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Iran: toujours pas de coupable, 21 ans après un terrible attentat antisémite en Argentine

Avec l’AFP – Le 18 juillet 1994, une explosion pulvérisait le bâtiment abritant les principales institutions juives d’Argentine, faisant 85 morts et 300 blessés. 21 ans plus tard, aucun coupable n’a encore été identifié pour cet attentat, le plus meurtrier de l’histoire du pays.

Vendredi, les proches des victimes se réuniront à Buenos Aires pour réclamer une nouvelle fois justice, dans ce dossier compliqué par ses accents diplomatiques, où ont été tour-à-tour évoquées la piste syrienne et l’ombre de l’Iran, tandis que deux présidents argentins, Carlos Menem et Cristina Kirchner, sont soupçonnés d’avoir entravé l’enquête.

Officiellement, l’attentat contre l’Association mutuelle juive argentine (Amia) et la Délégation des associations israélites argentines (Daia) n’est pas encore élucidé et l’enquête continue, menée par un groupe de magistrats.

La première enquête avait été émaillée d’irrégularités et au final, en 2004, après trois ans d’audience, le procès se terminait par l’acquittement de toutes les personnes poursuivies.

Désormais, dans un véritable retournement de la situation, ce sont le propre juge chargé de l’instruction du dossier de 1994 à 2003, Juan José Galeano, l’ex-président Carlos Menem (1989-1999), aujourd’hui âgé de 85 ans, et l’ancien patron des services secrets, Hugo Anzorreguy, qui vont s’asseoir sur le banc des accusés en août.

La justice leur reproche, ainsi qu’à une dizaine d’autres inculpés, d’avoir effacé des preuves après l’explosion et d’avoir rapidement écarté la piste syrienne, même si celle-ci semble avoir maintenant laissé place à l’hypothèse iranienne.

« En vérité, le plus important est que le 6 août commence (leur) procès pour avoir couvert l’attentat du 18 juillet 1994 », estime auprès de l’AFP Diana Malamud, dirigeante de Memoria activa, association regroupant des familles de victimes.

« C’est un point d’inflexion, l’opportunité de faire un peu la lumière » sur cette affaire, ajoute-t-elle.

Même la présidente Cristina Kirchner, en célébrant mardi l’accord historique sur le nucléaire noué avec l’Iran, rappelait, dans une allusion à peine voilée à ce pays, que « samedi prochain, cela fera 21 ans qu’il n’y a ni détenus ni condamnés » pour cette attaque.

– Mort suspecte du procureur –

L’histoire s’est encore compliquée avec le décès, en janvier, du procureur Alberto Nisman, après s’être apparemment suicidé avec une arme à feu. Des doutes subsistent sur les circonstances de son décès.

Ce procureur, qui avait repris le dossier après Juan José Galeno, venait justement d’accuser Mme Kirchner d’avoir couvert des dirigeants iraniens soupçonnés d’avoir commandité l’attentat.

La justice n’a finalement pas engagé de poursuites contre elle, faute de preuves, mais de nombreuses manifestations ont suivi l’annonce du décès de M. Nisman, beaucoup critiquant une mort suspecte et réclamant la vérité.

Les experts engagés par la famille du procureur ont conclu qu’il avait été tué, mais ceux de la justice n’ont pas confirmé cette version.

Pour Israël, il n’y a pas de doute : les deux attentats à Buenos Aires, celui de l’Amia comme un autre survenu en 1992 contre l’ambassade d’Israël, faisant 29 morts et 200 blessés, ont été ordonnés par le régime iranien.

Le procureur Nisman avait d’ailleurs accusé l’Iran d’être le commanditaire de l’attentat et le groupe armé libanais Hezbollah d’avoir agi sur le terrain.

En 2007, la justice argentine avait émis, en vain, un mandat d’arrêt international contre cinq dirigeants iraniens, dont l’ancien président Ali Rafsandjani (1989-1997), soupçonnés d’être les commanditaires.

En 2013, un protocole signé entre Téhéran et Buenos Aires prévoyait la constitution d’une commission d’experts étrangers pour faire la lumière sur les attentats, autorisant un juge argentin à aller interroger des suspects en Iran, mais devant le scandale suscité en Argentine, l’accord était resté lettre morte.

L’Argentine compte la plus importante communauté juive d’Amérique latine, avec environ 300.000 membres.