jeudi, mars 28, 2024
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Iran : 25e anniversaire du massacre oublié des prisonniers en 1988

Par Struan Stevenson

L’intergroupe des Amis d’un Iran libre au Parlement européen (FOFI) commémore le massacre des prisonniers politiques par le régime iranien durant l’été 1988. Ce crime contre l’humanité n’a jamais été reconnu par Téhéran et reste l’une des tâches les plus sombres de l’histoire récente, même s’il est relativement mal connu en Occident.

Les exécutions ont commencé fin juillet et se sont poursuivies pendant plusieurs mois. Plus de 30.000 prisonniers politiques, dont l’écrasante majorité était des militants de l’organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI), ont été massacrés.

Le guide suprême, l’ayatollah Khomeiny avait publié un décret en juillet 1988 : « quiconque à n’importe quel stade continue d’appartenir à l’OMPI doit être exécuté. Anéantissez les ennemis de l’islam immédiatement.» Il avait ajouté : « Ceux qui sont dans les prisons à travers le pays et restent inébranlables dans leur soutien à l’Ompi, sont en guerre contre Dieu et sont condamnés à être exécutés (…) Il est naïf de faire preuve de miséricorde avec ceux qui sont en guerre contre Dieu. »

Les exécutions ont vite commencé et chaque jour des centaines de prisonniers politiques ont été pendus et leurs corps enterrés à la hâte dans des fosses communes dans toutes les grandes villes de l’Iran, en particulier au cimetière de Khavaran dans le sud de Téhéran.

L’ayatollah Hossein-Ali Montazeri, un religieux qui avait pendant dix ans été le successeur désigné du guide suprême l’ayatollah Khomeiny, avait fortement protesté contre les exécutions de masse et appelé à un moratoire, mais Khomeiny avait insisté pour qu’il n’y ait pas de pitié et ordonné que tous les prisonniers, adolescents et femmes enceintes compris, devaient être mis à mort immédiatement.

En raison de son opposition à la tuerie, l’ayatollah Montazeri est rapidement tombé en disgrâce auprès de Khomeiny et a finalement été destitué en mars 1989. En décembre 2000, Montazeri a publié ses mémoires, révélant des détails choquants sur le massacre et la violence de Khomeiny.

En 2008, pour le 20e anniversaire de ce massacre, Amnesty International a renouvelé son appel pour que les responsables du «massacre des prisons» rendent des comptes, en déclarant : « il ne doit y avoir aucune impunité pour ces violations flagrantes des droits de l’homme, indépendamment de la date à laquelle elles ont été commises ».

Le régime iranien continue de nier l’élimination des prisonniers politiques de 1988. Aucun des auteurs n’a encore été traduits en justice et aucun des hauts responsables du régime, y compris le guide suprême Ali Khamenei, n’a été tenu pour responsable.

Le nouveau président soi-disant «modéré» de l’Iran, Hassan Rohani, a été vice-commandant en chef des forces armées du régime à l’époque du massacre et depuis 1982 il est membre du Conseil suprême de défense du régime, de sorte qu’il était pleinement au courant de ce crime qu’il approuvait pleinement.

Dans un autre rapport en 2009, Amnesty International a appelé « les autorités iraniennes à arrêter immédiatement la destruction de centaines de tombes anonymes, individuelles et de masse à Khavaran, au sud de Téhéran, afin de s’assurer que le site soit préservé pour ouvrir une enquête médico-légale sur le site dans le cadre d’investigations approfondies, indépendantes, impartiales et qui auraient dû se faire depuis longtemps sur les exécutions massives qui ont débuté en 1988, souvent désignées en Iran comme le «massacre des prisons». L’organisation craint que les actions des autorités iraniennes soient destinées à détruire des preuves des violations des droits de l’homme pour priver les familles des victimes des massacres de 1988 de leur droit à la vérité, à la justice et à la réparation ».

FOFI appelle à faire rendre des comptes aux responsables d’un des crimes contre l’humanité les plus odieux depuis la Seconde Guerre mondiale.

Struan Stevenson, eurodéputé
Président de l’intergroupe des Amis d’un Iran libre
au Parlement européen