
L’ONU a été créée au lendemain d’une guerre mondiale et d’un génocide, avec pour mandat explicite d’empêcher que la tyrannie ne se fasse passer pour une gouvernance légitime. Sa tribune était censée donner la parole aux peuples du monde, et non à leurs oppresseurs. Pourtant, la décision d’autoriser Massoud Pezeshkian, président choisi par Ali Khamenei, à s’adresser à l’Assemblée générale remet en question la crédibilité même de cette institution.
Pezeshkian n’incarne pas les aspirations du peuple iranien. Il représente un système théocratique dont les fondements reposent sur la répression intérieure et l’agression extérieure. En lui offrant la tribune de l’ONU, la communauté internationale risque de légitimer un régime qui a commis des crimes systématiques contre l’humanité, du massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988 aux assassinats de manifestants en 2019 et 2022.
Légitimation des crimes contre l’humanité
Il ne s’agit pas d’une simple diplomatie. C’est une question de principe. Le bilan du régime clérical comprend l’exportation du terrorisme à travers le Moyen-Orient, la prise d’otages comme politique d’État, la poursuite de l’arme nucléaire et une économie vidée de son énergie par la corruption et la militarisation. Sur le plan national, il continue d’exécuter des citoyens à un rythme parmi les plus élevés au monde, de réduire au silence la dissidence par l’emprisonnement et la torture, et d’étouffer toute étincelle de vie civile indépendante.
Accorder la parole à Pezeshkian, c’est ignorer ces réalités. C’est ignorer les appels des victimes et des survivants qui réclament justice. Les précédents de Nuremberg, des tribunaux pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda ont tous confirmé que des crimes d’une telle ampleur ne peuvent être ignorés sous couvert de normalité politique.
Le peuple iranien n’est pas représenté
Ce qui rend l’apparition de Pezeshkian particulièrement offensante, c’est la fausse image qu’elle véhicule : le régime clérical représente la nation iranienne. En réalité, le peuple iranien a rejeté le régime des mollahs à maintes reprises par des soulèvements, le boycott d’élections truquées et la croissance continue de son mouvement de résistance.
CSW New York Past Chair Susan O’Malley at #UNRally4FreeIran:
We did last year at the @UN_CSW. Iran was behaving terribly and they were one of the 50 countries on the Commission… We kicked them out, and it was NGOs that did that.#ProsecuteRaisiNowhttps://t.co/IXSlpazLmw— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 19 septembre 2023
Le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) et son principal membre, l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK), ont porté pendant des décennies le fardeau de cette lutte historique, sacrifiant plus de 120 000 martyrs. Ce mouvement a formulé une alternative démocratique claire, incarnée par le Plan en dix points de Maryam Radjavi, qui appelle à une république laïque et pluraliste fondée sur les droits humains universels.
C’est cette Résistance – et non la présidence de Pezeshkian sous le contrôle de Khamenei – qui représente les véritables aspirations de la nation iranienne.
Une fausse légitimité ne peut altérer la réalité
La reconnaissance internationale de Pezeshkian ne peut altérer la réalité structurelle du régime iranien : il est irréformable, intrinsèquement violent et dépendant de la répression pour sa survie. Aucune élection sous le régime des mollahs n’a jamais reflété la libre volonté du peuple iranien. Le choix de Pezeshkian ne fait pas exception ; il a été orchestré pour maintenir une façade de stabilité alors que le régime est aux prises avec de profondes crises internes.
Le monde doit tirer la bonne conclusion : le problème n’est pas tel ou tel président, mais le régime lui-même. S’engager avec Pezeshkian, c’est s’engager avec l’appareil du pouvoir de Khamenei, et toute légitimation renforce l’appareil d’oppression.
L’impératif éthique et politique
L’ONU est à la croisée des chemins. Soit elle reste fidèle à ses principes fondateurs, soit elle risque de devenir le théâtre de dictateurs et de bourreaux. Offrir sa tribune au représentant de Téhéran n’est pas de la neutralité, mais de la complicité.
Captured by @AP: On Sept 25, Iranian #Americans and supporters of the Iranian Resistance rallied outside the @UN in New York, protesting the regime’s presence at #UNGA79. Demonstrators demanded freedom, democracy, and an end to Tehran’s human rights abuses. pic.twitter.com/Fw8AgJ3Ufw
— NCRI-FAC (@iran_policy) 26 septembre 2024
L’alternative est claire : la reconnaissance du droit du peuple iranien à résister, la reconnaissance du CNRI comme alternative démocratique et l’insistance sur la responsabilité des crimes contre l’humanité. La communauté internationale doit soutenir la mise en place d’une enquête indépendante de l’ONU sur le massacre de 1988 et la répression des récents soulèvements. Le silence et la complaisance ne feront qu’enhardir les dirigeants de Téhéran.
L’Iran, défini par sa résistance
Deux visions de l’Iran se présentent au monde. L’une est incarnée par Pezeshkian, un fidèle fonctionnaire de Khamenei, fort d’un héritage d’exécutions, de corruption et de terrorisme. L’autre est incarnée par une résistance nationale qui continue de lutter pour la liberté, la justice et la démocratie.
L’ONU ne peut prétendre défendre les droits humains tout en offrant sa tribune la plus prestigieuse à un régime qui les bafoue systématiquement. La véritable voix de l’Iran n’est pas celle de Pezeshkian à l’Assemblée générale des Nations Unies. C’est la voix du peuple iranien et de sa résistance organisée qui façonnera en fin de compte l’avenir de l’Iran en tant que pays démocratique et une république laïque.