vendredi, mars 29, 2024
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Des ONG en conférence à Genève en faveur des droits des résidents d’Achraf

Conférence de presse à Genève sur AchrafCNRI – En marge de la quatorzième session du Conseil des droits de l'homme, une conférence en soutien aux droits des résidents de la Cité d'Achraf en Irak s’est déroulée au siège européen des Nations Unies à Genève. Le Camp d’Achraf en Irak abrite 3400 membres du principal groupe d'opposition iranien, les Moudjahidine du peuple d'Iran (OMPI). La conférence était organisée à l’invitation de l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), la Fondation Danielle Mitterrand (France-Libertés) et le MRAP.

Le Secrétaire général de l'OMCT, Eric Sottas, présidait la conférence. L'OMCT est l'une des ONG les plus crédibles en matière de promotion des droits de l'homme dans le monde. Steven Schneebaum, professeur de droit international à la School of Advanced International Studies de l'Université John Hopkins de Washington, Mme Erica Deuber-Ziegler, historienne et figure emblématique des droits humains et ancienne parlementaire de Genève, M. Gianfranco Fattorini, ancien représentant du MRAP à l'ONU, et Ali Safavi, membre du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), y ont pris la parole.

Assistaient également à la conférence des délégations de gouvernements participant à la session du Conseil des droits de l’homme, un représentant du bureau du Haut Commissaire aux droits de l'homme, un représentant du secrétariat du Conseil des droits de l'homme, ainsi qu'un grand nombre d’ONG comme la Fédération internationale des droits de l'homme, l'Union arabe des juristes, la Ligue internationale des droits des Femmes, et la presse.

Le secrétaire général de l'OMCT, Eric Sottas, a déclaré dans son allocution d'ouverture que l'OMCT est vivement préoccupée par les graves menaces qui pèsent sur les 3400 membres de l'OMPI à Achraf.

Il se référait à l’attaque mortelle de juillet 2009 des forces irakiennes contre le camp. La situation à Achraf est critique, a-t-il dit. Ces derniers mois, les résidents ont été victimes d'abus systématiques à la fois par les autorités irakiennes et par le régime iranien. L'OMCT considère que les avertissements persistants d'expulsion accompagnés de menaces répétées de pendaison et d’incitation au meurtre, en plus des graves restrictions imposées à leurs besoins de première nécessité, sont tous des exemples de graves violations des droits des résidents d'Achraf.

De son côté, le professeur Schneebaum a souligné l’engagement de l'ONU et des Etats-Unis vis-à-vis des résidents d'Achraf sur la base des lois et conventions internationales. Il a ajouté que ce à quoi nous assistons aujourd'hui sont des violations flagrantes des droits des résidents d'Achraf comme stipulé dans le droit international humanitaire. Les actes du gouvernement irakien, qui visent à rendre la vie insupportable aux habitants, constituent un refoulement constructif violant les lois internationales dans la même mesure que l'acte de refoulement lui-même.

Ce professeur de l’université américaine de Johns Hopkins a présenté un avis juridique, intitulé «Les Nations Unies doivent s'employer à empêcher le refoulement constructif illégal des résidents d'Achraf », dans lequel il a souligné que la conduite actuelle du gouvernement irakien constituait un refoulement constructif, similaire à un refoulement réel, ce qui constitue une violation du droit international humanitaire. Le Pr. Schneebaum a également fait référence aux tentatives du gouvernement irakien de déplacer les Achrafiens vers un centre de détention situé dans le désert sud de l'Irak. Il a souligné que les attaques de juillet 2009 et avril 2010, conjuguées à la guerre psychologique menée depuis février dernier, montre que le gouvernement irakien ne veut ni ne peut protéger les résidents d'Achraf, et sur cette base, l'article 45 de la Quatrième Convention de Genève stipule qu’il incombe aux États-Unis de reprendre la protection des résidents d'Achraf. Par conséquent, les États-Unis portent une responsabilité non seulement pour des raisons morales mais aussi en matière de droit international à cet égard.

M. Gianfranco Fattorini, représentant du MRAP à l'ONU, a dit que son ONG avait demandé au Rapporteur spécial sur la torture de mener une enquête urgente sur la situation à Achraf. En particulier, qu’un rapporteur spécial du Bureau du Haut Commissaire aux droits de l'homme soit envoyé à Achraf pour pouvoir ensuite présenter ses conclusions au Conseil des droits de l'homme.

M. Fattorini a ajouté que l'ONU devait assumer activement et sérieusement la protection de la Cité d'Achraf et que les résidents doivent également être protégés par les forces américaines stationnées dans le camp.

L’ancienne parlementaire suisse, Mme Erica Deuber-Ziegler, a déclaré qu’il fallait lancer une campagne pour les familles d'Achraf qui ont fait des sacrifices en faveur de leurs idéaux. Récemment, six parents d'Achrafiens ont été condamnés à mort en Iran. Elle a ajouté qu’elle possédait une liste de près de 200 proches des résidents d'Achraf, étant actuellement emprisonnés par le régime iranien. En tant que citoyenne suisse, elle a estimé que le gouvernement helvétique était également responsable des résidents d'Achraf et de leurs familles. Nous devons nous assurer que les droits stipulés dans les Conventions de Genève soient respectés en ce qui concerne Achraf, a-t-elle affirmé.

Ali Safavi, membre du CNRI, a souligné la portée politique de la situation actuelle à Achraf, et rappelé les traitements inhumains et les actions menées par le gouvernement irakien contre les résidents. A ses yeux il faut évaluer la situation dans le contexte de l'équation globale de l'OMPI comme principale force d'opposition contre le régime des mollahs et dans le cadre des relations du gouvernement irakien avec Téhéran.

Le régime des mollahs, a-t-il dit, a peur du rôle et l'influence des résidents d'Achraf sur le soulèvement national déclenché à la suite de la mascarade électorale de juin 2009. Il est aussi préoccupé par l’obstacle redoutable que constitue l’OMPI à ses efforts pour exporter l'intégrisme en Irak.

C'est pourquoi la dictature religieuse fait tout ce qu’elle peut pour détruire Achraf et qu’elle a subordonné son soutien à la campagne de Nouri al-Maliki lors des élections législatives de mars à une attaque et à la destruction de la Cité d'Achraf. M. Safavi a ajouté que même si ce complot a échoué grâce à la persévérance des résidents, le régime des mollahs continue ses manœuvres, comme l'envoi d'agents de renseignement sous couvert de parents de résidents du camp. Cela met des engagements sérieux et des responsabilités sur les épaules de l'ONU, de la MANUI et du gouvernement des Etats-Unis, a-t-il conclu.