Dans le dernier chapitre de la saga de corruption en cours en Iran, les révélations de milliards de dollars de subventions aux médicaments manquantes ont intensifié l’indignation du public, soulignant la fraude systémique qui imprègne le régime clérical. Le 11 janvier 2025, le président du régime iranien, Masoud Pezeshkian, a admis : « Une partie de l’argent alloué aux subventions aux médicaments disparaît tout simplement ». Ses propos semblaient détourner les responsabilités tout en exposant l’incapacité – ou la réticence – du gouvernement à s’attaquer à la crise. Cet aveu intervient dans un contexte de hausse de 200 à 400 % des prix des médicaments. Les médicaments essentiels étant soit rares, soit vendus à des prix exorbitants, ce qui plonge des millions d’Iraniens dans le désespoir.
Ce n’est pas la première fois que Pezeshkian reconnaît des échecs de gouvernance aussi flagrants. Quelques semaines plus tôt, le 18 décembre 2024, il avait abordé un autre problème alarmant : la disparition de 20 millions de litres de carburant chaque jour. « Comment se fait-il que 20 millions de litres de carburant disparaissent chaque jour ? », a-t-il demandé lors d’une visite imprévue à l’Organisation du budget et de la planification. « Je dois être totalement incompétent si je ne peux pas superviser cela. » Bien que ses remarques aient un ton sarcastique, elles ont mis en évidence l’ampleur stupéfiante de la corruption et l’incapacité systémique du régime à maintenir une surveillance.
Le scandale du vol de carburant met en lumière les vastes réseaux criminels opérant sous la surveillance du régime. Dans la province d’Hormozgan, les autorités ont découvert un pipeline clandestin de deux kilomètres qui siphonnait 70 000 litres de carburant d’aviation par jour pendant des années. « La valeur du pipeline illégal à lui seul est d’environ quatre milliards de tomans », a admis un responsable judiciaire local, sans toutefois expliquer comment un vol d’une telle ampleur a pu échapper à la détection pendant si longtemps. Parallèlement, des rapports de vols de pétrole dans des pipelines près de Téhéran et d’autres régions continuent de faire surface, dressant le sombre tableau d’un pillage généralisé des ressources.
Le problème des fonds manquants ne se limite pas au carburant et aux médicaments. Dans le secteur pétrochimique iranien, des écarts de 9,3 milliards de dollars entre les chiffres des douanes et les rapports de l’industrie ont soulevé de sérieuses questions. Les autorités douanières ont déclaré 19,7 milliards de dollars d’exportations au cours des neuf premiers mois de l’année, mais les initiés du secteur affirment que le chiffre réel est plus proche de 10,4 milliards de dollars. « L’écart – 26,8 millions de tonnes de produits d’une valeur de 9,3 milliards de dollars – doit être expliqué », a déclaré Fereydoun Asgari, un dirigeant du secteur pétrochimique. Les critiques soupçonnent que ces écarts résultent de fausses déclarations et de l’exploitation des codes commerciaux, avec des sommes considérables détournées pour enrichir les élites du régime.
De tels scandales sont symptomatiques de la culture de corruption profondément ancrée en Iran, où des structures de pouvoir irresponsables comme le Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC) dominent des secteurs clés de l’économie. L’implication du CGRI dans le carburant, les exportations et les infrastructures lui a permis d’amasser des richesses tout en détournant les ressources publiques pour ses objectifs militaires et politiques. Le contrôle du guide suprême Ali Khamenei sur de vastes empires économiques renforce encore davantage ce système d’exploitation.
Les remarques de Pezeshkian, loin de signaler une réforme, semblent faire partie d’une stratégie plus large visant à rejeter la faute sur les autres et à esquiver les responsabilités. Son ton sarcastique – « Je dois être totalement incompétent » – sonne creux lorsqu’on le compare à des décennies de corruption et de mauvaise gestion dont lui et d’autres responsables du régime ont été complices. Les critiques soutiennent que de telles déclarations sont soigneusement élaborées pour apaiser l’indignation du public sans s’attaquer aux causes profondes de la corruption.
De la disparition des subventions aux carburants et aux médicaments aux milliards de dollars de revenus pétrochimiques non comptabilisés, les échecs du régime exacerbent les difficultés quotidiennes des Iraniens ordinaires. L’inflation a érodé le pouvoir d’achat, les biens essentiels sont de plus en plus inabordables et les services publics se détériorent. Alors que Transparency International classe systématiquement l’Iran parmi les pays les plus corrompus au monde, l’ampleur et l’audace de ces scandales distinguent le régime.
Dans un rare moment de franchise, Pezeshkian a résumé l’approche du régime : « Dans un monde où tout est surveillé, comment 20 millions de litres de carburant disparaissent-ils chaque jour ? C’est notre « art ». » Cet « art » de la corruption, du détournement de fonds et de la mauvaise gestion continue de définir le régime clérical, érodant la confiance à la fois au niveau national et international. Pour le peuple iranien, les conséquences de ces échecs systémiques sont désastreuses, car le régime privilégie l’auto-préservation au détriment de son bien-être.