vendredi, mars 29, 2024
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Iran : « Il existe un risque de guerre » (Il Tempo)

Maryam RadjaviLa femme qui dirige la résistance contre le régime des mollahs met en garde

Interview de Maryam Radjavi Par Maurizio Piccirilli

Il Tempo, (Italie), 27 juillet – Le visage entouré d’un voile. Le regard fier de celle qui mène un juste combat. Maryam Radjavi, présidente du Conseil national de la Résistance iranienne, en visite en Italie pour une série de rencontres, a présenté la « Troisième Voie » pour vaincre les ayatollahs et éviter une guerre.

 

Il Tempo : Une femme à la tête d’un mouvement de résistance au régime des ayatollahs. Un véritable défi pour les mollahs ?

Maryam Radjavi – C’est un grand combat et une grande résistance. En particulier contre la discrimination des femmes et pour la liberté et la démocratie. La présence des femmes en première ligne contre la dictature religieuse revêt une grande valeur.  L’égalité entre les hommes et les femmes est une garantie pour la démocratie iranienne. Tant pour la liberté que pour l’état de droit. Le régime a très peur en ce moment de la force de la présence des femmes dans ce mouvement. Le régime considère que la présence des femmes porte un message dangereux pour la société iranienne.

L’Iran est un pays très jeune. Beaucoup de jeunes partagent vos idées, quel message envoyez-vous aux jeunes iraniens ?

Après les femmes, les jeunes sont ceux qui subissent le plus durement la répression du régime. Il va jusqu’à refuser la liberté dans la vie privée. Notre message aux jeunes est très clair.  Pour conquérir la liberté, il faut être très actif.  Il faut intensifier la lutte. La majeure partie des 120.000 martyrs tués par le régime étaient des jeunes. Agés de 13 ans, 20 ans, tous impliqués dans le mouvement de la résistance. On ne leur a reconnu aucun droit. Ni en politique, ni en religion. Ils ne peuvent décider de la manière de se vêtir. S’ils protestent ils sont persécutés. Beaucoup de jeunes ont protestés à l’université et ont été torturés et tués. Je leur dis : il ne faut pas s’arrêter, il faut avancer. Les tribunaux du régime ont annoncé l’exécution de 30 jeunes aujourd’hui. Malgré cette annonce, je n’ai vu aucune réaction au niveau international. Mon message aux jeunes est de continuer à faire ce qu’ils font. Ils ne doivent pas perdre espoir. La voie qui mène à la liberté est douloureuse.

Jusqu’à hier les Moudjahidine étaient considérés comme des terroristes. Aujourd’hui, comment expliquez-vous aux Italiens votre lutte contre le régime de Téhéran ?

Avant toute chose, je dois préciser que la demande d’inscrire le mouvement de la Résistance sur la liste noire du terrorisme a été faite à la demande du régime.  Un complot politique sans fondement ni preuve. Beaucoup d’hommes politiques américains et anglais, comme l’ex-ministre des affaires étrangères Straw, ont déclaré qu’il s’agissait d’un complot politique du régime. Nous sommes un mouvement de résistance à une dictature religieuse. La majeure partie des parlementaires européens soutiennent la résistance iranienne. La cour d’appel de Grande-Bretagne a statué que le mouvement de résistance n’est pas un groupe terroriste.  Les Chambres des Lords et des Communes ont dit que le gouvernement anglais devait respecter ce verdict. La cour de justice européenne a dit que l’OMPI n’est pas terroriste. Le régime fait chanter l’occident avec des accords commerciaux. Le parlement italien a aussi demandé de radier le mouvement de la liste noire. Notre mouvement se bat pour la Troisième Voie pour apporter la démocratie à l’Iran.  Nous espérons que le gouvernement italien répondra à la demande des parlementaires italiens.

Il y a-t-il un risque réel qu’Ahmadinejad puisse attaquer Israël ?

Le projet nucléaire d’Ahmadinejad va de l’avant et il est bien développé. Ils cherchent à se doter de la bombe atomique. Il faut faire attention aux slogans et à ce qu’ils disent. Ils veulent dominer tout le Moyen-Orient. Nous voulons que la communauté internationale adopte une position sérieuse et déterminée à bloquer cette progression. Malheureusement, jusqu’à présent les mollahs ont obtenu tout ce qu’ils voulaient.  Si la politique de complaisance continue avec le régime, cela mènera à une guerre. Oui, je pense que s’il continue comme ça, le régime pourra attaquer Israël.  Nous avons dit mille fois que la politique de complaisance mène à une guerre. C’est pourquoi nous cherchons à convaincre les pays occidentaux de mettre fin à ce genre d’attitude et à soutenir le peuple iranien et la résistance parce que ce sont les seuls capables d'un changement démocratique en Iran. A l’Italie qui se préoccupe de la crise iranienne, je dis : Il existe une alternative, une solution faisable. Soutenir la résistance, c’est la seule chose qui exercera une grande pression sur le régime iranien. Dès qu’il a su que je me trouvais à Rome, le régime des mollahs a convoqué l’ambassadeur italien à Téhéran. Les Italiens savent bien que ce n’est pas correct, en particulier pour un pays démocratique comme l’Italie. Cela veut dire que le régime a peur de cette résistance. Voilà pourquoi je dis qu’il existe une alternative. Le régime n’a peur que de cette alternative.

Vous pensez à une attaque préventive d’Israël ?

Si la situation continue comme cela, c’est certainement possible.  Nous espérons éviter cette tragédie. C’est pourquoi nous demandons l’arrêt de la politique de complaisance avec la dictature qui laisse les mollahs s’armer de la bombe atomique. Après tout elle sera inévitable. Nous appelons à une politique de fermeté, un embargo total. Rompez les relations diplomatiques. Sans cette attitude, la guerre est proche.

Vous pensez que les Etats-Unis peuvent bombarder l’Iran ?

Tant qu’ils continuent à mener ce type de politique, tout est possible. J’insiste : nous pouvons éviter cette tragédie.

En Iran il y a une forte présence des pasdarans, les gardiens de la révolution, mais les forces armées, de quel côté sont-elles ?

En Iran il y a deux armées : Les pasdarans et les forces armées conventionnelles. Les pasdarans sont l’armée idéologique qui contrôle la politique et l’économie.  Tout est sous le contrôle des pasdarans : le parlement, la TV et la radio. Le comandant des forces armées est aussi un pasdaran. Mais les soldats sont des gens du peuple. Ce sont nos partisans, beaucoup d’entre eux ont été arrêtés, torturés et tués.

Au cas où la résistance triomphe et change le régime en Iran, que feront Ahmadinejad et les pasdarans ?

Nous croyons en un Iran libre et démocratique, où existera l’état de droit. Des droits pour tous, l’égalité entre les femmes et les hommes, le libre marché, la liberté de culte. Les relations avec toutes les nations. Ce sera à la justice de décider pour les assassins du peuple iranien. Les procès devront se faire en présence d’observateurs internationaux. Mais nous voulons qu’aujourd’hui Ahmadinejad et les autres soient jugés par un tribunal international pour leurs crimes. Nous sommes opposés à la peine de mort. Ils seront jugés selon la justice.

Quels sont vos rapports avec les autres pays arabes, avec l’Arabie saoudite et l’Egypte ?

Nous avons de bonnes relations avec tous les pays arabes qui subissent de la pression du régime.  Je donnerai seulement un exemple. J’avais rencontré le roi de Jordanie à Paris et le régime des mollahs avaient menacé de rompre les relations avec la Jordanie. Alors la Jordanie a refroidi ses contacts avec nous. Au bout de plusieurs années, des parlementaires jordaniens sont venus au grand rassemblement que nous avons organisé à Paris le 28 juin. Téhéran a convoqué l’ambassadeur, mais Amman l’a fait aussi et lui a dit qu’il décidait avec qui la Jordanie entretient des rapports. Le régime a soudain été bloqué. 

Que demandez-vous à l’Italie qui est le premier partenaire commerciale de l'Iran ?

Nous lui demandons d’adopter une position de fermeté avec la dictature des mollahs. Il ne faut pas subir le chantage du régime. L’Italie doit aussi se décider selon les intérêts du peuple italien. Elle ne doit pas céder à la menace du blocage des relations commerciales.

Les femmes sont importantes pour le nouvel Iran et leur rôle en dit long. Les femmes du nouvel Iran porteront encore le voile ?

Le projet de l’Iran libre et démocratique de demain prévoit le maximum de liberté pour les femmes. Les femmes de la résistance sont libres de se comporter comme elles le veulent. Ça fait deux jours qu’elles manifestent devant le parlement et elles sont habillées comme elles veulent : avec ou sans le voile. Quand Khomeiny est arrivé et qu’il a imposé le voile, les femmes des moudjahidine qui portaient le voile ont manifesté en faveur des femmes qui ne le voulaient pas. C’est un des points majeurs de l’état de droit. Le gouvernement ne peut entrer dans la vie privée des femmes.  Notre programme en dix points explique tout cela. Les femmes iraniennes sont au courant de notre programme et c’est pourquoi les Iraniens éprouvent de la sympathie pour notre mouvement. La résistance est un mouvement très avancé où les femmes jouent un rôle important.

Et les hommes de la résistance qu’est-ce qu’ils en pensent ?

Ce mouvement est formé d’hommes et de femmes très émancipés et l’égalité constitue le principe fondamental du mouvement. Je peux dire qu’on ne trouve nulle part des hommes aussi émancipés et respectueux des droits des femmes comme les hommes de la résistance.  Parce qu’ils n’ont cessé de pratiquer l’égalité durant toutes ces années de lutte.