jeudi, mars 28, 2024
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Iran : Les femmes en résistance à la conquête de leur égalité

ImageCNRI, 1er Septembre  – Une conférence intitulée « Les Femmes, l’islam, l’égalité » a été organisée par la commission des femmes  du CNRI le 27 août dernier, à la résidence de Maryam Radjavi, présidente de la république élue de la Résistance iranienne, à Auvers-sur-Oise, rassemblant un grand nombre de hautes personnalités du monde de la recherche, de la théologie, des institutions internationales et de militants du mouvement pour l’égalité.

 

Toutes les interventions ont tourné autour de la menace que pose l’intégrisme au mouvement pour l’égalité entre les femmes et les hommes et les solutions que propose la Résistance iranienne.

Nous vous proposons ci-dessous quelques passages du discours de Maryam Radjavi.

De nos jours, la vague croissante du terrorisme et des tueries, a montré à la communauté internationale le danger de l’intégrisme islamiste. Mais la menace que fait peser l’intégrisme islamiste sur les femmes et les acquis du mouvement pour l’égalité, est à mes yeux un danger d’une bien plus grande importance, avec des conséquences catastrophiques pour le monde entier. Parce que vous savez que le chemin par lequel il progresse passe par la misogynie.

Ce serait bien de tourner nos regards vers l’Iran. Cela fait presque trente ans que cette catastrophe funeste inflige ses conséquences désastreuses sur le destin du peuple iranien et particulièrement celui des femmes. Ces dernières années, elle ne s’est plus limitée à l’Iran et s’est étendue au reste des pays musulmans. Pour s’imposer et se renforcer, l’intégrisme a recours aux méthodes de répression les plus inhumaines et les plus misogynes. Ce courant ne reconnaît aux femmes aucune valeur humaine. Dans le domaine économique et social, elles ne sont officiellement que la moitié des hommes, et en ce qui concerne la direction politique, le pouvoir de gouverner et de juger, elles sont totalement privées de ces droits.

Les mollahs obscurantistes au pouvoir en Iran qui sont les parrains de l’ensemble des intégristes  islamistes, ont dépassé toutes les bornes en matière de misogynie. Vous avez peut-être entendu parler des relations odieuses qu’ils ont instaurées. Par exemple, en autorisant plusieurs épouses et le libre recours au mariage temporaire,  ils ont développé le marché de la prostitution en Iran dont les femmes opprimées sont les victimes. Ils ont également établi l’apartheid sexuel dans toute la société, c’est ce qui a développé de manière systématique la répression des femmes et toutes sortes de discrimination à leur égard.

La question essentielle face à ces injustices scandaleuses, c’est de savoir quel est le but des intégristes. Est-ce que ce serait dans un premier temps, d’imposer leur interprétation réactionnaire de l’islam, ou s’agit-il d’autre chose ? L’expérience en Iran sous le régime des mollahs, démontre clairement que leur objectif premier, n’est autre que de se maintenir au pouvoir. La misogynie constitue le dynamisme de la répression de la société pour la survie de la dictature religieuse.

Mais dans le camp adverse de ce système de répression moyenâgeux,  il existe une expérience digne d’intérêt,  qui a prouvé dans la pratique que l’islam défend la cause de l’égalité. Cette  expérience est vécue par le mouvement de la résistance iranienne.

Les femmes d’avant-garde de la résistance qui ont endossé les responsabilités les plus sensibles dans un mouvement de libération, se sont inspirées d’un islam qui prône l’égalité, c’est-à-dire l’islam démocratique. Je dois dire qu’elles ont pu diriger un mouvement  face à une dictature religieuse des plus sauvages. L’aspect le plus intéressant c’est qu’elles ont pu dominer leur propre incrédulité et la faiblesse séculaire des femmes. Non seulement elles se sont émancipées, mais elles ont également permis que les hommes s’émancipent des contraintes et des chaînes de l’oppression. Elles ont pu ouvrir la voie à la défaite de l’intégrisme au pouvoir en Iran.
Cette expérience compte de nombreux acquis. Mais pour résumer en un mot, la réponse efficace face à l’intégrisme, c’est l’islam démocratique.

Nous sommes ici face à une question importante: d’un côté l’islam démocratique affirme que les intégristes et la misogynie sont à exclure, et il se considère comme le message authentique de l’islam.  D’un autre côté, l’intégrisme prétend  fonder ses actions sur l’islam et avance que ce sont les enseignements  et la tradition islamique qui justifient la misogynie. La question est donc de savoir laquelle de ces interprétations de l’islam est correcte. En réponse à cette question, je vais parler de la notion du dynamisme du Coran.

Le dynamisme du Coran

Voyons d’abord comment on reconnaît l’intégrisme. Je pense qu’il est clair pour tout le monde, que le dogmatisme religieux et l’interprétation figée de la religion se manifestent surtout dans la misogynie. Les intégristes ont intentionnellement confondu les valeurs fondamentales avec des pratiques propres à certaines périodes conjoncturelles.

Je veux parler de tactiques qui dans l’expérience de l’islam ont été appliquées en fonction des capacités de la société, à la naissance de l’islam. Ils mélangent ainsi les règles provisoires propres à une étape, avec les principes de base. Prenons un exemple: il est clair qu’à l’origine de l’islam, alors que l’humanité n’était pas encore sortie de l’esclavage, que l’égalité entre les femmes et les hommes n’étaient pas applicable, parce que la réalité de la société primitive de l’époque l’aurait rejeté. Donc pour réaliser les idéaux de l’islam, il était nécessaire de traverser diverses étapes, avec des solutions intermédiaires et provisoires, que la société devait franchir  par paliers, comme s’agissant d’un escalier, avant d’atteindre les étapes supérieures. Mais les tendances réactionnaires ont traité ces maillons intermédiaires comme des valeurs de bases de l’islam.

Il s’agit d’un renversement de l’islam mais cela a pris des tournures de plus en plus complexe. De telle manière que des règles, comme la différence dans l’héritage entre les hommes et les femmes qui avait été acceptée à l’époque, ou le sursis conditionné qui avait été accordé dans certain cas pour le nombre d’épouses, ont été présenté par les intégristes comme des valeurs fondamentales de l’islam et exploitées pour en tirer des théories selon lesquelles un homme vaudrait deux femmes.

Mais l’islam démocratique annule ce procédé et toute interprétation dogmatique du Coran et de l’islam. Le Coran dans la Sourate Al Imran, au verset 7 souligne qu’il existe deux sortes de versets : les versets Mohkamat c’est-à-dire immuables et les versets Motechabehat qui sont allégoriques et évoluent avec le temps.

Les versets immuables forment essentiellement les principes de la foi de l’islam. Ils sont porteurs du fond et de la base philosophique, de la vision du monde et des êtres humains. Mais les versets qui évoluent sont essentiellement consacrés aux lois et aux modes de vie quotidiens, il ne s’agit en aucun cas de dogme parce qu’à chaque époque, en s’attachant à cet esprit et à l’essence monothéiste, ils ouvrent la voie dans le sens du progrès de l’humanité, des moyens techniques et des nécessités sociales, sinon ils se transformeraient en lois religieuses figées et inutiles.

Il faut savoir que la compréhension dynamique de l’islam fait partie de ses fondements méthodologiques et il ne s’agit pas d’une méthode que nous avons inventée. L’islam bénéficie d’un dynamisme qui ouvre continuellement la voie au progrès de la société.

Ce même verset 7 de la sourate Al Imran, met en garde contre le fait de vouloir faire d’une loi évolutive un principe immuable, et précise que s’accrocher à des cas provisoires, c’est comme subir un tourbillon qui emportera ceux qui s’adonnent à des idées ou des sciences chancelantes et ceux dont les cœurs sont malades, mais ceux qui s’appuient sur des idées et une science fermes, ne tomberont pas dans cette dérive. Leur principe directeur, c’est que l’enseignement et le message de l’islam soit pris en compte dans leur totalité, et de pouvoir discerner les principes et les fondements immuables des éléments provisoires.

Cette méthode est un des critères essentiels qui permet de distinguer l’interprétation réactionnaire, de l’interprétation de l’islam authentique qui vient du Prophète Mohammad.

Pour éviter le dogmatisme et garantir le dynamisme de cette pensée dans la direction de la société, il existe dans l’islam le principe de l’Ijtihad qui est l’adaptation des lois en fonction des conditions de chaque époque.

Mais l’autre question est la reconnaissance de la place du peuple dans la souveraineté. Cela fait partie des bases de la pensée islamique mais c’est précisément sur ce point qu’une différence fondamentale entre l’islam démocratique et l’intégrisme islamiste apparaît. C’est leur approche vis-à-vis du pouvoir; de la politique et de la législation. Les intégristes prétendent que les lois qu’ils font régner sur la vie sociale et politique actuelle sont d’origine divine et que, par conséquent, elles exigent une obéissance absolue. Celui qui au titre de guide suprême, s’arroge la direction de la société, est considéré comme le représentant de Dieu sur terre avec un pouvoir illimité et inaliénable sans avoir de compte à rendre à la société. L’intégrisme considère le peuple comme un mineur dépourvu de pouvoir de décision. Il ne laisse aucune place à son libre choix et lui dénie le principe de la responsabilité humaine.  Comme on l’a expérimenté en Iran, cette pensée, une fois au pouvoir, instaure une dictature religieuse sanguinaire.

Mais dans l’islam démocratique, le principe fondamental c’est que la souveraineté appartient au peuple. C’est lui qui est le législateur. Le Coran qui se présente comme le livre portant sur l’ensemble des domaines,  n’évoque que de façon très limitée les règles de la société. Mais l’essentiel des questions que le Coran évoque touche à la conception du monde, la philosophie, la marche de l’évolution, le sens libérateur de la marche de l’histoire, la responsabilité des êtres humains pour atteindre la liberté et l’égalité, et édifier une société dans laquelle les valeurs humanistes sont prioritaires.

C’est pourquoi, il revient aux êtres humains, d’adapter les relations sociales et politiques en s’inspirant de ces dites valeurs.

Dans la sourate Ghessas (les Histoires), Dieu proclame l’être humain héritier, gouvernant et guide sur terre. Par conséquent, la souveraineté appartient au peuple et c’est un droit qu’on ne peut lui ôter, et qui n’est ni conditionné, ni limité. De l’avis des musulmans authentiques, la volonté de Dieu sur le plan social se réalise essentiellement et historiquement par le biais de la souveraineté populaire.

Un autre point de différence entre l’islam démocratique et l’intégrisme islamiste, c’est la question de l’exploitation de l’homme par l’homme.

L’intégrisme islamiste a théorisé au nom de l’islam, les différentes sortes de discriminations et d’inégalités, comme l’inégalité entre les sexes, qui repose sur l’acceptation de l’exploitation.

Mais l’islam démocratique, qui croit à l’unicité et à la négation de l’exploitation, prône l’égalité et l’émancipation de toutes formes de discrimination. Le Coran, dans la sourate Hadid (le Fer) considère que la philosophie de la mission de l’ensemble des prophètes est d’instaurer la justice dans tous les sens du terme.

La sourate Anbia (les Prophètes)  annonce l’émancipation de l’oppression et de la discrimination et précise que  « les justes hériteront  de la terre »

Nous voulons déduire de ces vérités que la vision qui s’appuie sur l’interprétation dynamique de l’islam est l’allié naturel de la lutte de l’humanité pour la liberté et la justice, et du mouvement des femmes pour l’égalité. Naturellement une telle pensée suscite le respect des défenseurs du progrès. Mais la question qu’on peut se poser, c’est si l’interprétation  dynamique de l’islam a un fondement dans l’islam lui-même ou si c’est nous qui voulons réviser cette religion et la réformer.

En fait, l’interprétation dynamique est bien l’identité de l’islam authentique. Cette pensée s’appuie directement sur le Coran, la tradition et les enseignements du Prophète Mohammad. Mais il s’agit d’une vision qui n’est pas imprégnée de misogynie, c’est-à-dire une vision qui n’est pas affectée par la falsification et l’exploitation des régimes oppresseurs et des obscurantistes, marchands de religion, ni par les intérêts des systèmes patriarcaux des quatorze derniers siècles. C’est vrai que nous l’avons nommé l’islam démocratique, mais il ne s’agit pas d’une nouvelle religion. Il s’agit d’un islam qui dès que vous lui ôtez cette vision altérée, engage bien au-delà d’une réforme, une évolution qualitative dans le destin des musulmans, surtout des femmes, et possède une capacité considérable pour repousser l’intégrisme.

La réalité historique de l’islam, des textes religieux islamiques et plus important encore, de la lettre même du Coran, défend la justice de façon générale et l’égalité des femmes en particulier.

Par conséquent, nous devons répondre à cette question, à savoir si l’égalité des femmes et des hommes est un principe inclus dans les idéaux de l’islam. Quelle évolution a connu ce message au lendemain de l’apparition de l’islam ?

En réalité la religion musulmane a combattu l’oppression et la discrimination contre les femmes dès son apparition. Le prophète Mohammad dans les circonstances prévalant il y a 14 siècles, a ouvert la voie aux femmes et particulièrement aux plus opprimées d’entre elles, les esclaves, pour qu’elles participent à ce combat politique et social.  Peu après, le prophète a réussi à créer un groupe important de centaines de femmes d’avant-garde dont les noms sont restés gravés dans l’histoire. Vous savez peut-être que la première à avoir défendu Mohammad et le mouvement naissant de l’islam, était une femme, qui est morte sous la torture. Elle s’appelait Somayeh, c’était une esclave.

Dès les premiers jours, les femmes ont assumé des responsabilités qui étaient considérées comme réservées aux hommes, comme la participation aux décisions politiques et sociales. A cette époque, des centaines de femmes d’avant-garde s’étaient organisées autour du prophète Mohammad. Selon les sources islamiques connues, elles étaient plus de six cents indépendamment de l’influence de leur mari ou d’autres hommes, à avoir conclu  un pacte avec le prophète. Le nom de ce pacte était Bey’at et le titre de ces femmes inscrits dans les textes historiques est celui de Mobaye’at.

C’est environ dix ans après l’apparition de l’islam, que de nouveaux règlements ont été élaborés progressivement pour l’ensemble des femmes, et leur étude montre un  processus remarquable. Dans ce domaine on peut énumérer plusieurs sujets fondamentaux:

1 – Le droit à la vie et au respect égal pour les femmes

Avant l’apparition de l’islam, les femmes étaient tuées par les hommes de leurs tribus ou les membres de leurs familles dès qu’il y avait le moindre soupçon à leur égard.  De même les fillettes et même les nouveaux-nés étaient enterrées vivantes. La raison en était la peur de la misère ou de les voir tomber en esclavage dans les guerres tribales, ou encore plus généralement le fait d’avoir une fille était considéré comme une catastrophe.

Le Coran interdit de façon explicite ces crimes courants, dans la sourate Asra. 7

Est-ce que ces crimes et le fait d’ignorer les droits les plus élémentaires des femmes, à savoir le droit à la vie, étaient un phénomène spécifique à la péninsule arabique de l’époque?  Non! Les femmes privées de tous leurs droits étaient un phénomène universel. Les recherches et les indices historiques au sujet des plus grandes civilisations de l’époque, dans la Perse, à Rome,  en Chine et en Inde le confirment.

2- Reconnaître l’égalité des femmes et des hommes du point de vue des valeurs humaines.

L’islam considère que la valeur la plus fondamentale, c’est la qualité humaine et l’activité bienfaitrice qui en émane. Dans la sourate Hodjarat, il est dit explicitement que les différences de sexe et d’ethnie n’ont aucune signification et que la valeur des valeurs n’est autre que la piété. La piété libératrice qui affronte la prédestination pour aboutir à la maîtrise de soi et à l’attachement aux responsabilités, dans lesquelles les femmes et les hommes sont égaux.

3- La reconnaissance de la compétence des femmes à la direction politique

Dans l’islam démocratique, les femmes et les hommes ont une compétence égale et un devoir commun pour prendre en charge la direction de la société. C’est une conception tirée de l’islam et du Coran.

Il est dit à ce sujet dans la sourate Tobe: "les croyants et les croyantes sont inséparables et sont des guides les uns pour les autres" Le mot arabe de vali, qui est utilisé dans ce verset a une grande importance, parce qu’il s’utilise à la fois dans le sens de tutelle et le sens de direction. C’est-à-dire le plus haut niveau de l’amitié, de l’affection et de la responsabilité vis-à-vis de ses semblables.

Ce sujet a été aussi évoqué sous d’autres formes dans le Coran. On lit notamment dans la sourate Al Imran que les femmes et les hommes sont issus d’un même corps et que les efforts des deux sont loués de la même manière

Selon le Coran l’égalité des femmes et des hommes dans la responsabilité et la sagesse est une notion globale. Dans la sourate Ahzab (Les Coalisés) on peut lire : " Les Musulmans et Musulmanes, croyants et croyantes, obéissants et obéissantes, loyaux et loyales, endurants et endurantes, craignants et craignantes, donneurs et donneuses d’aumônes, jeûnants et jeûnantes, gardiens de leur chasteté et gardiennes, invocateurs souvent de Dieu et invocatrices : Dieu a préparé pour eux un pardon et une énorme récompense."

4- L’égalité dans les affaires sociales

Selon la sourate Ahzab (Les Coalisés) les femmes comme les hommes ont une responsabilité dans toutes les affaires de la société et elles doivent y intervenir.

Comme on peut lire dans la sourate Maedeh, les femmes et les hommes ont une responsabilité égale pour se soulever en défense de la justice ou témoigner en faveur de la justice. Les versets du Coran qui s’adressent aux êtres humains pour le rétablissement de la justice ont pour interlocuteur l’ensemble des croyants et on ne peut pas faire de distinction de genre. Dieu a invité tout le monde, femmes et hommes, à répondre à leur engagement et à juger équitablement. Il n’existe aucun précepte religieux, ni de tradition immuable, qui prive les femmes du droit de diriger et de juger. Dès l’époque du prophète Mohammad, et après sa mort, la confiance dans le témoignage des femmes était très courante, même dans les affaires purement religieuses.

5- Le soutien aux femmes dans les relations familiales.

Avant l’islam, les femmes et les filles n’avaient aucun pouvoir de décision dans le choix de l’époux. L’islam a donné le pouvoir aux femmes de décider, comme les hommes, sur toutes les conditions qu’elles souhaitent poser concernant leur destin, leur laissant la possibilité de négocier et de parvenir à un accord. La sourate Nessa (les Femmes) souligne le droit des femmes dans la disposition à part égale des conditions de mariage. Autrement dit, contrairement aux méthodes de certaines religions ou les méthodes préislamiques, le mariage est devenu absolument comme un contrat humain dépourvu de l’emprise de la religion. Dans un mariage, les partenaires ont le droit d’arriver à un accord sur toutes sortes de conditions qu’ils jugent opportunes. Ces conditions concerne la garde des enfants, le métier, le lieu de résidence, le divorce, et d’autres problèmes touchant à la vie commune. Il faut savoir qu’il existe un consensus sur l’annulation du mariage s’il n’y a pas consentement de la femme.

Par ailleurs dans l’islam, les divorces injustes sont interdits. Avant cela le pouvoir de divorcer appartenait unilatéralement aux hommes. Il existait toutes sortes de divorces.

6- Les questions financières et économiques

Il a été mentionné dans la sourate Nessa, qu’il existe un droit des femmes égal et inconditionnel à la propriété. Avant l’islam, les femmes étaient considérées comme la propriété du mari ou des hommes. Même ses biens et ses bijoux personnels étaient considérés comme un dépôt provisoire que le mari pouvait prendre quand il le voulait. Mais dans l’islam, le droit total à la propriété a été reconnu aux femmes comme aux hommes sans la moindre différence.

De même  la coutume rétrograde d’hériter des veuves, a été abolie et le droit à l’héritage a été reconnu aux femmes. Lorsque la loi sur l’héritage des femmes a été inspirée au Prophète sous forme de versets, certains de ses amis ont protesté. Ils argumentaient qu’une richesse mise à la disposition des femmes serait gaspillée.

Chers Amis,

En rappelant ces acquis, je voudrais en déduire que dès son apparition, ce que l’islam a reconnu aux femmes sur le plan de la dignité humaine aussi bien que sur le plan des droits sociaux, économiques et politiques, est une grande révolution.  Donner aux femmes une part d’héritage et la reconnaissance du droit à la propriété, alors qu’elles étaient considérées comme un bien et la reconnaissance du droit de témoigner, de juger et de diriger, ont constitué chacun à cette époque un grand bond en avant, sans précédent, et pendant plusieurs siècles après.

Une autre question à présent : est-ce que les acquis obtenus par les femmes à cette époque signifiait l’égalité totale? Evidemment non. Ces acquis ne signifiaient pas l’égalité complète pour les femmes. Mais chacun était un pas qualitatif  important il y a 14 siècles. Si l’islam ne prônait l’égalité entre l’homme et la femme, et ne voulait pas diriger la société dans ce sens, reconnaître de tels droits aux femmes n’aurait pas été justifié. Les droits en question ont été en fait des avancées par étapes vers l’égalité. Lorsque nous considérons la vision dynamique du Coran, on peut voir que ces acquis ont tracé une feuille de route vers l’émancipation et l’égalité.

Pour mieux comprendre, il serait bon de comparer cette situation avec celle des femmes en Europe, où quelques siècles après l’apparition de l’islam, elles ne bénéficiaient pas des droits et des libertés que l’islam a apportés. En Grande-Bretagne, pendant des siècles, on a considéré que les femmes avaient besoin d’un tuteur. Ce n’est que la loi adoptée en 1882 qui a aboli ce statut.

En Allemagne, c’est la loi civile adoptée seulement en 1900, qui déclare que les femmes bénéficient comme leurs maris de tous les droits. En France également, c’est la loi du 18 février 1938 qui permet enfin à l’épouse de disposer de l’ensemble de ses biens. Durant les décennies qui ont suivi, au fur et à mesure, les femmes ont pu bénéficier dans les pays européens de droits économiques et sociaux égaux à ceux des hommes, même si dans le domaine de la participation des femmes à la direction politique, les sociétés européennes n’ont pu franchir de pas importants.

Si l’on compare les acquis des femmes avec les critères d’aujourd’hui, on reconnaîtra l’élan que l’islam a apporté à la vie des femmes.

La question qu’on doit se poser, c’est de savoir si ce qui, il y a 1400 ans, était moderne et progressiste, doit nous servir pleinement aujourd’hui de modèle ? Bien sur que non. Les acquis de cette époque n’étaient que des étapes tactiques du passage de l’ancien vers le nouveau. Rester aujourd’hui dans ces acquis, serait rétrograde et inacceptable. La fidélité à l’esprit authentique de l’islam, devrait entraîner aujourd’hui des droits et des libertés pour les femmes conformes au progrès économiques et social de l’époque contemporaine.

On comprend alors, que ce qui est authentique est bien le message humaniste de la religion de Mohammad qui prône l’égalité entre les femmes et hommes.

Si cette affirmation s’avère véridique, elle doit se voir dans l’expérience réelle et des acquis déterminés. La question est de savoir ce qu’ils sont.

Dans ce domaine, notre mouvement de résistance a obtenu des acquis dignes d’intérêt. Par expérience, nous avons pu constater que ce changement porteur de nouvelles valeurs humaines, se manifeste par l’arrivée des femmes à la direction. Ceci n’est pas pour garantir uniquement l’émancipation des femmes, mais c’est un processus qui libère à la fois les femmes et les hommes, qui fait disparaître l’aliénation et permet à chacun d’accomplir sa nature humaine et d’atteindre la plénitude et l’unicité.

Quand une génération d’avant-garde, femmes et hommes confondus, en toute conscience et en toute volonté, choisit pour être dirigée des personnes qui historiquement n’ont pas bénéficié d’un statut d’égal à travers les siècles, ce choix est un passage du monde patriarcale et des valeurs rétrogrades, vers un monde humanisé. C’est en réalité un changement de culture qui fait épanouir la richesse humaine de l’être. Les femmes et les hommes de ce mouvement ont traversé l’épreuve de ce choix la tête haute. Cela fait des années qu’ils persévèrent dans cette voie. C’est-à-dire qu’en remontant à contresens le courant naturel de l’histoire, ils ont rejeté la culture millénaire de la discrimination sexuelle et de l’exploitation.

L’un des plus grands acquis dans cette voie, c’est que chacun peut donner un sens humaniste à sa compréhension, à sa vision et à son écoute des autres. Et comme le dit le Coran, chacun peut ouvrir les yeux de son âme. Chacun peut ainsi voir dans les valeurs des hommes la pureté, la miséricorde et la bonté de Dieu. Dans ce monde, ce ne sont plus les carences et les défauts des êtres humains qui prédominent, mais leurs qualités et les relations humaines qui en découlent ainsi que le degré de sacrifice et de dévouement de chaque être pour les autres.

Mais comment un mouvement de résistance peut-il accéder à un tel niveau? En vérité, l’accès des femmes à l’égalité n’a pu se réaliser que par le sacrifice illimité de ces femmes, un sacrifice réalisé au premier rang de la lutte longue, pénible et sanglante face à la plus terrible des dictatures moyenâgeuses. Sur les 120.000 personnes exécutées pour des motifs politiques durant ces derniers 24 ans, près de 40.000 victimes sont des femmes.

Parmi ces victimes des exécutions, des fillettes de 13 ans comme Fatemeh Mesbah, des mères âgées, comme Mme Zakeri, de nombreuses femmes enceintes fusillées avec cruauté.

En un mot, elles ont montré qu’elles sont la solution nécessaire à l’intégrisme et à la dictature religieuse et sans leur présence à la direction politique, il n’y aurait ni résistance ni perspective de victoire. Les mollahs au pouvoir se sont bien sûr maintenus grâce à la répression la plus sauvage, mais en vérité les femmes de cette résistance ont vaincu leur idéologie misogyne.