Inquiète au sujet des projets nucléaires de Téhéran, ladministration Bush tente de construire une opposition à la théocratie.
The Washington Post De Peter Baker et Glenn Kessler Tandis que le conflit provoqué par son programme nucléaire arrive aujourdhui au Conseil de Sécurité des Nations Unies, lIran devient la première préoccupation de ladministration Bush et de ses plans de sécurité nationale pour une campagne soutenue contre les ayatollahs de Téhéran.
Le président Bush et son équipe se réunissent en petit comité et en sessions à huis clos au sujet de lIran, demandant les conseils des intellectuels, sinvestissant dans les activités de lopposition, créant un bureau de lIran à Washington et ouvrant des postes découte à létranger, tout ceci faisant partie de leur campagne contre Téhéran.
Le débat interne au sein de ladministration qui faisait rage pendant le premier trimestre et qui opposait ceux qui étaient en faveur dun engagement plus important avec lIran et ceux qui préféraient une confrontation, semble au deuxième trimestre penché plus du côté du dernier camp. Bien que les responsables de ladministration nutilisent pas lexpression « changement de régime » en public, cest bien là lobjectif quils cherchent à atteindre en construisant une résistance contre la théocratie.
« Nous faisons probablement face au plus grand défi quun pays nous ait jamais lancé, et il vient de lIran », a affirmé la secrétaire dEtat Condoleezza Rice lors dune audition au Sénat la semaine dernière. « Nous navons aucun problème avec la population iranienne. Nous voulons que les Iraniens soient libres. Cest le régime iranien notre problème. »
Dans des réunions privées, Bush et ses conseillers sont plus explicites. Les membres du conseil de surveillance de Hoover Institution qui ont rencontré il y a deux semaines Bush, le vice-président Cheney et le conseiller national à la sécurité Stephen J. Hadley sont sortis avec limpression que ladministration avait adopté une politique plus sévère vis-à-vis du gouvernement iranien.
« Le message que nous avons reçu est quils ont lintention de séparer le peuple iranien du régime », a expliqué Esmail Amid-Hozour, homme daffaires iranien américain membre du conseil de Hoover.
« Cest le camp qui réclame un changement de régime qui prend le dessus sur celui en faveur de plus de diplomatie », a déclaré Richard N. Haass, qui en tant que directeur de la planification du département dEtat pendant le premier mandat de Bush, faisait partie de ceux qui demandaient plus dengagement.
Mais tandis que ladministration se prépare, lIrak fait toujours de lombre à cette lutte contre lIran. Les fausses informations sur les armes de Saddam Hussein ont constitué un défi à la crédibilité des USA qui veulent convaincre le public et le monde que ladministration a raison cette fois à propos de lIran. Après sêtre aliénée ses alliés européens dans la course à la guerre en Irak, ladministration poursuit une approche multilatérale plus lente. Les forces américaines étant déployées, les experts se demandent jusquà quel point la solution militaire serait réalisable si elle devait être mise en uvre.
Il est frappant de voir limportance de la question iranienne au sein de ladministration. Bush, selon ses conseillers, consacre plus de temps à cette affaire et ses assistants ont invité 30 à 40 spécialistes pour des consultations ces derniers mois.
Ces dernières semaines, le département dEtat a créé un bureau de lIran. Lannée dernière, seulement deux personnes dans le département travaillaient à plein temps sur lIran ; elles seront désormais 10. Le département organise des formations en langue farsi et envisage une filière carrière iranienne, ce qui est difficile en raison de labsence dune ambassade dans le pays.
Le sous-secrétaire dEtat R. Nicholas Burns a déclaré dans une interview que le département allait également renforcer son personnel à Dubaï, qui fait partie des Emirats Arabes Unis, ainsi que dans dautres ambassades proches de lIran, toutes ayant pour mission dobserver lIran. Il a qualifié lantenne à Dubaï d « équivalent au 21e siècle » de la base Riga à Latvia qui surveillait lUnion Soviétique dans les années 1930 lorsque les Etats-Unis navaient pas dambassade à Moscou.
Ladministration a également lancé un programme de 75 millions de dollars en faveur de la démocratie en Iran pour étendre la diffusion démissions dans le pays, financer des organisations non gouvernementales et promouvoir les échanges culturels. Des émissions américaines diffusées une heure par jour en Iran vont passer à quatre heure par jour en avril et ladministration projette datteindre 24 heures par jour. Mais ladministration a essuyé un revers la semaine dernière lorsque les législateurs ont réduit le budget de 19 millions de dollars principalement pour les opérations de diffusion.