
Dans un rare moment de franchise, le Parlement du régime iranien est devenu cette semaine le théâtre d’aveux publics sur l’aggravation de l’effondrement économique et social du pays.
Selon l’agence de presse officielle Mehr, Hamidreza Hajibabaei, vice-président du Parlement du régime, a consacré son discours d’avant-session du 8 octobre à un appel désespéré à l’apaisement public. « Le plus important pour nous, au Parlement, est la satisfaction du public », a-t-il déclaré, admettant que « la population est mécontente de la hausse des prix » et insistant sur le fait que le régime s’efforce de restaurer la confiance du public.
Des déclarations similaires ont été reprises le 5 octobre, lorsque plusieurs députés, dont Abbas Goodarzi, Mansour Alimardani, Javad Nikbin et Hossein Samsami, ont déploré que « la population ne puisse plus supporter le fardeau de la flambée des prix ». Pourtant, au-delà des paroles, leurs propos ne révèlent pas une réelle préoccupation pour le bien-être des citoyens, mais une inquiétude croissante face aux conséquences politiques de la pauvreté généralisée.
Aveux d’effondrement
Alimardani a ouvertement déclaré : « L’économie subit une pression sans précédent. Le pouvoir d’achat s’est effondré et l’inflation pèse lourdement sur la table des citoyens. Les salaires augmentent une fois par an, mais les prix augmentent chaque semaine, parfois toutes les heures. Les salaires des retraités, des villageois et des nomades ne permettent même pas de couvrir un repas décent.»
Hossein Samsami, un autre député du régime, a mis en garde : « Nous assistons actuellement à une inflation galopante. Les liquidités ont été multipliées par 6,5 en huit ans et le prix des pièces d’or a été multiplié par 60. »
Il a ensuite comparé la crise actuelle à l’époque de la guerre Iran-Irak, soulignant que si la monnaie et les produits de première nécessité étaient stables pendant la guerre, « au cours des six dernières années, le taux de change officiel (par rapport au dollar américain) a été multiplié par 16 », qualifiant ce phénomène d’origine du chaos économique actuel.
Ces aveux vont au-delà du commentaire économique : ils constituent une mise en cause du modèle de gouvernance du régime. Même les députés du régime reconnaissent désormais que le système est structurellement en faillite.
La véritable source de la crise
Nikbin et Goodarzi, lors de la même séance, ont tenté de présenter la crise comme un problème de « faible surveillance gouvernementale » et de « mauvaise gestion ». Mais de telles affirmations sonnent creux dans un système où toutes les décisions économiques majeures sont dictées par des organes de sécurité non élus et irresponsables, sous le commandement d’Ali Khamenei.
En réalité, comme le soulignent les observateurs, le cœur de la dévastation économique de l’Iran réside dans la corruption du régime et son détournement des richesses nationales vers des intermédiaires régionaux et le complexe militaro-industriel. Les discours des législateurs sur la « surveillance » et la « protection du peuple » ne font que refléter leur crainte d’une réaction publique imminente.
Peur d’un soulèvement
Derrière ces déclarations se cache une anxiété unique et inexprimée : la crainte d’un soulèvement national. Dans un pays qui a connu de multiples manifestations nationales ces dernières années, les responsables du régime eux-mêmes s’adressent désormais à la haute direction sur un ton d’avertissement. Des termes tels que « rappels sérieux », « surveillance » ou « réforme du taux de change » sont des alarmes déguisées dirigées vers le cœur même du pouvoir.
L’effondrement du pouvoir d’achat, la chute libre du rial et la flambée de 200 % des prix des denrées alimentaires de base ont transformé les indicateurs économiques en signes avant-coureurs d’une rupture sociale imminente. Les retraités, les villageois et les travailleurs ne peuvent plus se permettre de vivre décemment, poussant le tissu social au bord de l’explosion.
Un système irréparable
Les sessions parlementaires d’octobre, loin d’être des débats économiques, ont été des scènes de panique, reflets d’un régime qui sent ses fondements s’effondrer. Même ses figures les plus fidèles craignent désormais la colère de la majorité démunie.
Les discours des législateurs n’étaient pas des protestations contre la pauvreté, mais des aveux que le régime clérical ne parvient plus à rétablir la stabilité économique et sociale. La flambée du coût de la vie n’est pas seulement le symptôme d’un échec économique, c’est la manifestation visible d’un effondrement plus profond : une crise de légitimité et de survie pour un régime que le peuple iranien rejette depuis longtemps.

