samedi, juillet 27, 2024
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La révolte de Polytechnique marque une nouvelle étape en Iran

 CNRI – Lundi 23 février, l’Ecole Polytechnique de Téhéran a été la cible d’un raid d’une rare violence des forces de sécurité. Elles ont fait 70 prisonniers et laissé derrière elles 60 étudiants blessés. Il s’agit de l’opération la plus répressive sur un campus universitaire, sous le mandat d’Ahmadinejad, le président des mollahs.

 

CNRI – Lundi 23 février, l’Ecole Polytechnique de Téhéran a été la cible d’un raid d’une rare violence des forces de sécurité. Elles ont fait 70 prisonniers et laissé derrière elles 60 étudiants blessés. Il s’agit de l’opération la plus répressive sur un campus universitaire, sous le mandat d’Ahmadinejad, le président des mollahs.

C’est une cérémonie de « funérailles » qui a tout déclenché. Le régime avait décidé d’enterrer des ossements de cinq victimes de la guerre Iran-Irak dans la cour de la haute école, prétexte devant servir à implanter la milice paramilitaire du Bassidj pour s’emparer de Polytechnique, un bastion de la protestation. Fait sans précédent, Khamenei, le guide suprême des mollahs, s’était même fendu d’un message spécial pour parer à toute opposition des factions internes sur cette « cérémonie ».

Deux jours auparavant, les services de sécurité avaient préparé le terrain. Un dispositif policier était mis en place, frappant une vingtaine d’étudiants d’interdiction d’entrée à la faculté et de plusieurs arrestations, pour écarter des protestations éventuelles à cet enterrement.

Lundi, une chape de plomb s’est abattue sur Polytechnique, comme si avec les ossements, c’était tous les étudiants que le régime souhaitait enfouir sous terre. La milice du Bassidj, un bataillon de pleureurs, une horde de mollahs, entourés d’une nuée de gardiens de la révolution, de matraqueurs du Ansar Hezbollah, et d’agents de renseignement déferlent sur l’école. Armés de couteaux, de coups de poing américain, de chaînes et de gaz lacrymogène, ils accompagnent les ossements. Une partie d’entre eux parcours la distance entre l’université de Téhéran et l’école polytechnique en procession, se frappant la poitrine et hurlant des slogans. Un carnaval macabre qui sème la peur sur son passage.

Contre toute attente, les étudiants se rebellent. La colère monte, les cris éclatent, les pancartes surgissent, les slogans retentissent. Un cortège de protestation vient briser l’office d’inhumation aux cris de « A bas le dictateur ». Surprises, les troupes du régime blêmissent, hésitent, paniquent. Soudain, les pasdaran et les miliciens abandonnent les os au bord de la fosse. Furieux ils se ruent sur les étudiants, suivis par le reste de la horde, armée jusqu’aux dents. La charge est violente.

Les témoins rapportent que les services de renseignement sont allés chercher les étudiants blessés dans les hôpitaux et dans les commissariats. Ils ont envoyé ceux qu’ils ont attrapés à la prison d’Evine. Jusqu’à présent, une liste de 25 noms a été établie par les réseaux de la résistance.

Le lendemain de ces affrontements, le ministère du renseignement, le Vevak, a opéré des descentes aux domiciles de nombreux étudiants pour les arrêter. Ils ont brisé portes et fenêtres à coups de hache et de machette, répandant l’effroi. Khamenei avait un besoin urgent de rasseoir son autorité. Les deux semaines précédentes, des protestations avaient éclaté dans tout le pays : Grèves d’enseignants à Chiraz, Kermanchah et Ispahan, protestations étudiantes à Téhéran et Ispahan, une tentative de rassemblement de fidèles de la minorité religieuse des Darviches Nematollahi devant le Majlis (parlement) à Téhéran que les forces de sécurité étouffent dans l’œuf en faisant 67 arrestations. Tout ça en quelques jours, pour commencer le mois d’Esfand, le dernier mois de l’année persane, avant le 21 mars qui marque le Nouvel An en Iran. Ces trois dernières semaines aussi, quatre personnes se sont immolées par le feu en signe de protestation devant le Majlis et le bureau de la présidence du régime. Un cri qui a bouleversé l’opinion publique.

Il est certain que la population a trouvé un nouvel élan dans les victoires qu’a affiché la Résistance : l’annulation de l’étiquette terroriste des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI), la principale opposition aux mollahs, et la persévérance des résistants de la Cité d’Achraf, qui abritent 3500 membres de l’OMPI en Irak. Une double étincelle qui a allumé une trainée de poudre dans la situation explosive de la société iranienne.