système de désignation de cible. Ainsi, ce nest pas une torpille à autoguidage. De plus, elle laisse une trace qui facilite sa détection et sa destruction », a-t-il expliqué.
LIran, qui ne se laisse pas abattre, a annoncé hier le lancement dun missile mer-sol baptisé Kossar. Selon la télévision iranienne, il peut échapper aux radars et son système de guidage ne peut être brouillé.
La télévision a également diffusé des séquences montrant un « hydravion super moderne », étrange appareil à une place croisé entre un hydravion et un chasseur furtif.
La télévision nationale a déclaré que cet hydravion à une hélice était capable de lancer un missile et « grâce au design avancé de la carlingue, aucun radar en mer ou en lair ne peut le localiser ».
Le commandant des gardiens de la révolution, le général Yahya Rahim Safavi, a assuré que les forces iraniennes étaient capables de « contrer toute invasion extraterritoriale ».