vendredi, mars 29, 2024
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Iran : Une bataille de la liberté contre le dogme et la violence mortifère du terrorisme- Cynthia Fleury – Video

CNRI – La philosophe Cynthia Fleury, maître de conférences à l’institut d’études politiques de Paris, participait récemment à une réunion au Sénat sur le thème de « L’intégrisme islamiste, du Moyen-Orient jusqu’à nos communes: les défis et les solutions ». La  réunion était organisée par le Comité français pour un Iran démocratique, en présence de parlementaires français, du Secrétaire du Comité central de la Coalition nationale syrienne et de la présidente du Conseil National de la Résistance Iranienne. Voici le texte de son intervention :

 

« Mon propos est une parole de soutien, une parole d’estime pour le combat que mène la résistance iranienne. En avril 2015 la Sous-commission sur le terrorisme et la non-prolifération et le commerce de la chambre des représentants des États-Unis a reçu Mme Radjavi, leader depuis 36 ans de la résistance iranienne contre l’intégrisme religieux et dictatorial. C’est une victoire immense quand on sait que les États-Unis ont tardé à retirer l’OMPI, en 2012, de la liste américaine des organisations terroristes. Il faut le souligner. Une nouvelle ère s’ouvre, une ère où la manipulation de l’opinion concernant l’OMPI sera définitivement déconstruite.

Nous nous rassemblons maintenant depuis des années, ici au Sénat depuis 2007, pour commémorer, bien sûr, les massacres d’Achraf, les déplacements des Achrafiens vers le camp Liberty … pour partager ensemble les avancés diplomatiques, toujours difficiles, de l’OMPI, et surtout pour dénoncer comment l’Iran, magnifique, est la proie d’un régime intégriste, liberticide pour son peuple, et dangereux bien sûr pour la planète entière.

Nous le savons plus durement encore dans notre chaire, effectivement, depuis la menace intégriste. Cette menace est universelle et pèse sur les hommes et les femmes du monde entier et sa vigueur redouble quand nous cesserons de la dénoncer et de la mettre à nue.

Mme Radjavi le rappelait devant la Sous-commission de la chambre des représentants : ‘’Les corps couverts de sang de jeunes écolières au Pakistan, l’enlèvement de femmes et de filles innocentes au Nigeria, la décapitation de jeunes sans défense et le déplacement forcé de dizaines de milliers de personnes en Irak et en Syrie, l’effroyable massacre des sunnites, des kurdes en Irak et leur enlèvement, leur déplacement et leur réinstallation forcée, les attaques terroristes à Paris et Copenhague, l’atroce persistance et l’escalade des exécutions en Iran … tout cela nous horrifie bien évidemment, mais tout le monde aujourd’hui au Moyen-Orient, en Europe et ailleurs, est confronté à la plus grande menace de notre temps :  le défi de l’extrémisme se faisant notamment passer pour l’islam.’’

Et notre question commune aujourd’hui est de savoir comment vaincre cette propagation destructrice de la liberté de conscience, de la culture, de l’égalité entre les hommes et les femmes.

Là encore nous pouvons rappeler, avec Mme Radjavi, que dans la constitution du régime iranien, l’exportation de crises, l’exportation du terrorisme et de l’intégrisme ont été codifié dans les articles 3, 11 et 154 sous le couvert, je cite : ‘’de soutien sans relâche aux opprimés du monde et de l’unité du monde musulman.’’

Il figure au nombre des piliers de la politique étrangère du régime. Que le monde tremble et vacille dans l’intégrisme, n’est nullement neutre pour l’Iran des mollahs. C’est la stratégie extérieure qui vient renforcer la politique intérieure.

Quand les mollahs iraniens prennent la parole, c’est pour déverser leurs menaces. Un simple exemple, si récent, c’était en février 2015, et maintenant si récurrents. De nouveau, les mollahs ont rappelé, après les attentats de Charlie hebdo, que Salman Rushdie était toujours sous le coup de la fatwa de Khomeiny, prononcé en 1989. Qu’il était « un mercenaire de l’arrogance mondiale », que sa tête était toujours mise à prix pour la bagatelle de 3 200 000 $.

Les attentats de Charlie hebdo venaient de réunir l’autre partie du monde, celle de défenseurs de la liberté de conscience, et Rushdie commentait : « la religion est une forme médiévale de déraison lorsqu’elle est combinée avec l’armement. Elle devient alors une menace pour nos libertés. Ce totalitarisme religieux a provoqué une mutation mortelle au coeur de l’Islam et nous en voyons les conséquences tragiques à Paris aujourd’hui ».

 

Le Chantage des mollahs

Dernièrement j’ai été invité à parcourir l’Iran. Des membres de l’ambassade iranienne, sous couvert d’anonymat, m’ont expliqué que ma protection ne serait pas assurée, mes relations avec l’OMPI étant ce qu’elles sont. Je les remercie d’avoir, par des chemins détournés, au moins pris la peine de me prévenir de cela. Mais je dis ça effectivement pour les visites de complaisance qui accompagnent encore trop souvent la politique de complaisance que dénonçait tout à l’heure Mme Radjavi.

Pour conclure, simplement dire que ma présence ici, c’est aussi évidemment pour soutenir l’OMPI, mais c’est bien sûr pour appeler à quel point la société civile iranienne est là, elle se dresse, et pour témoigner notre solidarité. Après les attentats de Charlie, les dessinateurs iraniens, sur leur propre territoire, et les intellectuels de la diaspora iranienne ont condamné les assassins, sans restriction aucune. On pouvait lire sur les pages Instagram de satiriste Pouria Alimi : « L’humour est la ridiculisation de la stupidité ! Les gens civilisés et dotés de bon sens peuvent rire de leurs différends.  Les débiles par contre ne peuvent pas rire, ne peuvent pas parler, son incapable de régler leurs différends : ils tirent des balles. Comme de vrais débiles ils tirent sur un humoriste, sur quatre dessinateurs, sur 12 personnes civilisées et dotées de bon sens. La stupidité du stupide est toujours marrante, même si nos yeux sont débordés de l’arme ».

Le quotidien Mardomeh Emrouz, quant à lui, a pris la parole aussi sur le territoire iranien. Il n’a existé que quelques jours. Il avait eu une première parution en décembre 2014, et le titre, proches des réformateurs iraniens, a été interdit de publication le samedi 17 janvier par un ordre judiciaire. Il avait publié en sa une, n’ont pas le dessin ‘’Je suis Charlie’’, mais il reprenait une photo, c’était un chemin détourné, de l’acteur américain George Clooney, qui disait  ‘’je suis Charlie’’ à la cérémonie des Golden Globes. Mais ce journal n’est plus.

Paris, Achraf Copenhague : c’est là évidemment un même combat qui se gagne chaque jour par le biais aussi d’une bataille culturelle. C’est une bataille de la culture contre la mise à mort de la culture. Une bataille de la liberté contre le dogme, de la paix contre la violence mortifère du terrorisme. Aucune dénonciation du régime des mollahs n’est anodine et nous devons le faire surtout pour témoigner notre solidarité immense avec la société iranienne civile cadenassée sur son territoire national. »