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L’engagement de désarmement de l’Iran doit être testé avant la levée des sanctions

Washington Post, 14 octobre – L’administration Obama dit attendre que les nouveaux dirigeants iraniens montrent leur sérieux pour parvenir un accord sur leur programme nucléaire, en donnant une réponse cette semaine à Genève aux propositions que les Etats- Unis et leurs partenaires ont présentée cette année. Cette proposition dont l’objectif est de créer la confiance, appelle l’Iran à geler son programme d’enrichissement d’uranium à un niveau élevé et à accepter davantage d’inspection, en contrepartie de l’assouplissement de plusieurs sanctions de second ordre, notamment l’interdiction d’utiliser l’or comme monnaie d’échange lors des transactions commerciales. Plusieurs articles, dont un a été publié dans Wall Street Journal, ont affirmé que Téhéran serait en train de préparer une offre qui répond à plusieurs de ces points, notamment la restriction du niveau d’enrichissement de l’uranium.

Si c’est le cas, ce serait le signe d’un changement majeur dans la position du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a rejeté à plusieurs reprises les deux offres intermédiaires et globales pour sortir de l’impasse du programme nucléaire de l’Iran. Mais l’administration Obama ne doit pas nécessairement s’attendre à recevoir de la part de l’Iran un «oui» en réponse, ceci n’est pas encore acquis. Cette année, l’Iran a continué à développer son infrastructure nucléaire et a fait de grands trous dans ce qui était censé être un filet de sécurité temporaire.

Il y a un an, le stock croissant d’uranium enrichi à 20 pour cent de l’Iran semblait être la pièce la plus dangereuse de son infrastructure nucléaire, parce que ce matériel pourrait rapidement être transformé en bombe. L’enrichissement de l’uranium se poursuit dans une installation souterraine qui n’aurait pas de raison d’être sauf si l’Iran voudrait y fabriquer une bombe nucléaire. La suspension ou l’arrêt des activités de cette usine et la sécurisation du matériel déjà produit, si cela avait été accepté par Téhéran il y a encore six mois, auraient atténué la menace que l’Iran produise une bombe dans un avenir proche.

Depuis lors, l’Iran a commencé à installer une nouvelle génération de centrifugeuses dans sa plus grande usine d’enrichissement à Natanz. Puisqu’ils peuvent traiter l’uranium beaucoup plus vite, ces nouvelles machines sont capables d’enrichir l’uranium au delà de la limite des 20 pourcent. Par ailleurs, un nouveau réacteur à Arak qui utilise la technologie de l’eau lourde, devrait être achevé l’année prochaine et pourrait permettre à l’Iran de produire du plutonium susceptible d’être utilisé dans des bombes.

Tout accord avec l’Iran, même un arrangement provisoire, doit tenir compte de ces faits nouveaux. Aucun allégement des sanctions ne devrait être accordé à moins que l’Iran prenne des mesures décisives pour réduire son potentiel à produire le noyau d’une ogive nucléaire. Cela signifie que les centrifugeuses de nouvelle génération et le réacteur d’Arak doivent maintenant faire partie de n’importe quel accord.

Même un tel arrangement provisoire provoquera de fortes objections de la part d’Israël. L’Etat hébreux dit qu’aucune des sanctions ne devrait être assouplies sauf si l’Iran renonçait à tout enrichissement d’uranium. Les responsables israéliens affirment que même un léger assouplissement des sanctions pourrait amener le système à s’effondrer rapidement. La Russie, la Chine, la Turquie, l’Inde et d’autres pays qui ont approuvé les sanctions à contrecœur se précipiteront dans cette brèche pour reprendre le commerce normal avec l’Iran. L’Iran pourrait tirer de cette situation assez davantage pour requinquer son économie, tout en conservant une capacité nucléaire intacte.

Toutes les difficultés d’un accord préliminaire pourraient être surmontées s’il était discuté dans un cadre plus large. L’Iran devrait dire à quel degré il est prêt à renoncer à son programme nucléaire en échange d’une levée total des sanctions. C’est un test pour le nouveau gouvernement : Est-il prêt à abandonner sa course aux armements nucléaires, de façon définitive ou bien seulement de façon provisoire ?