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Le groupe qui a aidé à vendre l’accord nucléaire avec l’Iran a également financé des médias

Le groupe qui a aidé à vendre l’accord nucléaire avec l'Iran a également financé des médias

Par BRADLEY KLAPPER,

WASHINGTON, le 20 mai 2016 (AP) – Un groupe que la Maison Blanche a récemment identifié comme un substitut clé dans la vente de l’accord nucléaire de l’Iran, a donné à la Radio Publique Nationale (NPR) 100,000 $ l’année dernière, pour l’aider à établir des rapports sur le pacte et les questions connexes, selon le rapport annuel du groupe. Il a également financé des journalistes et des partenariats avec d’autres organes de presse.

 

La mission du Fonds Ploughshares est officiellement de « construire un monde sûr et sécurisé en développant et en investissant dans des initiatives pour réduire et finalement éliminer les arsenaux nucléaires du monde », ce qui va de pair avec les efforts de contrôle des armements du président Barack Obama. Mais son rôle dans les coulisses plaidant pour l’accord de l’Iran a obtenu plus d’attention ce mois-ci après un profil franc de Ben Rhodes, l’un des principaux conseillers du président en matière de politique étrangère.

Dans l’article du New York Times Magazine, Rhodes a expliqué comment l’administration a travaillé avec des organisations non gouvernementales, des experts en prolifération et même de sympathiques journalistes pour renforcer le soutien de l’accord de sept pays qui a réduit l’activité nucléaire de l’Iran et adoucit les sanctions financières internationales sur Téhéran.

« Nous avons créé une chambre de résonance», a déclaré Rhodes, conseiller adjoint en matière de sécurité nationale, ajoutant que « des groupes extérieurs comme Ploughshares » ont aidé à faire passer efficacement le message de l’administration.

L’article du magazine a relancé la critique républicaine de l’accord de l’Iran, qui ont suggéré que c’était une preuve de la machine manipulatrice de la Maison Blanche. L’administration a accusé les opposants d’essayer de rediscuter l’accord après avoir échoué à l’anéantir lors des votes du Congrès l’année dernière.

Les groupes extérieurs de tous bords donnent de plus en plus d’argent à des organes de presse pour des projets spéciaux ou pour la couverture médiatique générale. La plupart des organes de presse, y compris l’Associated Press, ont des règles strictes indiquant de qui ils peuvent accepter de l’argent et comment protéger l’indépendance journalistique.

Le soutien de Ploughshares est plus inhabituel, compte tenu de son rôle important dans le débat rancunier et partisan sur le contrat de l’Iran.

La subvention de Ploughshares à la NPR a soutenu « reportages sur la sécurité nationale qui mettent l’accent sur les thèmes de la politique américaine en matière d’armes nucléaires, du programme nucléaire iranien, des sujets de la sécurité nucléaire internationale, et de la politique américaine à propos de la sécurité nucléaire », selon le rapport annuel de 2015 de Ploughshares, récemment publié en ligne.

« C’est une pratique courante pour les fondations de financer la couverture médiatique d’histoires moins rapportées », a déclaré la porte-parole de Ploughshares, Jennifer Abrahamson. Le financement « n’influence en aucune façon le contenu éditorial de leur couverture, pas plus que nous ne le voulons ».

Ploughshares a financé la couverture de la NPR concernant la sécurité nationale depuis 2005, a affirmé le réseau de radiodiffusion. Les rapports de Ploughshares montrent au moins 700 000 $ en financement pendant cette période. Tous les types de subventions depuis 2010 mentionnent spécifiquement l’Iran.

« C’est un précieux partenariat, sans aucune condition de la part de Ploughshares sur notre rapport spécifique, au-delà des grandes questions de sécurité nationale et nucléaire, de politique nucléaire et de non-prolifération », a déclaré la NPR dans un communiqué envoyé par courriel. « Comme avec tout le soutien reçu, nous avons en place un processus de pare-feu éditorial rigoureux, pour assurer que notre couverture est indépendante et n’est pas influencée par les bailleurs de fonds ou des intérêts particuliers. »

Les législateurs républicains auront néanmoins des préoccupations, d’autant plus que le Congrès approvisionne la NPR avec une petite partie de son financement. Cette semaine seulement, le Comité de surveillance de la Chambre dirigé par le GOP a essayé d’appeler Rhodes à une audition intitulée « Les récits de la Maison Blanche sur l’accord nucléaire de l’Iran,», mais il a refusé.

Les liens de Ploughshares avec les médias sont « extrêmement troublants », a déclaré le député Mike Pompeo du Kansas, une critique du contrat de l’Iran.

Pompeo a dit à l’AP, qu’il a demandé à plusieurs reprises l’année dernière une interview à la NPR comme un contrepoids face à un partisan démocratique de l’accord, le député Adam Schiff de la Californie, dont on dit qu’il intervient régulièrement à l’antenne. Mais, il a déclaré que la NPR a refusé de mettre Pompeo à l’antenne. La station de radio a affirmé qu’elle n’avait aucune trace des demandes de Pompeo, et a énuméré plusieurs éminents républicains qui ont été présentés, parlant de l’accord ou des sanctions économiques contre l’Iran.

Un autre qui est intervenu sur la NPR est Joseph Cirincione, président de Ploughshares. Il a parlé des négociations au moins deux fois l’an dernier à l’antenne. La station radio a identifié Ploughshares comme un bailleur de fonds de la NPR l’une de ces fois ; l’autre fois, elle ne l’avait pas fait.

Ploughshares se vante d’aider à sécuriser la transaction. Alors que le succès a été « entraînée par le leadership intrépide de l’administration d’Obama et de ses partisans au Congrès ». La présidente du conseil, Mary Lloyd Estrin, a écrit dans le rapport annuel : « moins connu est le rôle absolument essentiel que la société civile a joué pour faire pencher la balance vers cette extraordinaire victoire de la politique. »

Le document de 33 pages énumère les groupes que Ploughshares a financé l’année dernière pour faire avancer son programme de non-prolifération.

L’Arms Control Association a obtenu 282,500 $ ; la Brookings Institution, 225,000 $ ; et le Conseil de l’Atlantique, 182,500 $. Ils ont reçu de l’argent pour les analyses liées à l’Iran, les séances d’information et de sensibilisation des médias, et l’absence d’activité nucléaire de l’Iran.

D’autres groupes, moins directement définis par leur expertise nucléaire indépendante ont également obtenu des subventions.

J-Street, le groupe libéral d’action politique juif, a reçu 576,500 $ pour plaider en faveur de la transaction. Plus de 281,000 $ sont allés au Conseil National Irano-Américain.

L’Université de Princeton a obtenu 70,000 $ pour soutenir l’ancien ambassadeur iranien et « les analyses, les publications et l’engagement des décideurs politiques du porte-parole nucléaire Seyed Hossein Moussavian sur l’ensemble des éléments impliqués dans le règlement négocié du programme nucléaire de l’Iran ».

Ploughshares a aussi jeté son dévolu sur d’autres organes de presse.

Dans un « Rapport sur la stratégie culturelle » publié sur son site web, le groupe a présenté un objectif plus large visant à « assurer une couverture régulière et précise des questions nucléaires dans des médias stratégiques et de bonnes réputations » tels que The Guardian, Salon, le Huffington Post ou Pro Publica.

Les efforts précédents ont échoué à générer une couverture suffisante, a-t-il noté. Ceux-ci incluent « le financement des journalistes de The Nation et Mother Jones et un partenariat avec le Centre pour l’Intégrité Publique en vue de créer un bureau de sécurité nationale. » Il a suggéré d’utiliser « les vidéos web, les podcasts, les romans-photos » et d’autres « formats accrocheurs » pour « recadrer de façon créative le problème. »

Le Directeur Général du Centre pour l’intégrité publique, Peter Bale, a confirmé la subvention.

« Aucun des fonds reçus par Ploughshares n’était pour la couverture de l’accord d’Iran » a déclaré Bale, dont la société a reçu 70,000 $. « En général, nous avons évité ce sujet parce qu’il ne se prêtait pas au type de rapports d’enquête du Centre. »

Caitlin Graf, porte-parole à The Nation, a affirmé que son établissement n’avait aucun partenariat avec Ploughshares. Elle a renvoyé des requêtes à The Nation Institute, une organisation à but non lucratif associé au magazine qui cherche à renforcer la presse indépendante et faire progresser la justice sociale. Taya Kitman, directeur de l’institut, a présenté le rapport sur la subvention annuelle de Ploughshares concernant la politique des États-Unis-Iran, mais le contrôle éditorial strict a été maintenu.

Le département des médias de Mother Jones n’a pas répondu à plusieurs messages demandant des commentaires.

L’AP a pris des subventions de groupes apolitiques et de fondations de journalisme comme la Fondation Knight. Comme avec toutes les subventions, « l’AP conserve le contrôle éditorial complet du produit des nouvelles finales, qui doit satisfaire pleinement les normes de l’AP pour l’indépendance et l’intégrité », a déclaré l’éditeur des normes Thomas Kent.