Alors que le régime iranien est aux prises avec un déficit budgétaire alarmant, l’administration de Masoud Pezeshkian envisagerait d’augmenter les prix de l’essence pour remédier au déficit. Cependant, cette mesure controversée, qui risque de déclencher des manifestations de masse et d’aggraver la pression économique sur les citoyens ordinaires, n’est pas une solution inévitable. En fait, il s’agit d’un choix politique ancré dans le refus du régime de réduire les dépenses dans d’autres secteurs non essentiels, en particulier dans les domaines qui profitent à l’establishment au pouvoir.
Le gouvernement Pezeshkian est confronté à un déficit financier substantiel, estimé à plus de 1 000 milliards de rials pour la seule première moitié de 2024. Cette situation s’est aggravée après que l’administration a retiré 350 000 milliards de tomans du Fonds national de développement pour gérer les dépenses immédiates. Aujourd’hui, avec des options limitées, le régime penche vers une augmentation des prix de l’essence, une mesure qui pourrait attiser le mécontentement de la population, rappelant le soulèvement national qui a suivi la hausse des prix de 2019.
#Iran News in Brief
Jalal Rashidi Kuchi, a member of the regime’s parliament, expressed concerns about the consequences of raising #gasoline prices, stating, “Fundamentally, our approach to gasoline has been wrong. Even now, if we tamper with gasoline prices, people will take to… pic.twitter.com/hT5DpjIEU2— NCRI-FAC (@iran_policy) 23 août 2023
La crise actuelle du carburant en Iran résulte d’une combinaison de consommation inefficace, de véhicules obsolètes et d’une mauvaise gestion du secteur de l’énergie. La consommation quotidienne d’essence en Iran est alarmante, allant de 120 à 140 millions de litres, ce qui est exacerbé par la dépendance du pays à des véhicules inefficaces et obsolètes qui consomment beaucoup plus de carburant que les normes mondiales. De nombreux véhicules sur les routes iraniennes nécessitent jusqu’à 15 litres d’essence aux 100 kilomètres, ce qui est bien au-dessus de la moyenne internationale. Cette consommation inefficace se poursuit malgré les efforts pour augmenter les prix, car l’industrie automobile iranienne n’a pas réussi à se moderniser. Comme l’a souligné Ramazanali Sangdovini, membre de la commission parlementaire de l’énergie, il est essentiel de remédier à l’inefficacité de ces véhicules pour résoudre la crise du carburant, mais l’État n’a pas encore pris de mesures significatives.
De plus, l’infrastructure de production de carburant de l’Iran est sous pression. Les raffineries fonctionnent à pleine capacité, mais ne peuvent toujours pas répondre à la demande d’essence. Ce déficit de production est encore aggravé par les problèmes de gaz naturel de l’Iran, qui entravent la disponibilité des matières premières pour les raffineries. Selon Sangdovini, la diversification du portefeuille de carburants de l’Iran pour inclure davantage de GNC (gaz naturel comprimé) et de GPL (gaz de pétrole liquéfié) pourrait alléger une partie de la pression, mais cela n’a pas encore été pleinement réalisé.
La combinaison d’une consommation élevée, d’une utilisation inefficace du carburant et de limitations de la production sont les principaux facteurs à l’origine de la crise du carburant en Iran.
Ce contexte supplémentaire souligne que la crise du carburant en Iran n’est pas seulement le résultat d’une mauvaise gestion financière, mais aussi d’une incapacité à remédier aux inefficacités profondément enracinées dans ses systèmes de consommation et de production.
Même si les responsables mettent en avant des plans visant à améliorer l’efficacité de la consommation d’essence et à éliminer progressivement les véhicules obsolètes, ces efforts semblent être en retard par rapport aux besoins budgétaires pressants. Sangdovini a également noté que l’État reconnaît qu’il pourrait éviter les hausses de prix en améliorant l’efficacité énergétique, à condition que 2 500 milliards de tomans soient alloués à un fonds d’optimisation énergétique. Cependant, aucune de ces initiatives ne semble suffisante pour répondre aux défis budgétaires immédiats.
Malgré cette crise budgétaire, l’administration de Pezeshkian semble peu disposée à faire face à d’autres ponctions majeures sur les finances publiques. Une grande partie des revenus de l’État, bien que soumis à de sévères sanctions, provient toujours de diverses sources telles que les revenus pétroliers et les impôts. Le véritable problème est de savoir comment ces revenus sont alloués. Au lieu de répondre aux besoins nationaux ou d’investir dans les infrastructures et l’aide économique, des sommes considérables sont consacrées au maintien de la sécurité du régime et au financement de ses ambitions plus vastes.
Il s’agit notamment d’investissements à grande échelle dans le développement de missiles, d’influence régionale par le biais de groupes mandataires et de maintien des ambitions nucléaires du régime. Cependant, ces priorités restent inchangées puisque Téhéran choisit d’augmenter les prix du carburant, laissant ainsi le public supporter le poids du fardeau économique.