Par Lord Tarsem King
The Hill, 6 décembre – Les Etats-Unis et leurs alliés sont actuellement en train de négocier avec l’Iran à Genève pour mettre fin à ses projets présumés d’armes nucléaires. Mais les Etats-Unis sont confrontés à un oppressant défi de politique étrangère qui ne peut tout simplement pas attendre. La mise en place d’un gouvernement d’union nationale qui ne sera pas redevable à l’Iran est une priorité absolue.
Le président Obama maintient son engagement pour un retrait progressif dont l’économie américaine a besoin. Mais plusieurs éléments sont en jeu, à savoir ce que nous laissons derrière, la façon dont la stabilité politique sera sauvegardée après notre départ et la façon dont on empêchera l’Iran d’intervenir en l’absence des troupes.
Sous la direction du Premier Ministre Nouri al-Maliki, l’Irak a été loin d’être démocratique ces quatre dernières années. Les centaines de milliers de documents de la guerre en Irak divulgués par Wikileaks ont révélé d’innombrables cas de torture, de viols et d’assassinats commis par les forces de sécurité de Maliki.
Le gouvernement d’Obama laissait espérer que le vide laissé par les forces américaines sortantes serait comblé par le gouvernement d’unité nationale – un contrepoids autochtone à l’intrusion de forces régionales après des années de tourmente.
Plus tôt cette année, les élections parlementaires ont été gagnées par l’alternative séculière malgré une campagne fortement soutenue par l’Iran. Cependant, dédaignant les résultats, Maliki a entravé la formation du nouveau gouvernement et a ignoré la volonté des électeurs irakiens, avec le soutien de Téhéran. La formation d’un nouveau gouvernement est resté dans une impasse pendant huit mois.
Il semble désormais avoir un accord fragile pour la constitution d’un gouvernement d’unité. Le principal rival de Maliki, Iyad Allaoui, dont la liste a remporté le plus de votes aux élections, se joindra à un ce gouvernement à la tête d’un comité supervisant la sécurité nationale.
Avec un peu de chance, ce plan ne va pas échouer. C’est peut-être la dernière occasion de sauver l’Irak de la domination iranienne.
Maliki, dont le premier mandat était criblé d’arrestations arbitraires, de tortures et de monopolisations de pouvoir, ne mérite pas de faire partie du nouveau gouvernement. Il est plus un problème qu’une solution pour l’Irak. Il doit son second mandat à l’ingérence iranienne.
Parmi les informations révélées par Wikileaks, il y avait des avertissements comme quoi « l’Iran prend le contrôle de l’Irak à plusieurs niveaux du gouvernement irakien ». Le Corps des gardiens de la révolution iranien (CGR) et le Hezbollah libanais ont conjointement donné une formation à des milices chiites irakiennes près de la ville de Qom en Iran. Le régime iranien a même visé les forces américaines. Un document confirme que les attaques au mortier en 2009 sur la Zone Verte ont été effectuées par une organisation militante chiite soutenue par des dirigeants théocratiques d’Iran. C’était environ un an après que le Président Obama ait pris ses fonctions et cherché à ouvrir un dialogue diplomatique avec les dirigeants de l’Iran.
L’erreur du Président Obama a été de penser qu’il était possible de négocier avec l’Iran pour un Etat irakien sûr et stable. Nous n’avons certainement pas perdu des milliers de nos meilleurs fils et filles pour voir des despotes redevables à Téhéran prendre le pouvoir.
Maintenant, les Etats-Unis devraient révéler toutes les preuves de l’ingérence multiple de l’Iran en Irak et devraient faire de vrais efforts pour expulser de ce pays les agents du régime. Ils doivent soutenir les forces indépendantes et démocratiques de l’Irak et garantir que l’époque où Téhéran dictait la politique du gouvernement irakien est bien terminée.
Un des points à signaler, c’est la façon dont les opposants de Téhéran, les membres de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI), sont traités en Irak. En échange de son soutien pour Maliki dans la querelle politique actuelle, Téhéran cherche une autre mesure de répression sanglante au camp d’Achraf, où 3 400 membres de l’OMPI vivent en Irak. Les pressions que Maliki exerce contre Achraf sont un bon indicateur de son allégeance au régime iranien. Selon certaines informations fiables, pendant le voyage de Maliki en octobre, Saïd Jalili, le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale iranien, a donné expressément l’ordre à Maliki de mettre en œuvre de nouvelles mesures répressives contre les résidents d’Achraf. Cela devrait nous préoccuper tous.
Achraf agit comme le rempart contre l’ingérence iranienne en Irak, et des millions d’Irakiens l’ont soutenu sur cette base et sur un plan humanitaire. Des milliers de parlementaires et d’experts juridiques dans le monde ont averti que les agents de Téhéran attendent une bonne occasion pour anéantir les résidents d’Achraf. Les USA devraient reprendre la protection du camp d’Achraf. Affronter l’influence de Téhéran en Irak est un impératif humanitaire et une mesure politique de bon sens.
Le monde considère à juste titre les ambitions nucléaires de Téhéran comme un danger exigeant des sanctions internationales, mais sa menace de dominer l’Irak est toute aussi inquiétante. Ce test date d’avant l’administration Obama. Le futur de l’Irak ne devrait pas être pris à la légère.
* Lord King of West Bromwich, membre travailliste de la Chambre des Lords du Royaume Uni, fait partie du Comité parlementaire britannique pour la Liberté en Iran.